Andréanne Vallières, formatrice et propriétaire de l'école d'escalade Passe-Montagne, à Val-David. Courtoisie

Escalade : « Être face à un mur, c’est être face à soi »

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Depuis 20 ans, Andréanne Vallières trouve dans l’escalade une « liberté complète », et le plaisir de résoudre des problèmes. « Avoir des obstacles, je carbure à ça. Plus il y a de défis, plus j’aime ça », lance la formatrice et propriétaire de l’école d’escalade Passe-Montagne à Val-David. « Être face à un mur, c’est être face à soi. »

« J’ai commencé à 17 ans, en alpinisme », raconte Andréanne. « Mon amoureux de l’époque était vraiment aventureux. On était jeunes et on se disait : ç’a l’air impressionnant. On voyait des photos de montagnes et ça nous semblait impossible. Est-ce qu’un jour on pourra faire ça ? On se donnait des objectifs et on rêvait ensemble. »

« Comme un oiseau »

Courtoisie de l’école d’escalade Passe-Montagne

La même voie d’escalade peut être différente à chaque montée, explique la grimpeuse. « Tu trouves des prises que tu n’avais pas vues. Notre perception change. Chaque année, tu peux vivre une victoire différente. »

Mais l’objectif n’est pas toujours de se dépasser. « Il faut s’écouter et écouter la montagne. En plein air, la limite n’est pas concrète ou visible. Il faut lire les indices autour de soi. J’ai peut-être la capacité, mais ce n’est peut-être pas la bonne journée. Il faut jauger son égo. »

L’aspect social de l’escalade l’attire aussi beaucoup. « On rencontre des gens qui ont les mêmes valeurs que nous. Des gens généreux prêts à partager des connaissances, une cordée ou un bon repas. »

Rappelons que, dans ce sport, on dépend toujours de quelqu’un d’autre pour assurer notre sécurité. « Il faut apprendre à lire l’autre et connaître son partenaire au niveau émotionnel, etc. Lorsqu’on part en voyage, et qu’on se retrouve dans une situation inattendue, on réalise que chacun a un tempérament différent. On découvre une dimension de l’autre qui est complètement pure », s’émerveille Andréanne.

Et les difficultés valent leurs efforts, pour obtenir ce que la grimpeuse aime le plus dans l’escalade : « la découverte, l’inconnu, et le panorama arrivée en haut ». « On se sent vraiment comme un oiseau. »

Apprendre et enseigner

Après ses débuts, Andréanne sa suivi diverses formations : haute montagne, avalanches, ouverture de voies d’escalade, premiers soins, etc. « Il y a beaucoup de savoir-faire à développer pour être autonome dehors. »

« Après, j’ai rencontré Paul Laperrière. Il avait une approche pédagogique que je n’avais pas vue ailleurs. » Elle devient alors monitrice d’escalade à l’école d’escalade Passe-Montagne, que M. Laperrière a fondée à Val-David en 1981. « Paul voyait que j’avais de l’intérêt pour aider dans différentes tâches administratives. » Andréanne prend donc de plus en plus de responsabilités.

Puis, un jour, le grimpeur émérite lui fait une proposition. « Il m’a dit : « je te ferais confiance pour acheter l’entreprise ». » Honorée, mais surprise, Andréanne pense d’abord refuser. Elle termine des études supérieures, et ça ne faisait pas partie de ses plans, confie-t-elle. Mais son mentor insiste, et elle finit par accepter. « Je suis allée chercher des ressources en transfert d’entreprise et je me suis fait aider. Le transfert s’est fait sur 4 ans. »

Aujourd’hui, elle partage son temps entre son emploi à temps plein d’enseignante au primaire et son rôle de directrice de l’école d’escalade. « Je suis chanceuse : on a une équipe motivée. On est une trentaine. C’est ce qui me nourrit. C’est pour ça que je reste. »

Pour elle, l’escalade et l’enseignement se complètent. L’escalade, comme la vie, est compliquée. Il faut apprendre à simplifier, à rendre accessible. « À l’école d’escalade, c’est 70 % de pratique, et 30 % de théorie. Tu pratiques tout de suite et tu le valides. »

L’objectif : transmettre les bons outils et enseigner les bonnes stratégies aux nouveaux grimpeurs pour qu’ils deviennent, à leur tour, pleinement autonomes.

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