Senior météo

Par Mimi Legault

CHRONIQUE

Je suis toujours étonnée de voir à quel point la météo décide pour vous de votre humeur. Pas vous, bien sûr… Je parle de l’autre, du voisin ou du cousin, qui devient aussi belliqueux que dame Nature lorsqu’elle se met à pleurer deux-trois jours de suite.

Tout est relatif : deux jours de pluie vous rendent plus morose, mais deux mois sans pluie durant l’été équivalent à des sécheresses et à des feux de forêts, entre autres. Jamais content, le râleur nous dira que le printemps est trop pluvieux, l’automne aussi, que l’été est trop court et l’hiver trop long. Va vivre en Floride, mon bonhomme !

Prenons-les un par un : le printemps, cette flaque d’eau… J’aime bien tendre ma joue à la caresse salée d’un petit vent printanier. Si j’ai vu et senti des mois de mai lumineux et parfumés, nous avons aussi vécu cette année un mois de mai rempli de nuages qui se suivaient pare-chocs à pare-chocs… qui fleuraient la giboulée et même la grêle. Le mois de mai s’est pris pour novembre.

L’été : ah l’été… le recevoir comme un cadeau. L’été, ce vent léger qui soulève le rideau de ma chambre. Il n’y a qu’à se laisser aller. Le soleil qui me caresse le corps, mais qui ne va jamais plus loin… L’été, les mouches, les maringouins, l’humidité à 97 %, la crème 60 qui nous tartine en entier. Selon MétéoMédia, on annonce un été avec des orages forts, des vents violents, de la grêle et des tornades. C’est à peu près tout… Il y a toujours du pour et du contre. L’été est la période de l’année où il fait trop chaud pour faire des choses qu’on ne faisait pas l’hiver à cause du froid. On est d’même !

Fallait bien que je le nomme : l’hiver… Ce mal-aimé. Ce laissé pour compte. Qu’il se console, je l’aime bien celui-là. À du moins 30, c’est sûr que le thermomètre a le moral bien bas, c’est frisquet un brin. La plus économique des stations d’hiver, la plus agréable à bien des égards, c’est le coin du feu. Pendant qu’il en est encore temps… Le VTT m’a permise au chalet de vivre l’hiver comme un poète. Un jour où le soleil brillait par sa présence, où le ciel était bleu de froid, j’ai vécu le nirvana…Même qu’au crépuscule, le soleil s’était glissé pour se chauffer devant le foyer.

Bon c’est vrai : avez-vous remarqué que le chasse-neige du village passe tout de suite après que le déneigeur ait déblayé votre entrée ? À part de ça, s’il n’y avait plus d’hiver, le printemps ne serait pas si agréable. Une anecdote : l’une de mes amies enseigne la littérature à l’université. Elle m’a raconté qu’elle avait un étudiant nigérien qui, ravi de voir la neige pour la première fois, avait décidé d’écrire un poème à la gloire de la neige. Le lendemain, il neigeait encore. Il dut s’acheter une paire de bottes, ce qui ne l’avait pas empêché de glisser et de tomber. Quelques jours plus tard, après une autre bordée de neige il avoua à mon amie : j’ai déchiré mon poème.

Et le p’tit dernier, l’automne. Le bruit des feuilles qui bavardent entre elles et les hautes herbes comme empesées par un premier frimas. Je sais, je sais, il y a aussi le crû qui s’installe, le froid qui commence à pincer, la noirceur qui s’invite plus tôt. Au chalet, le voisin disait que la « noirté » arrivait ! Admettez que nos montagnes automnales et colorées attirent des centaines de touristes dans nos belles Laurentides. Le problème, c’est lorsque l’automne agonise, et qu’il laisse désormais un goût amer de tisane froide. Tout ce qu’il a à nous offrir est un soleil blanc de novembre.

Mais mais mais qu’à cela ne tienne, l’été est à nos portes ! On ne vivra que le moment présent à se chauffer la couenne. À recevoir les amis à l’extérieur. L’été sentira bon… le propane. Les terrasses seront bondées, les fleurs s’ouvriront, le jardin abondera. Les plages déborderont d’humains qui aiment s’entasser les uns par-dessus les autres.

Conclusion ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, au Québec, nous avons deux saisons : l’hiver et le mois de juillet. Consolons-nous parce qu’en Russie, le mercure se cachera en bas du thermomètre, qu’il fera cet hiver des moins 35 degrés… ou de force. Bon été !

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