Tourisme: L’incivilité est difficile à encadrer
L’été et ses chaudes journées amènent leur lot de touristes dans la région. Cependant, certains manquent de civisme, déplorent des résidents. Les élus municipaux connaissent le problème, mais il peut être bien difficile à encadrer, admettent-ils.
Lors du dernier conseil municipal de Sainte-Adèle, plusieurs citoyens se sont plaints auprès de la mairesse, Michèle Lalonde, de visiteurs effrontés. Plaisanciers qui ne lavent pas leur embarcation, feux de camp non-autorisés, baigneurs irrespectueux ou stationnés en double file, cannettes de bière laissées derrière ou englouties dans le lac : les critiques étaient nombreuses.
« Ce n’est pas la majorité. C’est peut-être 1 ou 2 % des gens, mais c’est ceux-là que les gens retiennent », nuance la mairesse en entrevue. « Malheureusement, on ne peut pas faire de règlement contre les imbéciles », avait-elle déploré avec humour durant la séance du conseil.
Trop de lacs à surveiller
Selon la mairesse, il est irréaliste de surveiller en permanence les nombreux lacs sur le territoire de Sainte-Adèle, surtout avec la pénurie de main-d’œuvre. « Des citoyens nous disent qu’on devrait engager des étudiants. Mais des étudiants, on n’est même pas capables d’en trouver pour le Service des loisirs. C’est une denrée rare. »
Mme Lalonde dit tout de même chercher des solutions, en particulier pour protéger les lacs des plantes exotiques envahissantes. « Les agents de sécurité sont avertis. Ils font la tournée des lacs. On a mis de l’affichage pour sensibiliser les gens. » Elle ajoute qu’une station de lavage a été installée au lac Rond. « L’année prochaine, on veut installer une station de lavage à l’eau dans un endroit central, peut-être la Place des citoyens. »
Cependant, la mairesse admet que les options sont limitées. « Les lacs, c’est toujours compliqué. » Elle rappelle que la navigation des lacs est de juridiction fédérale. La Ville ne peut donc pas limiter le nombre ou le type d’embarcations dans ses lacs.
De toute façon, Mme Lalonde croit fermement qu’il s’agit d’une richesse collective, qui doit demeurer accessible. « Les lacs appartiennent à tous les Québécois », insiste-elle.
Réduire le bruit excessif
Quant à elle, la Municipalité de Morin-Heights a lancé une campagne de sensibilisation contre le bruit excessif : On aime s’entendre avec tout le monde. Durant l’été, autos, motos et camions sont beaucoup plus nombreux à traverser le cœur du village, qu’ils viennent de la route 364 ou de la 329. Et ils font beaucoup de bruit, déplore le maire, Tim Watchorn.
La première phase de la campagne vise donc à sensibiliser les usagers de la route. Réduire la vitesse, accélérer plus doucement, ne pas faire rugir son moteur : l’objectif est de réduire le bruit excessif et son impact sur la santé physique et mentale des résidents. « Les gens locaux ont droit à leur quiétude », insiste le maire.
« La prochaine étape sera d’installer un sonomètre. » Comme les afficheurs de vitesse, le sonomètre mesurera le bruit que vous faites. « Si vous êtes trop bruyant, il vous dira de lâcher le gaz un peu », illustre M. Watchorn.
Sensibiliser, est-ce assez?
Est-il vraiment possible de changer les habitudes des conducteurs qui passent par Morin-Heights? « Je pense que oui. Je pense qu’il faut essayer, en étant proactif, gentil et accueillant. On est capable d’utiliser le bon sens des gens », croit M. Watchorn.
Mme Lalonde abonde dans le même sens. C’est pourquoi elle souhaite ajouter davantage d’affiches, pour sensibiliser les gens et les encourager à respecter les résidents et les règles. « Aussi, ça permettrait aux résidents de dire aux gens : « Regardez, il y a une affiche qui l’interdit. » »
« Le tourisme est important, mais nos résidents aussi. Eux sont là toute l’année. Il faut trouver un équilibre, mais on ne veut pas devenir comme Saint-Sauveur ou Mont-Tremblant. Les gens viennent et profitent de la nature, mais on est là d’abord pour le bien-être de nos résidents », conclut Mme Lalonde.