La soupe chaude

Par nathalie-deraspe

section produit du terroir

Même si rien n’y paraît, l’agriculture traverse une crise sans précédent. Suicides, endettements records, manque de relève, terres dix fois plus chères qu’il y a une décennie… Le hic, c’est que monsieur et madame Tout-le-monde peuvent malgré tout continuer tranquillement à faire leur épicerie; ils trouvent de tout sur les tablettes des supermarchés.

Il se consomme 8,2 milliards de repas par année au Québec. Des dépenses de 25,3 milliards par an. Mais selon une étude du Worldwatch Institue, le trajet moyen parcouru par un aliment du champ à la table est de 2500 à 4000 kilomètres. Près du tiers des camions qui circulent sur nos routes contiennent justement de ces aliments. Un exemple? En 2000, le Québec a exporté plus de 7000 tonnes de pommes fraîches mais en importait presque le double durant la même période. Et on exporte 65 % de produits bio mais on en importe 5% de plus…

Et malgré le fait que notre panier d’épicerie soit parmi un des moins chers au monde, la part aux agriculteurs a fondu, passant de 50 à 25% en un demi-siècle. Pendant ce temps-là, le taux d’emballage de nos produits a augmenté de 80 % et la part des chaînes de supermarchés est passée de 30% en 1950 à 81% en 1990. Quand Provvigo a avalé Loblaws, la compagnie mère a concentré son approvisionnement en Ontario, les fournisseurs québécois étant moins compétitifs compte tenu du climat.

En bout de ligne, les agriculteurs ont vu leur profit fondre comme peau de chagrin. Près de la moitié des aliments consommés dans la province proviennent de l’extérieur. Équiterre rappelle qu’en injectant seulement 20$ dans nos paniers d’épicerie avec des produits d’ici on pourrait créer 100 000 emplois.

Dans le champ?

Devant la grogne des agriculteurs, le gouvernement a lancé la Commission sur l’avenir de l’agriculture et l’agroalimentaire québécois, qui doit déposer ses recommandations au plus tard en janvier 2008. À ce processus s’ajoute le Plan d’action concerté sur l’agroenvironnement et la cohabitation harmonieuse 2007-2010, alors que du côté du fédéral, on entérinait une entente de principe qui contiendra les assises du nouveau code de la politique agricole. Cultivons l’avenir promet des programmes gouvernementaux plus flexibles pour rendre l’agriculture plus concurrentielle sur les marchés afin d’en faire un secteur «dynamique et non seulement viable».

Plus que jamais, le contenu de nos assiettes ne dépend que d’une poignée de multinationales. Et il y a beaucoup de pain sur la planche pour renverser la vapeur…

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *