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Algues bleues: Le vent de panique a engendré des actions concrètes

Par nathalie-deraspe

L’été 2007 aura posé tous les projecteurs sur la menace des algues bleues. Même si depuis, les responsables de la Santé publique ont convenu que celles-ci ne représentaient pas systématiquement un danger pour la santé, la population et les élus ont pris la chose suffisamment au sérieux pour agir.

Deux étés, un constat. Les médias ont délaissé le sujet des cyanobactéries pour s’intéresser aux pluies diluviennes qui affectent le climat. Les lacs n’en sont pas moins affectés pour autant. Les coliformes viennent ajouter aux nutriments fournis par des apports démesurés en phosphore quand les eaux usées des municipalités sont directement déversées dans les cours d’eau par les ouvrages de surverse. Une pratique prévue en cas d’extrême nécessité, mais qui devient monnaie courante à cause des changements climatiques.

Cette année, le gouvernement a voulu à tout prix éviter le chaos de 2007 en affichant uniquement les résultats des lacs qui représentaient une réelle menace pour les activités nautiques ou le puisage d’eau potable. Cette nouvelle directive a été décriée par la coalition Eau Secours, qui voyait là une façon de noyer le poisson. L’organisme a même décidé de publier sa propre liste. Si l’on s’en fie à ces données, sept lacs des Laurentides auraient été atteints par les algues bleues au cours de l’été.

Citoyens et élus mobilisés

La présidente d’AGIR pour la Diable, la biologiste *Sandrine Desaulniers, déplore le fait que les agences de bassins versant comme celle qu’elle chapeaute ne soit pas au fait des informations. «Nous, on continue à en parler. On veut continuer de sensibiliser les gens et donner un coup de main aux municipalités et tout ce que je souhaite, c’est que les riverains soient mis au courant de la situation.»

En juin dernier, les responsables du ministère de l’Environnement ont rencontré les élus et les diverses associations de lacs afin qu’ils puissent identifier correctement les éclosions d’algues bleues et réagir en cas d’efflorescences. Un guichet unique a également été mis sur pied afin de dissiper les doutes des riverains. «Les techniciens courent partout, indique Mme Desaulniers. Ils sont présents sur le terrain, note-t-elle, et sont mieux organisés que l’année dernière. Par contre, seules les municipalités et les associations de lacs qui ont participé à l’échantillonnage connaissent le résultat des analyses.»

Cette année, l’organisme a entrepris de mesurer la teneur en phosphore et les matières en suspension des affluents de 12 lacs de la région et s’intéresse de plus en plus à l’érosion des fossés et des routes. En caractérisant les chemins autour des plans d’eau, les biologistes espèrent en identifier les foyers d’érosion. «On n’a peu d’outils pour le moment, confie Sandrine Desaulniers, mais ça ne nous empêche pas d’être sur le terrain.»

Depuis l’an dernier, plusieurs MRC ont légiféré pour protéger les bandes riveraines et pris des mesures pour s’assurer que les fosses septiques des riverains soient conformes. La prochaine bataille risque fort de se jouer entre les riverains et les compagnies forestières, qui ont l’aval du gouvernement pour venir déboiser à l’intérieur des bandes riveraines. L’automne dernier, ceux-ci se sont fait semoncer par les élus de la MRC des Laurentides. «On ne peut pas donner le feu vert aux forestières pour des coupes à blanc aux abords des lacs pendant qu’on demande à nos riverains de revégétaliser les rives, souligne Mme Desaulniers Tout le monde a un impact sur la flaque d’eau située en bas.» En guise de réponse, on a parlé d’un objectif de sédimentation de zéro. De jolis termes pour indiquer qu’il ne fallait pas laisser de déchets de branchage aboutir au lac. Des ponceaux et de l’enrochement seraient suffisant, selon ces spécialiste. Sandrine Desaulniers n’est pas de cet avis et souligne que sans un programme de suivi, personne ne saura si des efforts concrets seront faits en ce sens.

Avec la crise forestière actuelle, la présidente d’AGIR pour la Diable admet qu’il n’est pas facile d’obtenir l’attention des élus, particulièrement ceux de la MRC Antoine-Labelle, dont les travailleurs dépendent en grande partie de cette industrie. Mais seule une approche holistique viendra à bout du problème du vieillissement prématuré des lacs. «Il faut être cohérent», lance-t-elle en guise de conclusion.

AGIR pour la Diable a reçu un soutien financier dans le cadre du Plan d’intervention sur les algues bleu-vert du gouvernement du Québec, pour

agir sur 28 lacs affectés par des efflorescences d’algues bleu-vert en 2007. L’organisme entend porter son attention sur 28 lacs du nord des Laurentides.

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