Théâtre Gilles-Vigneault : Pierre Lapointe, tout en sensibilité
Par Joëlle Currat
Sacré Artiste masculin de l’année au récent gala de l’ADISQ, en plus de remporter aussi la statuette de l’Album adulte contemporain de l’année, Pierre Lapointe reprend la route avec son spectacle Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé.
L’auteur-compositeur-interprète accueille le succès de l’album Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, sorti en janvier dernier, et les trophées qu’il vient de recevoir avec joie et gratitude. Cela fait maintenant 20 ans qu’il compose et se produit sur scène au Québec et en Europe depuis La forêt des mal-aimés, la chanson qui l’a fait connaître du grand public. Lors du spectacle qu’il présentera sur la scène du théâtre Gilles-Vigneault le 29 novembre, Pierre Lapointe interprétera toutes les chansons de son plus récent album en plus de reprendre quelques-uns de ses anciens succès.
Si son dernier opus est caractérisé par des orchestrations mettant de l’avant plusieurs instruments, le spectacle sur scène est plus épuré. Le chanteur est notamment accompagné au piano par les quatre mains du duo Fortin-Poirier. Il a déjà dit, en parlant de ce nouveau show, qu’il n’y aurait pas de feu d’artifice et qu’il voulait revenir à l’essence de son art. Toute l’émotion passe donc à travers ses textes et son interprétation. Un spectacle tout en sensibilité où il aborde des thèmes profonds, universels et humains, comme la maladie de sa mère ou le sentiment de rejet.
Un rythme effréné
On a vu Pierre Lapointe chanter en direct sur la scène de la Place des Arts de Montréal et recevoir un prix le 9 novembre. Il s’est ensuite envolé pour la France, alors qu’il y était déjà en octobre. Sa vie est faite de ces allers et retours depuis des années. Est-ce qu’il arrive à soutenir le rythme ? « J’essaie de m’organiser pour avoir un ou deux jours de repos à l’arrivée lors de mes déplacements, mais parfois ce n’est pas possible. Je dis toujours que, comme je n’ai pas d’enfants et que voyager fait partie de mon métier, je m’y accommode. » Il a souvent des rendez-vous de l’autre côté de l’Atlantique avec des maisons d’édition ou avec des interprètes pour qui il compose également des chansons, comme Julien Clerc et Patrick Bruel. Tout au long de sa carrière, Pierre Lapointe a pu constater qu’il se doit d’être sur place, s’il veut que ses projets prennent forme et aboutissent.
Un momentum favorable
En ce moment, et depuis la sortie de son dernier album, Pierre Lapointe connaît du succès au Québec et en France. Comment explique-t-il ce regain de popularité après 20 ans de carrière ? « Après avoir persévéré pendant tout ce temps, je crois que le public français a fini par s’intéresser à mon travail, confie-t-il. Mes passages dans des émissions de télévision ont grandement contribué à accroître ma visibilité. J’ai aussi bénéficié d’une importante couverture de presse dans les journaux pour mon dernier album. » Il attribue aussi son succès actuel au fait qu’il est plus présent et actif sur les réseaux sociaux, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Une récompense inattendue
L’auteur-compositeur-interprète s’est dit très surpris de recevoir le Félix de l’Artiste masculin de l’année au récent gala de l’ADISQ. « Je n’avais jamais remporté de prix dans cette catégorie, même si j’ai été nominé à de nombreuses reprises. C’était toujours des artistes plus connus ou plus populaires qui l’ont gagné. J’en avais fait mon deuil, indique-t-il. Mes créations sont parfois perçues comme étranges par le public. C’est vrai que j’ai toujours eu un pied dans la pop et un autre dans des projets plus avant-gardistes. » Il se dit aussi très reconnaissant envers son équipe et le public, et profite de ces galas pour rendre hommage aux gens qui le soutiennent.
Le petit garçon d’Alma
Quel chemin parcouru depuis son enfance dans la région du Lac-Saint-Jean. Est-ce que Pierre Lapointe prend parfois le temps de regarder en arrière et de se souvenir des étapes qui l’ont mené jusqu’à aujourd’hui ? « Je dis souvent qu’on passe notre vie à se remettre de notre enfance. Je porte toujours en moi ce que j’ai été, que ce soit relié à mon lieu d’origine, à ma vie à Montréal et à mes nombreux voyages. Ce qui est beau dans le métier qu’on fait, c’est qu’on met en mots ce qu’on vit personnellement en essayant de soigner ses propres blessures et d’aider d’autres personnes à le faire. »
Agenda
Pierre Lapointe
Spectacle Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé
Théâtre Gilles-Vigneault, Saint-Jérôme
Le 29 novembre à 20h