Une année incarnée
Par Thomas Gallenne
Revue de l’année 2016
L’exercice de passer en revue l’année courante nous fait réaliser combien de chemin nous avons parcouru. Combien l’histoire se répète parfois. Combien des dossiers tombent à l’eau et d’autres émergent. Et au travers ces événements marquants, des figures marquantes. Ici s’écrit la petite histoire de nos « pays d’en haut ».
L’année se termine comme elle a commencé : notre région s’apprête à accueillir les premières familles syriennes. Cela prendra un an – le croyez-vous!? – pour qu’enfin les premières familles déposent réellement leurs valises en sol laurentien.
Fin janvier, Accès relatait l’histoire d’un citoyen de Piedmont, Léo Bourget, qui a fait le Chemin de Compostelle. Pourquoi je parle de lui? Je trouve qu’il représente bien une partie de notre époque : l’humanité en quête de sens. Que ce soit au travers de chroniques de Josée Pilotte, de chroniques sur la santé, de cahiers spéciaux sur le thème de la spiritualité. Que ce soit au travers de portraits de personnalités inspirantes, il me semble que l’être humain est en quête – plus que jamais – de sens. À notre condition humaine et au grand tout.
Un dossier qui va traverser l’année : celui du transfert des enfants de Piedmont, de Saint-Sauveur à Sainte-Adèle. Sans s’enfarger dans les détails, ce qui retiendra notre attention dans cette histoire et qui est soulevé par les parents est la question de la transparence, de la communication et de l’imputabilité. Et la question se pose : au service de qui les commissions scolaires sont-elles?
Dans un tout autre ordre d’idées, une jeune femme sort du lot en sport : Cendrine Browne. Surveillez cette Jérômienne qui, selon notre journaliste sportif Félix Côté, a la stature pour performer aux plus hauts niveaux en ski de fond.
Un autre prospect à surveiller, en vélo de route cette fois : Adam Roberge. À 19 ans, le jeune Prévostois a – toujours selon Félix Côté – le potentiel pour se déployer au niveau international. « Si on devait miser sur un Canadien au Tour de France dans cinq ans, c’est sur lui que je parierais », lance Félix. C’est écrit ici.
En février, pour la Saint-Valentin, le Collectif (féminin) Sortie 76 de Val-David, en collaboration avec l’organisme L’Élan-CALACS de Sainte-Agathe, proposait un après-midi d’activités sous le thème Célébrons les femmes autochtones. Depuis de nombreuses années, ces dernières demandaient au gouvernement canadien d’instituer une commission d’enquête nationale sur les femmes autochtones tuées ou disparues. Demande qui fut finalement entendue puisque le gouvernement fédéral a lancé cette commission durant l’été. Québec emboîtera le pas en décembre avec une enquête publique sur les relations avec les Autochtones, après les plaintes déposées par des femmes autochtones à l’endroit de la police de Val-d’Or.
Le dossier de la ligne du Grand-Brûlé – Dérivation Saint-Sauveur, qui oppose Hydro-Québec à la Municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard, cristallise les tensions entre citoyens et la société d’État. Tensions qui atteignent leur paroxysme en cette fin d’année alors que le comité aviseur tente par tous les moyens de renverser la décision prise par la Régie de l’énergie. Les échanges acrimonieux se déplacent au conseil de la MRC qui appuie Hydro… Un autre effet qu’aura ce dossier sera la dissension qui se dessine au sein du conseil, mais ça, c’est un autre sujet.
En mars, un « petit » événement a retenu mon attention : lors du Marathon canadien de ski de fond, 160 kilomètres séparant Buckingham et Gatineau en deux jours, Mathieu Laberge – notre journaliste sportif d’alors – , se pète la gueule dans une descente et se déboîte quasiment l’épaule. Il ne finira pas l’épreuve, mais son texte, il le finira. C’est anecdotique, certes, mais c’est pour vous montrer le degré d’implication de nos journalistes dans leur métier. Alors, j’en profite pour remercier Mathieu Laberge qui a été pendant près de quatre ans notre journaliste attitré aux sports. Certes, il est absorbé par sa tâche de rédacteur en chef à l’organe de presse Sportcom, mais il demeure toujours prompt à rédiger un article ou un texte bien senti comme ce fut le cas tout récemment suite au décès de Donald Farley à la fin novembre.
Changeons de sujet, mais pas d’intensité. C’est en mars que l’application tablette Accès+ voit le jour. Pour vous dire franchement, je n’y crois pas, j’ai l’impression que c’était il y a un siècle, tellement de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Et pourtant, non, neuf mois se sont écoulés depuis, après tant d’efforts et d’ajustements. Et avec son application, Accès a su démontrer qu’il pouvait être à l’avant-plan des médias régionaux. Et indépendant, s’il vous plaît!
En mars, la Chambre de commerce de Sainte-Adèle représentait la MRC des Pays-d’en-Haut devant le CRTC dans le dossier de l’Internet haute vitesse en région. Or, le CRTC a tranché ce mois-ci afin que chaque Canadien ait accès à ce genre de service, même dans les régions les plus éloignées. À quand la haute vitesse dans le fin fond des Pays-d’en-Haut? »
Il n’y a pas que le printemps qui pointe son nez. André Genest annonce son intention de se présenter comme préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut. Il sera suivi après novembre par deux autres candidats : Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur, et Guy Vandenhove, président de la Chambre de commerce de Sainte-Adèle.
Même si c’est en avril que le journal Accès a été fondé, c’est en mars qu’on célébrait ses 18 ans. Âge de la majorité, Accès a pris de la sagesse, mais sait où il s’en va. Déterminé. Les mois qui suivront donneront raison à sa détermination.
Le 27 avril, c’est Jean-Sébastien Thibault qui est notre personnalité de la semaine. Mais savez-vous quoi? À bien y regarder, il me semble que ce gars-là mériterait quasiment la mention d’honneur de la personnalité de l’année, dans la catégorie : Jeune leader qui fait avancer un dossier régional qui a un rayonnement non seulement local, mais national, voire international. Bien oui, le parc linéaire Le P’tit Train du Nord fait partie de la Route verte, un des plus grands réseaux cyclables au monde. Et de ce fait, il contribue grandement à l’essor économique de notre région, et au bien-être de notre population, à sa santé physique et mentale. Et avec l’annonce d’argents neufs pour sa pérennisation, et avec un visionnaire travaillant comme Jean-Sébastien, on se souhaite de profiter de cette magnifique infrastructure pour nous et nos enfants, et nos petits-enfants, etc.

Le 2 mai, coup de massue dans le monde politique : Pierre Karl Péladeau démissionne de son poste de chef du Parti Québécois et, par le fait même, de son poste de député de Saint-Jérôme. Il explique, au bord des larmes, quitter la vie politique pour se consacrer à sa famille. S’ensuivra une nouvelle course à la chefferie du PQ qui intronisera Jean-François Lisée. À Saint-Jérôme, c’est Marc Bourcier qui devient député, sous la même bannière politique.
Dans la foulée, 48,18 % des électeurs adélois élisent Robert Milot comme nouveau maire avec ses deux candidats, Gille Legault et Diane de Passillé.
Fin mai, une controverse éclate autour de l’administration de l’école polyvalente de Saint-Jérôme. Cette dernière souhaite renommer l’auditorium André-Prévost : Marie-France-Danis. Finalement, le conseil d’établissement viendra mettre un terme à la polémique, en maintenant le nom du célèbre compositeur. Pour Henri Prévost, neveu d’André Prévost, la décision est d’abord une victoire pour le respect de l’histoire et du patrimoine culturel jérômien.
En juin, le journal Accès souligne le 25 ans d’existence d’Hybride, une compagnie qui a su grandir et demeurer dans sa région. Comme quoi on peut « faire son cinéma », frayer avec les plus grands et rester attaché à son coin de pays.
Dans l’édition du 29 juin, Dominique Beauregard est notre personnalité. Là encore, cette personne m’interpelle à plus d’un titre. Par son regard qu’elle porte sur notre histoire et ses personnages qui l’ont façonnée tels que le curé Labelle, par sa démarche artistique, elle participe à renforcer notre identité. « J’ai toujours voulu, depuis toute petite, vivre ici. La région est dans mon ADN. Alors, en tant qu’artiste, je veux non seulement m’incruster dans les Laurentides, mais je veux que mon œuvre respire les Laurentides. » Voilà, elle dit tout.
En juillet, on célébrait les 20 ans d’implication de Pierre Urquhart dans sa communauté. Pour ceux qui ne le savent pas, il est le directeur général de la Chambre de commerce de Saint-Sauveur. Mais pour lui, c’est plus qu’une job. Il est partout. Je me souviendrai toujours de ce que m’avait dit quelqu’un, je ne sais plus si c’est l’ancien maire Michel Lagacé ou une autre personne : « En semaine, le maire, c’est moi. Et la fin de semaine, c’est Pierre Urquhart. »
À la mi-septembre sortait le film documentaire Deux filles, un hebdo, réalisé par Louise Leroux, sur le journal Accès. Ça fait drôle de se voir à l’écran. Là encore, un peu comme l’exercice que je suis en train de faire, on réalise tout le chemin parcouru. Au départ, l’intention de Louise était de filmer deux filles qui se sont battues contre des monstres médiatiques et ont traversé la tempête qui a secoué les hebdos régionaux. Et au fur et à mesure du tournage, le film prend une tournure complètement différente du synopsis initial, avec deux événements marquants : l’arrivée de l’application tablette Accès+ et des défis technologiques que cela a amenés et le départ d’une des fondatrices du journal, Mary-Josée Gladu. Et si Louise était restée jusqu’à la fin 2016, elle aurait capturé sur pellicule un revirement historique pour ce petit journal indépendant, mais ça… je le garde pour la fin.
Début octobre, Valérie Maynard profite de mon absence pour jeter son dévolu sur deux personnes de cœur : Carole Asselin et Luc Charbonneau, respectivement directrice et coordonnateur de la Maison des jeunes de Saint-Sauveur – Piedmont. Deux personnes passionnées qui ont dédié littéralement leur vie pour le bien-être des jeunes de la région qui avaient besoin d’un coup de main. Et ce, depuis 26 ans.

Alexandre Gélinas «Le Patriote». Du moins, on peut dire qu’il l’a tatoué sur le cœur, cette institution qui fêtera ses 50 ans en 2017. Un incontournable qui a marqué l’histoire culturelle québécoise et qui, encore récemment, la célébrait lors des 20 ans du décès de Gaston Miron, grand poète devant l’Éternel, natif de Sainte-Agathe, faut-il le rappeler.
Début novembre, les organismes communautaires laurentiens rappellent au gouvernement Couillard combien son plan d’austérité leur a fait mal et, par la bande, a une incidence sur la qualité des prestations offertes aux plus démunis d’entre nous. En signe de protestations, ils ont fermé leur porte symboliquement.
Coup de chapeau au club de natation Neptune à Saint-Jérôme, qui semble être une belle pépinière à champions. Avec, pourquoi pas, l’ambition d’envoyer des athlètes aux Olympiques un jour, qui sait?
À un an des élections municipales, les candidats à la préfecture sortent de l’ombre. Guy Vandenhove, président de la Chambre de commerce de Sainte-Adèle, et Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur, annoncent leurs intentions de se présenter au poste de préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut.
Fin novembre, le torchon brûle au sein du conseil des maires de la même MRC qui accepte de réviser le schéma d’aménagement pour permettre au projet d’Hydro du Grand-Brûlé de passer sur le territoire de Saint-Adolphe.
Cette dissension va avoir un autre effet : au dernier conseil des maires, ces derniers ont élu Gilles Boucher au poste de préfet suppléant, à la place d’André Genest. Ce dernier se vide d’ailleurs le cœur dans l’édition du 28 décembre (Lire ici). Alors qu’il pensait démissionner, le préfet Charles Garnier a décidé de demeurer en poste jusqu’aux élections de novembre 2017. Il demeurera cependant en congé de maladie.
Le premier décembre, Accès devient Accès LE Journal des Pays-d’en-Haut en rachetant et en fusionnant l’institution médiatique qu’était le Journal des Pays-d’en-Haut – La Vallée. J’en profite pour saluer mes confrères journalistes Éric Nicol et Isabelle Houle que j’ai eu le privilège de côtoyer sur le terrain.
En cette fin d’année, les banques alimentaires tiennent leur guignolée et rappellent un fait troublant : les prestataires de leurs services ne sont pas nécessairement sans emploi et sont autant des jeunes que des aînés. Seuls ou en famille. Le visage de la pauvreté change. Je profite de l’occasion pour souligner le travail extraordinaire de cette armée de bénévoles qui travaillent dans l’ombre pour faire la différence.
*** *** ***
Une page se tourne sur cette année 2016 qui nous aura autant électrisés qu’essoufflés. Et que nous réserve 2017? On ne manquera pas de suivre des dossiers qui, souhaitons-le, ne seront pas de grands oubliés sur les tablettes (je pense au centre multisport dans la MRC des Pays-d’en-Haut), ou sapés par le contexte économique mondial. On espère que de grands projets sortiront de terre, que ce soit à La Rolland ou ailleurs et que, comme communauté, nous participerons à remettre aux générations futures un monde meilleur.
C’est ce à quoi s’attellera Accès LE Journal des Pays-d’en-Haut : continuer d’écrire cette histoire. Avec un petit H, mais essentielle, car elle dit qui nous sommes.