(Photo : Nordy)

Brasseurs de Montebello : Boire son histoire

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Ouverts depuis 2016, les Brasseurs de Montebello offrent des bières inspirées du patrimoine de notre région et qui se dégustent après une journée dans la neige. Entrevue avec le maître-brasseur Alain Larivière.

« J’ai toujours développé mes bières selon le style, avec un petit ajustement personnel qui fait la différence », explique M. Larivière. Bien avant de brasser, il dégustait. En 1995, il a créé le club de dégustation de bières « Les Biberons », qui a des membres en Outaouais mais aussi des chapitres en Alsace et au Texas. « J’essaie de faire un style qui va plaire. »

Il affectionne en particulier les bières hivernales, comme la Chocobello, une milk stout corpulente et veloutée, ou la 10 des Sportifs, une blonde de soif légère mais dont la complexité des houblons (Mosaic, Galaxy et Cascade) lui donne du caractère.

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Préserver la mémoire collective est également important pour la microbrasserie. « Notre mission d’entreprise, c’est de faire et de servir des bières de qualité, mais aussi de faire valoir notre histoire et notre patrimoine. C’est triste que les aînés des villages, quand ils décèdent, amènent une petite partie d’histoire avec eux. Et ce n’est pas long qu’on oublie. » M. Larivière donne l’exemple d’un déluge qui a frappé Montebello en 1952. « Ça ne fait pas si longtemps, et c’est oublié comme histoire. On ne connaît pas notre passé. »

C’est pourquoi plusieurs bières sont bâties autour d’une histoire ou d’un personnage bien de chez nous, comme la Jackrabbit, nommée en l’honneur du skieur légendaire Herman Smith-Johannsen. « Jackrabbit skiait tous les jours, et aimait boire une bière noire en revenant à la maison », raconte M. Larivière. Ainsi cette pils noire, seulement brassée l’hiver, offre le côté moelleux et réconfortant de la torréfaction, sans la lourdeur d’une stout.

De la même manière, la Victor Nymark célèbre celui qui a participé à l’essor du ski dans les Laurentides, entre autres en fondant le Saint-Sauveur Sport Club dans les 1930 et en construisant une cinquantaine de bâtiments en bois rond de type scandinave, qui ont donné un charme unique à la région. C’est même lui qui a dirigé la construction du Château Montebello : le plus grand chalet en bois rond du monde. Cette blonde houblonnée et à la vanille est accessible et désaltérante, alors que la vanille vient adoucir son amertume et lui donner un goût unique.

Enfin, la Grand Feu 1913 commémore l’incendie qui a rasé Montebello il y a plus d’un siècle. On raconte que seule la maison de l’abbé Prieur fut épargnée, après que celui-ci l’a aspergée d’eau bénite. Il s’agit d’une IPA aux arômes complexes et satisfaisants. Le malt fumé est bien présent sans être imposant, alors que des goûts de miel et de fruits rouges s’y marient à merveille. « Ç’a été difficile à équilibrer. On a fait une vingtaine de tests et on l’a travaillée avec les clients », raconte M. Larivière.

En canette et sur place

Les bières des Brasseurs de Montebello sont disponibles en canette à travers la province, dont plusieurs épiceries et magasins spécialisés des Laurentides. M. Larivière admet que la compétition est féroce sur les tablettes. « C’est de plus en plus difficile de faire sa place. Il faut faire affaire avec chaque commerce, et chacun a une manière différente de voir ça. Ce n’est pas évident comme au début. »

Le restaurant, à Montebello, permet aussi de déguster les bières sur place. « Il y a beaucoup de touristes qui viennent goûter. Quand ils reviennent dans leur région, ils peuvent retrouver celles qu’ils ont aimées », explique M. Larivière. L’endroit est aussi un laboratoire pour tester de nouvelles recettes et les perfectionner.

NDLR : Les bières des Brasseurs de Montebello ont été fournies gratuitement à notre journaliste.

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