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Armand Destroismaisons

Par Valérie Maynard

L’homme qui siffle

À plusieurs reprises au cours de l’entrevue, il a répété combien il avait été choyé par la vie. Surtout par son métier d’enseignant qui, entre deux années scolaires, lui permettait de laisser libre cours à sa passion créative, la sculpture. « J’ai commencé ma carrière d’enseignant en sifflant et je l’ai terminée en sifflant », lâche-t-il. Sans fatigue, ni même le moindre essoufflement, simplement heureux de sa vie et de son sort. Rencontre avec Armand Destroismaisons, dans sa maison haut perchée de Saint-Adolphe-d’Howard.


 
« Ma maison date de 1802 », raconte-t-il fièrement, presque amoureusement. Cette maison, il l’a démontée, pièce par pièce, avant de la déménager, de son coin natal, Bellechasse, à sa terre d’adoption, Saint-Adolphe-d’Howard, avant de lui-même la reconstruire, minutieusement. « Ici, je suis heureux. Je vis en symbiose avec la nature. »
C’est là, dans cette maison, à la fois un havre de paix et un endroit encombré d’histoires et de sculptures, par un jour de pluie abondante, que s’est déroulée notre rencontre.
Assis autour de la table en bois, l’homme raconte cette fois, un soir dans le Montréal des années 60, où il a rencontré Picasso. « J’avais devant moi un artiste international… Ça m’a stimulé. Puis, je me suis dit que je n’étais pas plus bête que lui. Je me sentais égal à lui. Ça m’a donné confiance. »
 

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Enfant, Armand Destroismaisons jouait déjà avec les roches et les pierres trouvées en bordure du fleuve, dans sa région natale de Bellechasse. est aujourd’hui un sculpteur notoire du Québec. Photo : Pier Savard

Un sculpteur était né

Puis, Destroismaisons raconte le parcours de son exposition Je bicycle, mise sur pied en 1988 pour sensibiliser les jeunes à l’environnement et de ses 22 sculptures et 15 personnages grandeur nature qui, il y a 25 ans, ont pris le chemin du Complexe Desjardins, à Montréal. « On a transporté les sculptures dans deux camions de 55 pieds et les personnages dans un autobus scolaire », évoque-t-il.
Rescapées de justesse en 2014, après un long séjour à l’aéroport de Mirabel, les sculptures bénéficient, depuis l’été 2015, d’une seconde vie grâce à leur prise en charge par la Municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard. « Et surtout grâce à la conseillère municipale Monique Richard », insiste M. Destroismaisons.

Les marcheurs d’étoiles

Enseignant à la retraite et sculpteur de passion, Armand Destroismaisons, chargé de projet au Conseil de la sculpture du Québec, a été commissaire du Symposium de sculptures monumentales en hommage aux victimes de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, intitulé Les Marcheurs d’étoiles. « Je suis sensible à l’eau… Petit, j’habitais Bellechasse, un comté mouillé par la rivière Chaudière qui, elle, prend sa source dans le lac Mégantic. Je me suis senti connecté à ces gens par l’eau », souffle-t-il.

En 2014 et 2015, trois symposiums ont vu le jour à Lac-Mégantic. Au total, 48 sculptures ont été présentées, par 39 sculpteurs différents, dont Armand Destroismaisons qui en signe à lui seul trois.
Au final, les sculptures seront installées le long d’un parcours qui sillonnera le centre-ville de Lac-Mégantic, en marge de sa reconstruction. Pour raconter l’histoire et pour ne pas oublier. Le grand dévoilement est prévu le printemps prochain.

Destroismaisons — Le film

Présent lors du rapatriement des œuvres de Destroismaisons, de l’aéroport de Mirabel à Saint-Adolphe-d’Howard, en 2014, le cinéaste Bernard Duplessis a eu l’idée de faire un documentaire sur la vie d’Armand Destroismaisons et ses 50 ans de vie artistique. Simplement intitulé Destroismaisons — Le film, le documentaire sera présenté en grande première le 5 novembre prochain, à compter de 18 h, à l’Ange-Vagabond de Saint-Adolphe-d’Howard (1818, chemin du Village). Il sera également possible de se procurer le film sous forme de DVD sur place ou via cette adresse Internet [http://haricot.ca/project/destroismaisons-le-film]. Les profits de la vente du DVD seront versés également entre l’artiste, le réalisateur et l’Atelier culturel.
 

Nous nous sommes quittés sur le pas de sa jolie maison, nichée sur un terrain en pente, entourée d’arbres, presque avalée par la nature. Moi, en direction de ma voiture. Lui, rentrant chez lui. Probablement en sifflant.

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