Difficile de garder les enseignants
Le 6 février, le Journal de Montréal rapportait que quelque 4 000 enseignants avaient démissionné ces trois dernières années au Québec. Au Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL), le nombre de démissions est passé de 5 en 2018-2019 (0,4 % des enseignants) à 26 en 2021-2022 (1,6 %). Pour l’année 2022-2023, on dénombre déjà 24 démissions (1,3 %).
Stéphanie Fournelle-Maurice, aux communications du CSSL, précise que ces chiffres incluent ceux qui sont partis enseigner ailleurs et ceux qui ont changé d’un poste à temps partiel vers le temps plein ou l’inverse. « [Ça] ne signifie pas nécessairement que ceux-ci ont quitté définitivement la profession. » Les départs à la retraite, quant à eux, semblent stables ces 5 dernières années, restant entre 18 en 2021-2022 et 33 en 2019-2022.
Pour Annie Domingue, présidente du Syndicat des enseignantes et des enseignants des Laurentides (SEEL), cela n’a rien de surprenant. « Depuis un certain temps, il y a une augmentation des enseignants qui demandent une réduction de tâche, à leurs frais, pour être en mesure de bien faire leur travail. On observe aussi plus d’enseignants qui prennent leur retraite plus tôt, malgré les pénalités financières », illustre-t-elle.
La composition de la classe
Plusieurs facteurs expliquent ces départs, selon Mme Domingue, comme l’augmentation des problématiques de violence. « En fait, la principale problématique, c’est la composition de la classe, qui est devenue beaucoup plus complexe avec les années. »
« Quand on a fait le choix collectif d’intégrer tous les élèves dans les classes régulières, les services premiers n’ont pas suivi », déplore-t-elle. Désormais, sur une classe de 32 élèves du secondaire, par exemple, la moitié ou plus ont des problèmes allant de la dyslexie jusqu’au trouble d’opposition. Chacun a un plan d’intervention plus ou moins complexe que l’enseignant doit suivre et auquel il doit s’adapter.
« Pour bien composer la classe, il faut tenir compte du nombre et de la complexité des plans d’intervention, afin de répondre aux besoins de chacun de nos élèves », plaide Mme Domingue. « Il y a des problèmes à prendre en considération qui ne le sont pas actuellement. Pourtant le problème est connu. Les solutions sont connues. Et on n’a pas le loisir d’attendre. »
Urgence
Par ailleurs, la présidente du SEEL note que plusieurs enseignants refusent des postes réguliers. « Ils choisissent de rester sur des plus petits contrats ou de rester en suppléance. » Le gouvernement a aussi mis en place des incitatifs pour ramener les enseignants à la retraite dans les classes. Quelques uns ont répondu à l’appel, « mais c’est nettement insuffisant pour combler l’ensemble des besoins ».
Selon Mme Domingue, il devient « urgent » d’améliorer les conditions de l’enseignement. « Pour attirer de nouveaux enseignants. Pour retenir ceux qui sont actuellement en poste. Et pour donner le goût à ceux qui ne sont pas légalement qualifiés d’aller chercher leur certification. Et on l’oublie souvent, mais les conditions d’enseignement, ce sont les conditions d’apprentissage des élèves », souligne-t-elle.