Wo-Wo-Wo ma p’tite Julie
Je ne comprends pas. Plus encore: je ne veux pas comprendre.
Je trouve ça à la limite de l’indécence.
Je n’ai pas voulu écouter l’émission «spéciale» mettant en vedette le drame de Joannie Rochette à TVA. J’ai même eu un haut-le-cœur simplement à regarder la bande-annonce: on en es-tu vraiment rendus là?
J’avais honte pour moi, j’avais honte pour Julie. Pourquoi est-il nécessaire d’en rajouter dans le malheur? Julie en avait-elle vraiment besoin, de ces larmes de l’athlète, pour les mettre au service des cotes d’écoute ou de son propre ego?
Vous trouvez que j’exagère? Moi je trouve que c’est Julie Synder qui exagère dans le Spectacle. Messemble que Joannie Rochette n’avait pas besoin de passer au confessionnal grand public/TVA/Quebecor; elle méritait certainement plus de silence, de recueillement que tout ce bruit.
Sa performance juste après le décès de sa mère disait pourtant déjà tout: son courage, sa volonté, sa détermination. Sa force inspirante.
Julie devait-elle comme une voleuse lui extirper encore plus de mots, encore plus de larmes? Au nom de quoi au juste, au nom de quelle Vérité?
Julie Snyder a mis depuis longtemps son métier d’interwieuveuse de côté afin de se consacrer aux bébés et au Banquier… alors voulez-vous bien me dire pourquoi ce retour soudain?
Vous voyez c’est ça qui m’écoeure, toute cette course au pouvoir, ce désir à tout prix d’être «on the spot». La seconde Dame de l’Empire PKP veut Joannie? La seconde Dame de PKP aura Joannie. C’est la nouvelle dictature médiatique.
Ce qui intéressait Julie, ce n’est pas la médaillée de bronze; jamais elle n’aurait sorti des boules-à-mites son talent d’interwieuveuse avec Joannie pour cet exploit seulement. Non, ce qui intéressait Julie, c’est d’avoir en exclusivité les larmes et la douleur…
Personnellement, je n’avais pas besoin d’en savoir plus sur Joannie Rochette pour comprendre qu’elle est une athlète hors du commun. J’ai vu sa performance et, tout comme vous, cela m’a vraiment touchée. Au point d’en verser quelques larmes. Mais. J’ai aussi vu ce regard déterminé qui disait tout. Alors, pour moi, pour l’instant tout mot de plus est un mot de trop.
Le problème avec la médiation de «tout», et tout particulièrement celle du malheur, c’est qu’on ne sait plus ou s’arrêter, on ne voit plus la limite de la décence, du respect, de l’humanité. Le problème avec la médiation du «tout» c’est qu’on veut trop tout savoir, on veut trop tout voir et l’on en redemande et redemande toujours un peu plus.
Au fond est-ce que Julie Snyder répond à une demande ou bien la crée-t-elle? Est-elle l’œuf ou la poule (aux œufs d’or)? Et nous, sommes-nous les dindons de tout ce cirque? Franchement ça me décourage parfois de nous voir aller…
Et comprenez-moi bien, ce n’est pas que Joannie Rochette ne mérite pas qu’on se penche sur la façon exceptionnelle dont elle a réagi dans ce drame malheureux. Au contraire, il peut s’agir d’une source précieuse d’inspiration et de détermination pour le grand public que nous sommes.
Ce que je déplore c’est la vitesse à laquelle on veut lui faire dire sa douleur, affichée «en exclusivité chez TVA».
Je pense que c’est prendre le «grand public» pour un public bien petit.
What’s new sous le soleil me direz-vous?
Rien.
Rien pantoute.