(Photo : Archives)

Saint-Sauveur : Un projet de salle de spectacle en péril?

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

En avril 2021, la Ville de Saint-Sauveur et le Festival des arts de Saint-Sauveur (FASS) ont signé une entente. La Ville cèdera un terrain au FASS derrière le chalet Pauline-Vanier, au centre du village, pour qu’il construise, à ses frais, une salle de spectacle. Le FASS cèdera ensuite gratuitement la salle à la Ville. Mais des membres du nouveau conseil municipal veulent changer son emplacement. Cela pourrait mettre en péril tout le projet, s’inquiètent des citoyens.

« J’aimerais savoir ce qu’il advient de la salle de spectacle dans le centre du village? », a demandé une citoyenne au maire suppléant, Luc Martel, lors de la séance du conseil du 19 septembre. M. Martel est chef intérimaire du Parti sauverois, dont les membres sont majoritaires au conseil municipal.

« Nous sommes présentement en discussion avec le festival des arts, pour essayer de trouver un autre terrain, ailleurs que là où c’est proposé. […] On trouve que l’emplacement n’est pas idéal », a répondu M. Martel. Il a évoqué les coûts « importants » associés au déplacement des courts de tennis et au parc pour enfants qui se trouvent sur le terrain.

La conseillère Caroline Vinet, de l’équipe du maire Jacques Gariépy, a rappelé M. Martel à l’ordre. « La question, selon à qui elle est posée, ce n’est pas le conseil qui a cette position. » « Excusez-moi. C’est mon point de vue », a reconnu M. Martel.

Abandonner ou construire ailleurs?

« La Ville nous a mandatés pour étudier ce site-là. Et elle s’est engagée à nous donner le site pour bâtir », insiste Etienne Lavigne, directeur général du FASS, en entrevue téléphonique. M. Lavigne est ouvert à discuter avec le conseil municipal, dit-il, mais le site promis est le meilleur, sinon le seul, où la salle de spectacle peut être construite, répète-il.

« Le chalet Pauline-Vanier va être augmenté. Il aura une valeur exponentielle. » En plus d’une salle de 600 sièges, l’endroit sera aussi un centre culturel et artistique, explique- t-il. Le FASS l’utilisera environ deux semaines par année, et le reste du temps, il bénéficiera au reste de la communauté.

« Les 50 autres semaines, il pourra y avoir des spectacles d’humour, de musique, de théâtre, de danse, toutes les fins de semaine. Je pense aussi aux écoles, à côté. C’est un cadeau incroyable pour Saint-Sauveur », précise M. Lavigne.

Les coûts sont évalués à 15 M$, mais la construction sera financée par une levée de fonds.

« Il y a déjà des dons généreux qui ont été faits. Nous avons discuté avec des gens qui sont prêts à faire un legs financier pour aider le projet », confiait M. Lavigne en février dernier.

Le FASS a déjà investi temps et argent pour développer le site près du chalet Pauline- Vanier.

Lors de la séance du conseil municipal, des citoyens s’inquiétaient que le FASS abandonne le projet, ou le fasse dans une autre ville, s’il ne parvient pas à s’entendre avec la Ville sur l’emplacement.

« Nous, ça fait 4 ans qu’on travaille là-dessus, à la demande de la Ville. On est impliqués, investis », souligne M. Lavigne en entrevue. Il espère que le conseil municipal respectera le protocole d’entente signé avec le FASS l’année dernière.

Un grand besoin

Tous semblent convenir qu’il y a un besoin pour un tel centre culturel. « On a reçu une lettre de soutien avec environ 400 signatures, d’à peu près tous les commerces, et de plusieurs résidents », souligne M. Lavigne. « Ça fait 20 ans qu’on en parle. »

En juin, le conseil des maires de la MRC des Pays-d’en-Haut a d’ailleurs adopté à l’unanimité une résolution de soutien au projet.

« Je travaille sur la salle depuis 9 ans, depuis que je suis maire », insiste M. Gariépy en entrevue téléphonique.

« J’y tiens absolument. Je pense que c’est une nécessité. Surtout que le FASS accepte d’en payer la totalité! Ce n’est pas rien. »

Bien qu’il soit d’accord, M. Martel apporte une nuance. « Je suis musicien. Je trouve que c’est une très bonne idée, une salle de spectacle à Saint-Sauveur. Mais il faut qu’elle soit bien située. » Il s’inquiète des coûts associés, du trafic accru au centre du village, mais aussi que ce soit la Ville qui en assume la gestion une fois construite. « J’ai des gens autour de moi dans le domaine du spectacle. Et c’est difficile à rentabiliser. […] On n’a pas d’expertise. »

Référendum?

« Si on faisait une consultation publique, je suis persuadé que l’ensemble de la population serait d’accord, si ça ne coûte pas un sou à bâtir », croit M. Gariépy. Il convient qu’il y aura des coûts collatéraux pour le déplacement du parc pour enfants et des courts de tennis. Toutefois, il était déjà question de les déplacer à moyen terme, précise-t-il.

M. Martel croit plutôt que la population est de son côté. « Est-ce que les citoyens de Saint-Sauveur, c’est ça qu’ils veulent avoir? Je ne suis pas sûr. »

Lors du conseil municipal, plusieurs citoyens, certains en faveur de l’emplacement et d’autres contre, ont manifesté leur désir de tenir un référendum sur la question.

1 commentaire

  1. Un avis juridique en rapport avec le protocole signé entre la municipalité et FASS viendra nous donner un éclairage. Le protocole est un document public et il en va de l’intérêt des citoyens de prendre connaissance du dit document.

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