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Aider à donner la vie

Par Martine Laval

Sages-Femmes et Accompagnantes à la Naissance

Marie-Ève St-Laurent est présidente de l’Ordre des Sages-Femmes du Québec (OSFQ). Elle est de la première cohorte des diplômées de l’Université du Québec à Trois-Rivières, seule institution où se donne la formation. Dès le diplôme en poche, elle pousse plus loin la cause.

 

Si on fait références à la trilogie d’Anne-Marie Sicotte, Les Accoucheuses, quelle évolution pour les sages-femmes depuis le siècle dernier!

Marie-Ève St-Laurent: En effet, la situation des sages-femmes est un des mouvements sociaux qui a évolué le plus rapidement! Depuis les années 1970, la demande des femmes  a permis une grande ouverture. Avec l’Ordre des Sages-Femmes du Québec, nous agissons de façon totalement autonome.

 

La médecine reconnaît donc désormais officiellement l’utilité et l’expertise des sages-femmes après les avoir ostracisées?

M-E St-L: Absolument! Les sages-femmes sont désormais reconnues en médecine et le Collège des médecins ainsi que les hôpitaux collaborent. Nous avons 13 Maisons de naissance à travers la province où les femmes peuvent accoucher en accord avec leurs besoins et désirs. Là où il n’y en a pas, on peut louer un endroit intime dans l’hôpital et agir indépendamment. C’est une pratique autonome en milieu hospitalier.

 

Faites-vous des accouchements à la maison? Dans l’eau?

M-E St-L: Tout à fait. Les femmes décident de la façon dont elles veulent vivre leur expérience et la sage-femme les y accompagne. Il faut savoir que les sages-femmes ont les connaissances et l’expertise en plus d’être outillées pour réagir en cas d’urgence, stabiliser et transférer. Tout est donc possible.

 

À quel niveau de reconnaissance êtes-vous par rapport aux autres pays?

M-E St-L: En Europe, de façon générale, les sages-femmes ont peu d’autonomie au sein du corps médical, le travail se faisant beaucoup en milieu hospitalier.

 

En Australie et en  Nouvelle-Zélande, leur façon de faire ressemble plus à celle du Québec. En revanche, sur le plan des Maisons de naissance, notre modèle québécois est unique. Lors de congrès, nous sommes cités en exemple et la situation suscite beaucoup de curiosité et de questions.

 

Connaissez-vous Isabelle Challut et le Centre Pleine Lune dans les Laurentides qui forme des doulas afin d’accompagner les femmes dans leur grossesse et leur accouchement?

M-E St-L: Oui, bien sûr. Je suis au courant et leur travail est tout à fait complémentaire au nôtre et important là où il n’y a pas de sages-femmes. 

 

<p>Que pensez-vous des césariennes trop facilement pratiquées?

M-E St-L: Il faut savoir que la pratique de la «césarienne de convenance» n’est plus. Il faut comprendre que c’est une chirurgie importante qui ne doit se pratiquer qu’en ultime recours. Il faut plutôt redonner confiance à la femme et la rassurer sur la capacité de son corps à passer à travers son accouchement de façon saine, ce que font l’OSFQ et l’AQAN. Nous nous rejoignons donc.

 

Isabelle Challut, connaissez-vous bien le travail de l’Ordre des Sages-Femmes du Québec?

Isabelle Challut: Oui bien sûr. Il nous arrive d’ailleurs régulièrement de collaborer avec la Maison de naissance de Blainville. Nous faisons un travail complémentaire: celui de faire en sorte que l’accouchement appartienne à la femme et qu’elle puisse décider de  l’environnement et de la position dans lesquels elle désire donner naissance.

 

En décembre débutera une formation de doulas qui pratiqueront dans le Grand Nord, au Nunavut ainsi que sur la Côte Nord et auprès des peuples très fragilisés que sont les autochtones. Nous sommes très fières de cette belle avancée de l’Association Québécoise des Accompagnantes à la Naissance.

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