Noémie Lanthier revient de loin
Par France Poirier
Lorsqu’elle a repris ses cours après une longue pause pour traiter un cancer du cerveau, Noémie était anxieuse de retourner à l’université avec une autre cohorte que la sienne. Le crâne dégarni, elle craignait le regard des autres.
« J’ai été accueillie par tout le monde avec une grande ouverture quand j’ai repris les cours. Beaucoup de gens ont douté que je réussisse parce que j’étais vraiment malade, mais j’ai réussi et ce mois-ci, je termine ma deuxième année du baccalauréat en enseignement scolaire et adaptation scolaire », raconte fièrement Noémie Lanthier.
Quand la vie bascule
Alors que la vie lui souriait, qu’elle avait l’avenir devant elle, Noémie était étudiante en enseignement scolaire et adaptation scolaire au campus de Saint-Jérôme de l’UQO. En mai 2020, elle ne faisait pas face seulement à la pandémie, elle apprend qu’elle est atteinte d’une forme rare d’un cancer du cerveau très agressif.
Tout a commencé par de graves maux de tête et du cou qui lui causaient des étourdissements et des vomissements inhabituels. Après plusieurs démarches dans les hôpitaux, croyant d’abord à des migraines, le diagnostic est tombé. Noémie avait une tumeur de plus de 5 centimètres au cervelet. On l’a opéré la journée même.
« Ç’a été très difficile pour toute la famille, mais on a fait ça en équipe », souligne sa mère Stéphanie Therrien. Elle dormait 20 heures par jour. Seulement d’ouvrir les yeux, se lever, bouger ou manger étaient des efforts surhumains. Son corps se préparait à tomber dans un coma qui risquait de la mener à la mort.
La tumeur a été retirée à 100 % sans révéler des séquelles à aucun de ses sens, mais il restait à analyser la pathologie. Dix jours après le retrait de la tumeur, le verdict tombe : la tumeur est maligne.
Rêve d’avoir des enfants et d’être enseignante
En attente du résultat, on lui avait conseillé d’aller en clinique de fertilité pour prélever des ovules, parce que si elle devait avoir des traitements de chimiothérapie, ça pouvait la rendre infertile. En plus de vivre avec le stress de la maladie, elle devait, à 19 ans, se projeter dans l’avenir en prévision un jour de devenir maman, rêve qu’elle caresse tout comme celui de décrocher son baccalauréat en enseignement.
Dès sa sortie de l’hôpital, elle suit un cours de français afin de mettre à l’épreuve sa mémoire et fait son inscription pour le Tecfée (Test de certification en français écrit pour l’enseignement). « J’ai réussi, alors je me suis dit, je suis toujours capable, je n’ai pas perdu mes capacités », raconte fièrement la jeune femme. « Nous sommes tellement fiers d’elle et c’est pour ça que je voulais lui rendre hommage en quelque sorte », souligne sa maman.
C’est le 23 mai 2020 que le médecin du CHUM annonce à Noémie et ses parents que sa tumeur était cancéreuse. C’est à ce moment que le CHU Sainte-Justine a pris le relai, puisque la forme de cancer était connue chez les enfants. Les spécialistes lui ont proposé un projet de recherche qui pourrait grandement l’aider.
Quelques semaines plus tard, un hôpital spécialisé de Memphis aux États-Unis a proposé des traitements de protonthérapie, qui se comparent à la radiothérapie, mais ceux-ci arrêtent le rayon à l’endroit même où le patient doit être traité.
« Ç’a été deux longs mois, mon père était avec moi, mais je m’estime chanceuse puisque seulement 20 personnes au Canada par année ont accès à des traitements à l’extérieur du pays », ajoute avec le sourire Noémie. « Moi j’étais en télétravail, donc j’ai pu passer tout mon temps avec elle là-bas. On a fait ça ensemble », souligne son père Dominique Lanthier. À son retour, elle a repris le programme de chimiothérapie à Sainte-Justine pour les six mois suivants avec des hospitalisations chaque semaine.
Du plaisir avec les jeunes
À la suite de toutes ses épreuves de santé, à la fin du mois d’avril 2022, Noémie aura réussi à terminer sa deuxième année de baccalauréat à temps complet avec 5 cours par trimestre. De plus, elle a commencé ses stages à l’école et raconte sur sa page Facebook avec beaucoup d’humour la réaction des jeunes lorsqu’ils la rencontrent.
À un petit de la maternelle qu’elle a croisé à la bibliothèque et qui lui demande : « Pourquoi vous n’avez pas plus de cheveux ? » Elle répond : « J’ai été malade et j’ai dû prendre des médicaments qui ont fait tomber mes cheveux. Il me demande ensuite pourquoi j’ai une bosse sur la tête (ma cicatrice). Je lui dis donc que j’étais tellement intelligente, qu’on a dû m’enlever des idées. Ce quoi à quoi il a répondu : « Madame, est-ce que ça veut dire que vous n’avez plus d’idée ? » », relate-t-elle avec des émoticônes souriants.