Un service de garde chez les aînés
Par Luc Robert
Les travailleurs et travailleuses de la maison Wilfrid-Grignon, à Sainte-Adèle, bénéficient depuis lundi dernier d’un projet pilote de service de garde en milieu de travail, qui sera évalué pendant une durée de trois ans.
Il s’agit d’une initiative gouvernementale qui aidera, par exemple, certaines nouvelles mères de famille à pouvoir venir travailler avec les personnes âgées sur place. Pendant qu’elles travaillent, leur enfant sera pris en charge par deux éducatrices expérimentées, dans un local spécialement aménagé à même l’établissement.
« Le ministère de la Famille a permis l’ouverture de la réglementation, autorisant l’aménagement de locaux de services de garde à l’extérieur des milieux familiaux, dans la communauté. À l’aide de deux éducatrices spécialisées, une douzaine de places sont dédiées ici aux enfants du personnel. Dans un contexte où les places se font rares dans les CPE des Pays-d’en-Haut, cela permet aux jeunes d’évoluer, alors que les parents peuvent travailler l’esprit en paix », a détaillé Mme Christine Brodeur, directrice-adjointe du bureau coordonnateur, au centre de la petite enfance Main dans la Main.
Le projet pilote pourrait s’étendre à d’autres milieux et permettre à des gens aux compétences diverses de rester sur le marché du travail, plutôt que devoir s’occuper de leur enfant à la maison.
« D’autres entreprises privées peuvent s’informer du projet pilote. Ça peut aussi s’étendre au milieu public : le Centre de services scolaire des Laurentides et les Municipalités pensent peut-être fournir un ou des locaux pour offrir le même service. En plus d’aider les familles, cela représente un impact économique positif. Le besoin est là, on espère que le projet sera maintenu au-delà des trois ans. Des personnes en pleurs sont déjà venues me rencontrer, en soulignant qu’après une naissance, elles craignent de perdre leur maison si un seul salaire subsiste au foyer. On a ici l’occasion de faire une pierre deux coups et de garder les gens au travail », a-t-elle ajouté.
« En plus d’aider les familles, cela représente un impact économique positif. » – Christine Brodeur
Bonheur des ainés
Après 32 ans dans le milieu du service de garde, Mme Sylvie Corriveau a approché la Maison Wilfrid-Grignon, dès qu’elle a entendu parler du projet pilote.
« On était venus chanter à Noël, il y a trois ans, et les personnes âgées avaient adoré l’expérience. Quand le projet pilote est venu à mes oreilles, j’ai immédiatement approché Johana Alvarez, directrice de site à la Maison Wilfrid-Grignon, pour lui présenter mon idée, qu’elle a moussée à son patron, alors que Mme Brodeur a entamé les démarches avec Québec. On prévoit déjà des activités avec les aînés, à l’Halloween et aux Fêtes, soit des animations et des casse-têtes. Toutes les pièces tombent au bon endroit », a évalué Mme Corriveau.
Cette dernière a sauté dans l’aventure avec du personnel qualifié.
« On a notre cuisinière et il y a une infirmière à la Maison. Le local a été spécialement aménagé avec une toilette, un parc extérieur et des matelas-lits escamotables séparés. Le printemps prochain, une porte extérieure sera aussi ajoutée au local », a précisé celle qui aura comme partenaire principale l’éducatrice jérômienne Josée Laporte, alors que Denise Ménard agira comme remplaçante à l’occasion.
Exporter l’idée
« On espère que le projet pilote aidera à la rétention des employés, tout en ayant un effet positif sur les jeunes et leurs parents employés. D’ailleurs, au moins la moitié des 12 places octroyées au service de garde iront à nos salariés. Dans leur contrat, chaque employé aura une place réservée pendant trois mois pour leur enfant ici », a détaillé M. Paul Arbec, président-directeur-général du groupe Santé Arbec, propriétaire de la ressource intermédiaire de Sainte-Adèle.
Le projet pilote du service de garde Les précieux amis pourrait même faire des petits ailleurs.
« Cela faisait depuis 2012 que je jonglais avec l’idée d’intégrer un service de garde dans nos murs. Le concept est tellement positif que j’entends exporter le même genre de projet à nos résidences de Rawdon et de Terrebonne. Je salue le dynamisme de Sylvie, qui a cru mordicus au projet à Sainte-Adèle. Des gens comme elle et Johana font avancer la société », a-t-il repris.
Modèle à étudier
Pour sa part, la mairesse de Sainte-Adèle, Mme Michèle Lalonde, s’est dit impressionnée par la mise en place de cette initiative en milieu privé.
« Je trouve qu’il s’agit d’un intéressant concept. J’inviterai les initiateurs de ce service de garde à rencontrer les membres du conseil municipal, pour élaborer sur son fonctionnement. Le logement et les garderies sont deux préoccupations de notre conseil. Ils sont reliés au développement économique de Sainte-Adèle et de la région. »
La Maison Wilfrid-Grignon est une ressource intermédiaire du Groupe Santé Arbec, à Sainte-Adèle. On retrouve 74 unités, dont une unité prothétique pour personnes âgées en perte d’autonomie.