Un visage du racisme?
Par claude-jasmin
J’écris en écho au sujet de «notre» racisme sondé avec un amateurisme grave par la firme Léger et Léger. Il y a une douzaine d’année, grand ramdam dans nos paroisses:voilà qu’un hebdo de Miami moquait cruellement les nôtres en long séjour hivernal rituel. Nous lisions: «Qui sont tous ces Quebecers? Tous, des grosses bedaines buveurs se goinfrant de bière». Un gros titre raciste? Avec des commentaires méprisants. Ce fut, au pays, la réaction viscérale. Un scandale.
En 1993, commentateur le matin avec Arcand à CJMS, la direction m’expédie dare-dare et illico… là-bas, tous frais payés. Durant une semaine d’hiver je faisais au micro, chaque matin, un rapport objectif des «blessés». Tout en devant constater — oui ou non — «les bedaines» et les flots de houblon! J’en profitai pour me faire bronzer chaque fin d’après-midi. Évidemment je fis mon pèlerinage et à Hollywood (Fla) et à Sunny Island, deux lieux chéris des nôtres.
Habitué de Fort Lauderdale plus au nord et de St-Peterburg, à l’ouest de la péninsule bien-aimé des frileux «early birds» — du côté du golf du Mexique —, je constatais quoi? Deux ghettos. Oh oui, à Hollywood surtout, vous êtes tout à fait au Québec, pas un mot dans la langue de Shakespeare. C’était étonnant. Chez ces aînés — pour la plupart — je vis certes des bedonnants en masse mais aussi des sveltes, des «en pleine forme», et nulle part, la bière coulait à flots. Dans des sacs, des frigos, beaucoup de vin blanc! Du rose pétillant aussi! Et des «en cas» faits d’autre chose que hot-dog, hamburger et pizza. Nous mangeons mieux. Sur ces belle plages, la pétanque rivalisait avec le shuffle board!
Questionnés, mes objets de caricature rigolaient volontiers du fameux article diffamateur. Calepin aux doigts, je questionnais: «Racisme?» On me dit «Oui, certainement.» Dans des villages de «campers», de «mobil homes», même humour. Mon séjour me fit prendre des notes en vue d’un roman qui allait se titrer: «Pâques à Miami», un bon succès de librairie (Lanctôt-éditeur). Dans ce récit baroque, folichon, j’en profitai pour décrire la joie, de «vivre l’hiver» à la bonne chaleur floridienne. C’était une réalité tangible: LE BONHEUR! Avant le Mexique ou Cuba et la République, je viens de lire que «Miami et alentours» sont toujours le premier choix de nos migrants saisonniers. On peut y aller avec sa voiture et «ses petites affaires familières»,avantage certes quand on s’exile des nos «frettes noères» pour 4 ou 6 mois.
Il y a la radio et la télé française, il y a même un hebdo en français là-bas et j’y allai pour constater les dégâts. La calomnie? Bof! On en riait sous cape. Il n’y avait qu’au Québec — chez ceux qui n’y vont pas — pour tant s’émouvoir de ces attaques-à-nation. Pas loin de mon «chic» motel Monaco, se dressait sur le sable un gargote fort sympa, «Chez Suzanne». Une jolie fausse hutte avec bar, tabourets et banquettesé À l’ombre, ingrédient apprécié. Que de joyeux lurons. Ma foi, j’étais sur la Cannebière et Marcel Pagnol aurait beaucoup aimé cette ambiance de joyeux drilles devisant sur tout et sur rien avec au juke-box, nos chansons populaires! Bref, oui, mas oui, ce Miami-là était une sorte «d’annexe» du Québec. Me faisait me souvenir du Old Orchard des années 1950 quand j’y allais.
Tout cela pour dire que le racisme a mille visages. Mille formes. Partout, même à Miami. Ainsi, promenez-vous — comme je le faisais souvent quand deux de mes petits-fils y trouvèrent un logis pas cher — sur Queen Mary Road. À l’ouest de notre Oratoire. Vous aurez l’impression pas toujours désagréable de vivre «ailleurs»Des anciens du quartier grognent un peu. Tenez, un ami parisien, bien intégré ici, revint d’un séjour à Paris, côté Canal Saint-Martin: «B’en, mon vieux, ce n’est plus ma ville! Il n’y a partout que des Arabes du Maghreb». Il était déçu. Il n’y a que deux vérités: oui, trop des nôtres s’aplatissent, Mario Dumont dixit. Oui, il faut abolir le multi-culturalisme de Pet installateur de ghettos — Londres nomme cela «le communautarisme» regretté.
J’ajoute enfin que s’il y a des tas d’effets formidables à se frotter à d’autres us et coutumes, c’est l’intégration normale et favorisée qui fera disparaître le relatif racisme (soft) de nos gens.