Photo de Léonne qui nous a été fournie par Chantal Dumont. Celle-ci affirme que Léonne aimait particulièrement cette photo d'elle.

Une grande Sauveroise nous quitte : Léonne Forget, cette femme d’action et de coeur

Par Rédaction

Le 28 avril, Léonne Forget s’est éteinte selon ses propres volontés à 72 ans, elle qui vivait avec deux cancers incurables. Il s’agissait d’une grande Sauveroise, une pionnière dans le milieu du communautaire. Une bénévole au grand cœur, une femme de famille dévouée, humble  et digne. Une femme qui aimait la vie et qui avait le rire facile, malgré toutes les embûches qu’elle a dû traverser.

Quelques personnes dont le parcours de vie a été embelli par le passage de cette âme charitable, nous racontent et nous louangent cette femme à travers le récit d’une vie unique racontée par Diane, une amie de Léonne depuis plus d’une dizaine d’années. Découvrez-y le portrait d’une femme d’exception qui laisse derrière elle un héritage des plus inspirant.

Une femme généreuse

« On va commencer par le début », affirme Diane d’entrée de jeu. « J’ai rencontré Léonne par l’entremise de Mirlande qui est déménagée à Saint-Sauveur. Un moment donné, son conjoint l’a mise à la porte avec leur enfant ». Léonne demeurait alors sur la même rue. « Elle a vu Mirlande et son enfant marcher dans la rue en pleurant. Elle [Léonne] s’est approchée et a su que la dame s’était faite mettre dehors par son mari. Léonne l’a invitée à demeurer chez elle. »

Diane travaillait à l’époque comme surveillante sur l’heure du dîner à l’école Marie-Rose, établissement que l’enfant de Mirlande fréquentait. Rapidement, la surveillante a appris que la mère vivait des difficultés financières et l’a donc embauchée pour faire le ménage chez elle. À l’occasion, Diane passait chez Léonne pour aller chercher Mirlande, et c’est ainsi qu’elle l’a rencontrée. Un jour, cette dame a déménagé à Montréal et Léonne s’est alors proposée pour la remplacer et faire le ménage.

Une femme dédiée

« À toutes les semaines, elle venait à la maison et de fil en aiguille, elle m’a raconté sa vie ». Diane a rapidement compris que cette femme était elle-même peu fortunée et s’était grandement impliquée dans sa communauté pour venir en aide aux personnes dans une situation semblable à la sienne.

En effet, tout au long de sa vie, Léonne a participé activement à la continuité de services aux plus démunis de la Ville de Saint-Sauveur. Elle a elle-même procédé à la première pelletée de terre du Jardin communautaire où elle y a planté et récolté des légumes afin de nourrir les personnes dans le besoin. Elle a introduit le volet atelier de cuisine pour les démunis à la Soupe populaire, en plus d’avoir été bénévole pendant 17 ans pour la Guignolée. Bref, le réseau communautaire que nous connaissons aujourd’hui dans la région de Saint-Sauveur, Léonne l’a en quelque sorte façonné de par son dévouement.

Une femme résiliente et humble

À l’automne dernier, Léonne a reçu un diagnostic d’un cancer relié aux poumons et d’un second à l’oreillette du cœur. « C’était inopérable autant pour le poumon que pour le cœur », soutient son amie. Diane est alors entrée en contact avec une amie d’enfance de Léonne, France.

France, amie d’enfance

« Personnellement, je la [Léonne] connais depuis notre enfance puisque nous fréquentions l’école Marie-Rose, mais la vie nous a envoyé sur des chemins différents. Or, j’ai eu le bonheur  de la retrouver en septembre dernier », nous écrit France.

« Je ne sais pas qui, ayant été dans cette situation, aurait pu garder le moral comme elle l’a fait. Chaque fois que je lui parle, même depuis qu’elle sait qu’elle est malade, je raccroche et je me dis, quel bonheur que j’ai de parler à Léonne. Quand on dit la bonté et tout ce que ça comporte, c’est elle. C’est une femme vraiment admirable et je pense que plein de monde aurait dû la connaître dans leur vie. »

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Durant la période des Fêtes, Diane a aussi communiqué avec Monique Leroux, présidente de Soupe et compagnie des Pays-d’en-Haut, autrefois la Soupe populaire de la Vallée de Saint-Sauveur. « Je voyais beaucoup d’hommages qui étaient faits aux premiers de la Soupe populaire et je n’entendais jamais le nom de Léonne. Alors j’ai communiqué avec Monique et à partir de ce moment-là, elle a pris les choses en main. »

Monique Leroux, présidente de Soupe et compagnie

« Je l’ai [Léonne] rencontrée chez elle et elle m’a tout expliqué. C’est une dame qui recevait les personnes démunies et ensuite les référait à des organismes alors qu’elle-même était dans le besoin. C’est une dame qui avait une très grande écoute, vraiment c’était comme la Mère Teresa de Saint Sauveur. Elle voulait toujours passer dans l’ombre, mais quand elle m’a raconté son histoire, je me suis dit comment ça ce n’est pas plus connu. »

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Lors du dîner de Noël dernier de Soupe et compagnie, Monique Leroux en a profité pour rendre hommage en quelques minutes à Léonne. Environ 150 personnes étaient alors présentes dont plusieurs maires, des élus ou leurs représentants.

À la suite de cette reconnaissance, Mme Marguerite Blais a invité Léonne à son bureau de comté vers la fin du mois de février où elle a reçu un nouvel hommage. Ensuite, la députée de Laurentides-Labelle, Marie-Hélène Gaudreau, a aussi honoré Léonne. « À la Chambre, alors que la députée siégeait, il a été question de Léonne, la bénévole de Saint-Sauveur », affirme fièrement Diane.

Souvent, son amie lui disait : « C’est toi qui as commencé, tout ça, c’est à cause de toi! », raconte Diane en riant. « Moi je lui disais, tu peux bien me chicaner, ça ne me dérange pas. Avec tout ce que tu as fais, il faut que tu sois reconnue pour qui tu es. »

Marguerite Blais, députée de Prévost et ministre responsable des Aînés et des Proches aidants

« Mme Léone Forget est source d’engagement et de partage envers sa communauté. Une aide précieuse pour l’Entraide bénévole des Pays-d’en-Haut et pour Centraide Laurentides. Ces gestes inspirants ont notamment mené à la mise en œuvre du Garde-Manger des Pays-d’en-Haut. Elle a toujours assuré la bienveillance aux plus démunis. »

Marie-Hélène Gaudreau, députée de Laurentides-Labelle

« Les bénévoles sont une ressource inestimable, dont il faut prendre soin. Madame Forget fait partie de ces personnes qui répondent toujours présentes. Elle s’est dévouée tout au long de sa vie pour les causes qui lui étaient chères, pour aider les plus démunis, pour donner au suivant. Léone Forget est un modèle à suivre, une inspiration. Félicitations pour toutes ces années, et merci pour tout! »

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De son côté, France connait très bien Rachel Lapierre du Book Humanitaire. Consciente de la situation difficile de Léonne, elle l’a mise en contact avec la présidente de l’organisme pendant la période des Fêtes.

Rachel Lapierre, présidente du Book Humanitaire

« On lui a toujours envoyé un bénévole parce qu’on trouvait qu’elle en avait besoin. Donc on lui envoyait un petit cadeau ou une petite épicerie de temps en temps. Elle m’a dit qu’avant de mourir, elle voulait me voir. La semaine passée [semaine du 13 avril], j’ai pris le temps et je suis allée passer une heure avec elle. C’est une femme d’action. C’est une femme qui change les choses. Elle a un cœur grand comme la terre. Et c’est une femme qui ne demande pas et qui ne reçoit pas facilement. C’est aussi une femme qui est très moderne; elle n’avait pas de barrières. C’était rendu difficile pour elle de se sentir plus limitée. Elle a combattue jusqu’à la fin et elle part très sereine. »

Chantal Dumont, amie

Chantal Dumont, bénévole pour le Book Humanitaire, a été mise en lien avec Léonne Forget.

« Léonne est devenue rapidement mon amie de cœur. Ce fut une connexion et une complicité immédiates. C’est une femme qui est très chaleureuse et à l’écoute. C’est vraiment quelqu’un qui a le sens de la famille. C’est quelqu’un qui a une ouverture d’esprit incroyable; elle n’est jamais dans le jugement. Une personne que la vie n’a pas épargnée, mais qui a quand même réussi à avoir un sens de l’humour incroyable. Je trouve ça juste dommage que je ne l’ai pas eue avec moi plus longtemps. »

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Une femme de famille

Léonne a eu trois enfants, une fille et deux garçons. Elle a malheureusement perdu un garçon et sa fille. La bénévole est tout de même devenue grand-mère d’un petit-garçon et d’une petite-fille qui a eu elle-même deux garçons que Léonne a élevés comme les siens. En effet, Diane souligne que son amie avait un lien privilégié avec ses arrières-petits enfants qu’elle adorait. « Ce sont ses deux amours, ça été sa raison de vivre. »

Aujourd’hui, le plus jeune est d’âge primaire et le plus vieux, d’âge secondaire. « L’autre jour, Léonne m’a appelée et elle me disait que le pire, c’est qu’elle ne pourrait pas serrer ses enfants [arrière petits-enfants] avant de mourir. À ce moment-là, elle avait décidé de prendre l’aide médicale à mourir. Je lui ai dit, non non non, ça ne se peut pas ça », explique son amie.

Mercredi le 15 avril, Léonne a donc pu voir ses deux arrières petits-fils. « Elle a dit que cette journée-là, c’est comme si elle n’était pas malade. Elle dit qu’elle a eu un regain d’énergie d’avoir ses arrières petits-fils avec elle. Et les enfants l’adoraient. Elle leur parlait beaucoup. Ce sont deux beaux et bons enfants. Elle leur en a appris beaucoup sur le respect et le savoir-vivre. »

Une femme sereine et libre

C’est le 28 avril que Léonne Forget a quitté ce monde selon ses volontés grâce à l’aide médicale à mourir. « Elle était fatiguée de la vie. Elle quittera sa maladie qui était devenue insupportable et qui l’a fait souffrir. La vie l’a meurtrie à petits feux. […] Ce qui est beau dans tout ça, c’est qu’elle te racontait ça très sereine, très librement. À chaque fois qu’on se parlait, on finissait par rire. C’était une bonne vivante, malgré tout ce qu’elle a vécu », affirme Diane.

Léonne Forget n’était pas fortunée, loin de là, et elle a vécu bien des épreuves difficiles que la vie lui a réservées. Et pourtant, elle s’est dédiée à aider les gens dans le besoin, aider ces personnes qui se retrouvaient dans la même situation qu’elle, une situation qu’elle comprenait encore mieux que quiconque. Elle a toujours fait preuve d’une grande empathie et d’une grande compassion qui se sont manifestées par des actions concrètes.

« Elle a tellement donné. Et elle trouve ça beaucoup, tout ce qui est fait pour elle. On lui dit souvent qu’elle récolte ce qu’elle a semé. Elle a toujours été bonne avec tout le monde. On revient souvent avec l’histoire de Mirlande qu’elle avait prise dans la rue. Elle a aidé tellement de monde à manger, à mettre de la soupe sur la table », souligne Diane.

Une femme de cœur qui laisse derrière elle, un souvenir empli de bonté, de reconnaissance et d’amour. Elle ira enfin rejoindre ses deux enfants qui l’attendent depuis longtemps.   

Jacques Gariépy, maire de Saint-Sauveur

« Je rends hommage à Léonne, cette belle et grande Dame qui, au cours de ces très nombreuses années, a assisté, accompagné, nourri et écouté les plus démunis, dans l’ombre et en toute humilité. Toute en demeurant fidèle à son image, Léonne a choisi de nous quitter dans la dignité, le silence et l’humilité, au centre de cette crise ravageuse et désastreuse. Veille sur nous douce Léonne! »

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« Ne dis pas ou ne fais pas ce que tu n’aimerais pas qu’on te dise ou qu’on te fasse. Ça, c’est la vérité » – Léonne Forget.

3 commentaires

  1. Je suis complètement abasourdie d’apprendre cette nouvelle.Leonne était une amie d’enfance de ma sœur mais, ses avec les enfants que j’ai appri a connaître Leone Je connais Luc son garçon depuis plusieurs années , il était tout petit et mon aussi J’ai connu Martine aussi une fille qui n’était pas faite pour vivre dans se monde si cruels ,un monde qu’elle n’arrivait pas à comprendre .Quand je pouvais je parlai avec elle de toute sorte de choses et un jour j’etais très heureuse de l’avoir rencontré et comme d’habitude nous avions parler de n’importe quoi et elle me semblait si sereine et radieuse ,je l’avais même félicité pour son nouveau comportement’ et sa nouvelle façon de voir la vie. Elle dégageait une force et un courage qui me fessait penser à sa mère Wow j’étais Super heureuse de la voir ainsi.Une bonne journée Leonne vient au magasin ,et moi heureuse de la voire je m’empresse de prendre des nouvelles d’elle et bien sur des enfants. Elle me parle de Luc qu’elle appelai son beau Luc , et ensuite elle me dit avec la larme à l’oeil et un petit sourire que Martine est partie là où elle voulait être.Je ne comprenais pas vraiment , et je savais pas quoi dire .Elle me prit dans ses bras et c’est là que j’ai compris,Martine nous a quitter…
    Je me souvient de voir Leonne passer en avant de chez nous avec les deux enfants qu’elle tenait par la main avec une fierté remarquable.
    Salut Leonne et merci d’avoir fait partie de ma vie .
    Marie-Line

    sincere condoléances à la famille

  2. Salut Leonne
    Je me souviens que t’etais une femme remarquable et d’une unique bonté
    D’une pauvreté inadmissible malgré tes sourires
    Souviens toi d’un petit porto pis un petit cigare que tu as apprécié comme si t’aurais gagné $1,000,000.00
    Bon voyage et que Luc prenne encore soin de toi !!!

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