St-Francis-of-the-Birds à l’affût des pelles mécaniques

Par nathalie-deraspe

À moins d’un revirement majeur de situation, le centre communautaire anglican St-Francis-of-the-Birds croulera sous le poids des pelles. Avec cette disparition, il y a lieu de relancer le débat quant à l’avenir du patrimoine laurentien. Peut-on conjuguer histoire et développement?
«Malgré cet attachement du milieu pour le lieu, personne ne semble pouvoir sauver ce bâtiment, déclare Mélanie Gosselin, du Conseil de la culture des Laurentides. Et tout comme la Ferme Molson, il n’y a rien à faire du point de vue patrimonial. Dans les deux cas, les bâtisses n’avaient pas de valeur en ce sens. Cela dit, rien n’empêche les gens de Saint-Sauveur de sauver un morceau de leur histoire. Tôt ou tard, la région devra se trouver un identité malgré la pression du développement sur le paysage.»

Au-delà de la politique culturelle mise de l’avant par la MRC des Pays-d’en-Haut et le plan d’action qui y est rattaché, les élus ont tout intérêt à développer une vision d’ensemble au même titre que pour la préservation de l’environnement, soutient Mme Gosselin. Jusqu’à présent, seules quelques manœuvres ponctuelles de propriétaires férus d’histoire se sont montrés suffisamment intéressés pour mettre l’énergie nécessaire à la sauvegarde du patrimoine résidentiel de la région. «Même les nouveaux arrivants d’il y a cinq ou six ans remarquent les changements apportés au paysage», confie Mélanie Gosselin.

Lueur d’espoir

Selon le maire Michel Lagacé, il n’y a pas lieu de jeter l’éponge. Malgré le fait que le bâtiment ait été vendu au Manoir Saint-Sauveur depuis le printemps dernier en vue d’en faire un stationnement, rien selon lui, ne laisse présager que le centre sera démoli: «C’est normal qu’il n’y ait pas eu de développements, c’était l’été. Il y a toujours des gens sur le dossier en train d’évaluer s’ils vont organiser une levée de fonds ou abandonner le projet. Tout est une question de coûts», assure le maire.

L’homme d’affaires Charles Huot fait partie du comité restreint qui tente de sauvegarder le bâtiment cinquantenaire. «Il y aurait plus de positionnement s’il s’agissait de protéger la chapelle, dit-il. Mais cette bâtisse est l’une des dernières constructions de l’architecte Victor Nymark. Tout le reste a brûlé.»

Faudrait-il inviter la population à une corvée collective, inciter les gens du Festival des Arts ou ceux de la Société d’histoire des Pays-d’en-Haut à intervenir? Qu’en est-il de Mont-Saint-Sauveur?, questionne M. Huot: «La maison Thibodeau a été longtemps à vendre, souligne-t-il. La Ferme Molson aurait dû être sauvée dans les années ’90, mais rien n’a été fait. On n’a pas de structure prête à chercher s’il y a des programmes de subventions ou des fondations intéressées à soutenir le projet. Si un tel organisme existe, il est trop silencieux.»
«On a besoin de se faire une image de notre territoire et cette image passe par notre histoire», soutient la directrice du CCL, Carole Maillé. À l’automne, le conseil offrira justement une formation à l’intention des élus et du personnel impliqué dans les dossiers ayant trait au patrimoine. «Pour l’instant, il y a beaucoup de méconnaissance. Mais le tourisme culturel est un excellent incitatif pour préserver notre patrimoine bâti», rappelle-t-elle.

St-Francis-of-the-Birds: l’insoutenable légèreté de l’être

Avant que le coq n’ait chanté…

Cet extrait d’un texte d’Eric-Olivier Dallard a été publié à la fin de l’an dernier, dans Accès, chronique Altitude.

Combien de nos morts déterrera-t-on demain de nos cimetières pour ériger des «centres commerciaux», ces nouvelles églises, où nous irons, la conscience légère et le porte-feuille alourdi serré contre nous dans la poche-révolver de nos vestons – à la place exacte du cœur, juste par-dessus lui – pour faire tourner l’Économie?

C’est Noël, tu devrais pleurer sur tes petites lâchetés, peuple laurentien; et je le devrais moi aussi. Sans avoir vraiment le «sourire carnassier», disons que tu sembles passer bien vite ton tour sur quelques combats, qui portant m’apparaissent essentiels. J’ai été fasciné des mobilisations citoyennes sur certains dossiers: Parc des falaises, Cascadelles, environnement (milieux humides, algue bleue…), Chatel Vienna, etc… Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, qu’Accès leur a offert une bonne visibilité (à ces dossiers, à vos combats) et, ce faisant, a contribué à vos luttes; la plupart, par la suite, ont été gagnées ou le seront bientôt.

Cela fait plusieurs semaines que l’annonce est faite de la vente de deux bâtiments de la congrégation Saint-Francis-of-the-Birds au Manoir Saint-Sauveur. De quoi a-t-on parlé dans les médias (et les chaumières, je suppose)? De l’imbroglio entre deux acheteurs potentiels, du mensonge allégué d’agents immobiliers à leur client… Tout a été discuté, sauf la substance de l’affaire, l’essentiel, qui n’a jamais été remis en question: une partie d’un lieu de culte chrétien, la seule église anglicane du territoire laurentien, est passé à une entreprise qui souhaite le raser pour y construire un… stationnement! Le vrai débat, il devrait bien être là, je me trompe? Et vous, vous êtes où? Trop occupés à vos listes de cadeaux? Le service de «lutins», mis sur pied par Sears afin de faciliter vos achats, ne vous permet-il pas de libérer quelques heures à vos agendas de gens importants? Où est la mobilisation, le regroupement, qui auraient dû naître dès l’annonce de la mise en vente? L’on est en train de brader votre Mémoire et votre Histoire, bordel!

Un peu d’Histoire…

Le centre communautaire St-Francis-of-the-Birds a été construit dans les mêmes années que la petite chapelle adjacente (1951) et appartenait à une communauté religieuse anglicane. Au printemps dernier, celle-ci a décidé de se défaire du bâtiment vétuste au profit du Manoir Saint-Sauveur, qui entend utiliser le terrain pour en faire un espace de stationnement. L’avenir du bâtiment est toujours en suspens.

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