Dégustation de bières à La Veillée. Crédit : Simon Cordeau

Par temps froid, il faut des bières chaleureuses

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

L’automne et l’hiver, on ne cherche pas les mêmes bières. Après une randonnée au froid, il faut quelque chose de léger mais goûteux pour reprendre des forces. Pour échapper au froid, il faut quelque chose de chaleureux. Et pour les longues soirées, emmitouflé près du feu, il faut quelque chose qui se déguste lentement. Les brasseurs le savent et ont déjà des styles adaptés à la saison, en fût ou en canette. Voici un petit guide pour s’y retrouver, et quelques bières brassées ici à découvrir.

Reprendre des forces

Après un effort dans le froid en matinée, on peut avoir envie d’un petit verre avec son lunch, sans vouloir s’endormir et perdre l’après-midi à paresser. Après tout, les heures de lumière sont courtes et précieuses ! Il vaut donc mieux prendre une bière plus légère, mais qui ne sera pas moins goûteuse pour autant.

Herman brasse des bières faciles à boire, mais pleines de subtilités. Crédit : Simon Cordeau

Herman, à Prévost, brasse plusieurs bières faciles à boire, mais riches en nuances. La P.R.E.A.M., par exemple, est une pils d’inspiration allemande faite en collaboration avec Mëllon, à Montréal. Avec ses subtilités florales et citronnées, elle est rafraîchissante et satisfaisante. Pour une bière plus ronde, la Hermano, une pale ale multigrain houblonnée au Nelson Sauvin brassée avec Nano Cinco de Québec, reste à seulement 3,7 %. Avec des goûts de fruits tropicaux et de la passion, elle offre quelque chose de plus juteux sans devenir lourd. Entre les deux, la Horten est une pale ale de blé au mosaic. Ce houblon lui donne une amertume sèche et franche en fin de bouche, avec des effluves de copeaux de bois, qui complète bien son côté juteux de fruits exotiques.

Chez Anorak, à Morin-Heights, la Coeur d’Alene est une session IPA surprenante. Malgré son faible taux d’alcool de 3,3 %, elle a du corps et est satisfaisante en bouche. La fraîcheur de son houblon en fait donc une option légère et désaltérante qui se boit sans peine. Mais si on cherche quelque chose d’un peu plus consistant, essayez la Superfolk. Cette cream ale est douce et moelleuse, sans être trop pesante.

Du côté d’Ayawan, à Val-Morin, Les Lignes du monde est une pale ale de blé au citra. Cela en fait une bière au houblon racé et goûteux, avec un côté plus céréalier amené par le blé. Elle est donc savoureuse et moelleuse à la fois. L’Intuition mosaic, quant à elle, est une IPA plus classique qui se prend toujours bien pour les amateurs d’amertume.

Chez Shawbridge, à Prévost, La route du sud est une IPA tropicale à 5,6 %. Juteuse et fruitée, elle réchauffe l’âme en faisant rêver aux jours plus chauds… ou aux coins du monde plus ensoleillés.

Se réchauffer

Mais si on a froid et qu’on souhaite une bière plus chaleureuse, c’est la saison idéale pour plonger dans des styles plus réconfortants. C’est le moment d’aller chercher des bières brunes et noires, aux grains plus torréfiés et qui vont pencher vers des arômes de pain grillé, de caramel, voire de café pour les foncées.

Chaleureuses, plusieurs bières d’Anorak sont idéales pour le temps froid. Crédit : Simon Cordeau

La Sherlock d’Anorak est une brown ale incomparable. Depuis peu, elle est filtrée, ce qui rend ses goûts de noisette et de café encore plus purs, et sans l’interférence du goût de levure. Déjà un coup de coeur, elle est devenue irrésistible. On nous dit aussi que, bientôt, une dunkelweizen sera disponible. Ce style allemand combine un malt sucré et chocolaté à des levures de blé, pour une texture moelleuse et des subtilités épicées. Bien hâte de goûter celle d’Anorak.

Chez Herman, il reste un peu de la Wiesn (Lukr) : une festbier brassée pour l’Oktoberfest. Bien maltée, légèrement herbacée et sucrée, elle a un délicieux goût de biscuit. Faites vite, sinon vous devrez attendre à l’année prochaine pour cette bière emblématique de l’automne. Mais si vous manquez votre chance, dites-vous que Camp de Base, à Saint-Adolphe-d’Howard, sortira bientôt une bitter : un style de brune anglaise où l’amertume est à l’honneur. À Shawbridge, la Séraphin, une ruby cream ale, est disponible à l’année longue. Mais cette bière onctueuse et juste assez amère est encore meilleure par temps froid.

C’est aussi la saison des rousses, qui sont souvent fumées ou légèrement torréfiées sans être trop sucrées. La Veillée, à Sainte-Agathe-des-Monts, brasse la Dji. Caramélisée et avec une légère amertume, elle est savoureuse et présente un des meilleurs exemples du style. La Rousse futée de Shawbridge est aussi une valeur sûre : maltée et caramélisée à point. Camp de Base offre aussi la Rousse foncée, qui pousse la torréfaction un peu plus loin pour un maximum de saveur.

Enfin, une bonne bière noire est idéale pour accompagner la noirceur précoce. La Session IPA noire de Camp de Base est le parfait équilibre entre une bonne dose d’amertume, l’aspect réconfortant et brûlé d’une noire, et la buvabilité d’une session à seulement 4,7 %. Du côté d’Ayawan, La voie du guerrier est une twavé pivo, style foncé à découvrir qui n’est pas trop lourd à 4,8 %

Déguster

Enfin après le souper, quand le soleil est (déjà) couché, ça prend des bières plus lourdes et complexes qu’on déguste lentement. C’est le moment de sortir et de partager des produits recherchés, uniques, vieillis et brassés avec passion et amour. C’est souvent le fort taux d’alcool qui donne tout son corps et sa substance à ces bières. Mais de toute façon, on ne ressortira pas de la soirée, préférant rester à l’intérieur et au chaud.

La Galaxy 586.1762 d’Anorak, par exemple, une DIPA DDH (c’est-à-dire une double IPA houblonnée deux fois à froid). À 7,5 % d’alcool, elle est corpulente et ronde en bouche, avec une solide dose d’houblons. L’houblonnage à froid sert à conserver toute la fraîcheur et les subtilités des houblons : il faut donc garder la canette au frais et la boire rapidement après l’achat, pour profiter au maximum de cette fraîcheur.

La 3 soeurs de La Veillée, quant à elle, est une triple à 9,5 %. En plus, elle est vieillie huit mois en fût de bourbon, pour ajouter de la complexité à ses arômes. Chaleureuse, elle a un succulent goût de sucre d’orge, voire de sucre à la crème. Cependant, elle est assez lourde et imposante : elle est donc meilleure partagée.

Et pour finir la soirée, on pourra déboucher une bonne noire riche et mature. Herman brasse ces temps-ci la Littoral : une porter baltique de 7,5 %. Avec une forte torréfaction, elle est opulente sans être liquoreuse, avec une belle rondeur chocolatée. À la Veillée, la Vincent est une stout impériale vieillie en fût de bourbon à 8,6 %. Chaleureuse et réconfortante, elle pourrait accompagner un dessert… ou servir de dessert à elle seule. Enfin, la Questionnements bourbon d’Ayawan offre un assemblage de deux stouts vieillies en barriques de bourbon à 7 %. Ici, c’est une bière complexe et bien équilibrée qui satisfait les papilles.

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