Les organismes communautaires : Un filet social compromis

Par Marie-Catherine Goudreau

Dans un rapport publié la semaine dernière par le Conseil régional de développement social des Laurentides (CRDSL), les constats sont les mêmes pour la plupart des organismes communautaires : pertes de revenus, épuisement du personnel, augmentation des besoins, mais aussi, grande capacité d’adaptation. Le sondage réalisé à l’automne 2020 illustre les impacts de la première vague de la pandémie sur le milieu.

Selon Benoit Larocque, coordonnateur au Regroupement des organismes communautaires des Laurentides, un des impacts les plus importants est la perte d’un milieu de vie. « Du jour au lendemain, il n’y avait plus de rencontres. Ç’a été difficile pour eux. Ces personnes ne viennent pas seulement chercher de l’aide alimentaire, ils en profitent pour se retrouver avec d’autres », illustre-t-il.

Perte de revenus

Violaine Guérin est coordonnatrice pour le CRDSL. Elle explique que la perte de revenu est une des plus grandes conséquences de la première vague. « Dans un milieu où il y a déjà une précarité financière, la pandémie a inévitablement affecté la situation monétaire des organismes. Il n’y avait plus la possibilité de faire des soirées d’autofinancement ou des soupers. » D’autant plus que les organismes font face à certains obstacles lorsqu’il est question de soutien financier par les gouvernements fédéral et provincial. « Bien des organismes se sont découragés par les formulaires, les conditions, les délais des demandes de soutien », ajoute M. Larocque.

Benoit Larocque est coordonnateur au Regroupement des organismes communautaires des Laurentides. Photo : Courtoisie

Ne pouvant plus soutenir financièrement les activités de l’organisme, plusieurs ont dû diminuer leurs dépenses, réduisant ainsi leurs services. Pourtant, les besoins de la population se faisaient de plus en plus croissants. « En aide alimentaire, les besoins ont explosé et certains avaient de la difficulté à avoir des denrées », soutient M. Larocque.

Par ailleurs, le Souper-bénéfice François Marcil, qui a habituellement lieu au restaurant Gibby’s à Saint-Sauveur, a dû être annulé. Cet évènement permet d’amasser des fonds chaque année pour les organismes de la région. L’année dernière, plus de 150 000$ avaient été remis au Garde-Manger des Pays-d’en-Haut, à la Maison des Jeunes de Saint-Sauveur, à la Société canadienne du cancer et à des maisons de soins palliatifs. « Nous avons tout de même réussi à amasser 40 000$ cette année. Nous avons continué de demander des dons et nous avons donné des certificats cadeaux », explique François Marcil.

Main-d’œuvre

Violaine Guérin est coordonnatrice pour le Conseil régional de développement social des Laurentides. Photo : Courtoisie

Selon Mme Guérin, la difficulté de recrutement de bénévoles a également pesé sur les organismes. « Un des effets pervers de la pandémie a été la PCU. Beaucoup se sont tournés vers cette source de revenus, plutôt que de revenir travailler. Il faut savoir aussi que les salaires ne sont pas très élevés dans le milieu. » D’autant plus que les aînés, qui représentent une grande partie des bénévoles, ne pouvaient plus travailler puisqu’ils étaient des personnes à risque.

Ce manque de main-d’œuvre, ajouté à l’augmentation des besoins de la population, a contribué à l’épuisement des équipes. « Avec le rapport, on constate une grande fatigue chez les intervenants. La charge de travail augmente et les interventions sont plus complexes avec la distanciation », déplore Mme Guérin. D’ailleurs, une étude de l’UQAM démontre que « près de 30 % des troupes affirment vivre de l’épuisement, une augmentation de 9 % depuis le début de la pandémie ».

Le sondage démontre toutefois la grande capacité d’adaptation des organismes communautaires. « La pandémie a mis en lumière l’importance de ces services dans la communauté. Malgré les difficultés, les organismes ont su adapter leur offre pour maintenir leur soutien à la clientèle. Ils sont un service essentiel et complémentaire avec le service de Santé. »

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