Quand recycler devient inspirant

Par Alexane Taillon-Thiffeault

Un vieux buffet qui retrouve ses couleurs, une chaise bancale qui devient la pièce maîtresse d’une salle à manger, un canapé retapissé qui donne un style unique à un salon… Bienvenue dans l’univers du réemploi de meubles, où chaque objet a droit à une seconde vie.

Longtemps associé aux friperies poussiéreuses, le marché des meubles usagés connaît aujourd’hui un véritable engouement. L’art du recyclage – ou plutôt du réemploi – s’impose comme un geste écologique, économique et terriblement créatif.

Le réemploi, c’est réutiliser directement des biens ou objets usagés, sans nécessairement les détruire ou les recycler. C’est la deuxième étape dans la hiérarchie des déchets. Pour les meubles, cela prend plusieurs formes :

  • Achat d’occasion : meubles déjà utilisés, récupérés auprès des particuliers ou d’organismes.
  • Boutiques, ressourceries et écocentres : reçoivent, trient, remettent en état, puis re-vendent ou donnent des meubles.
  • Réparation, restauration et upcycling : retaper une vieille table, repeindre, changer les poignées, transformer un meuble en autre chose, etc.

À Saint-Jérôme, l’écocentre géré par Tricentris est devenu un véritable lieu de chasse aux trésors. « Nos portes ouvrent à 9 h et il y a déjà une file devant la boutique de réemploi », raconte Chantal Rousseau, responsable de la division éco-centres et emploi réparation. « Les tables et les électroménagers trouvent preneur avant même qu’on ait fini de les déposer sur le plancher. »

Ce phénomène n’est pas unique. Partout au Québec, les centres de réemploi attirent des familles à la recherche de bonnes affaires et des bricoleurs avides de projets. Résultat ? Des tonnes de meubles sont détournées de l’enfouissement chaque année !

Économie et écologie : un duo gagnant

Acheter usagé, ce n’est pas seulement sauver la planète. C’est aussi ménager son portefeuille. « Les prix sont tellement bas que les gens peuvent pratiquement meubler un appartement complet pour quelques centaines de dollars », souligne Mme Rousseau. C’est ce qui explique l’essor de cette pratique : à l’heure où le coût de la vie grimpe en flèche, l’idée de s’offrir une table de qualité pour une fraction du prix du neuf séduit de plus en plus. Et en prime, on pose un geste concret pour réduire les déchets.

Le réemploi ne se limite plus à acheter un meuble d’occasion : il s’accompagne d’une envie de personnalisation. Peinture, ponçage, nouvelles poignées, tissus colorés… les projets d’upcycling fleurissent sur les réseaux sociaux et inspirent les bricoleurs de tout âge.

D’ailleurs, Tricentris l’a bien compris et prépare un atelier de réparation mobile qui se déplacera de ville en ville pour aider les citoyens à retaper eux-mêmes leurs trouvailles. « Les gens nous envoient souvent des photos de leurs projets finis. C’est fascinant de voir leur créativité », se réjouit Chantal Rousseau.

Et la vague du réemploi ne montre aucun signe de ralentissement. Selon Recyc-Québec, près de la moitié des écocentres de la province collectent déjà des meubles et électroménagers pour les revendre, et plusieurs projets de modernisation sont en cours. Tricentris rêve même encore plus grand : un centre commercial 100 % dédié au réemploi, le premier du genre en Amérique du Nord, devrait voir le jour en 2026.

Comment bien choisir un meuble usagé ?

Voici quelques conseils pour éviter les mauvaises surprises et repartir avec un meuble qui durera encore des années !

  • Vérifiez la structure. Secouez légèrement le meuble pour voir s’il est stable. Les chaises et les tables ne doivent pas branler. Les fissures profondes dans le bois ou le métal sont souvent difficiles à réparer.
  • Inspectez les matériaux. Privilégiez le bois massif plutôt que l’aggloméré, plus fragile et difficile à retaper. Vérifiez qu’il n’y a pas de taches d’eau, de moisissure ou de parasites.
  • Testez les pièces mobiles. Tirez les tiroirs, ouvrez les portes, essayez les charnières et les coulisses. Un grincement se répare, mais un mécanisme trop usé pourrait coûter cher à remplacer.
  • Imaginez le potentiel. Un meuble peut paraître défraîchi, mais un coup de peinture ou un changement de poignées peut suffire à le transformer. Pensez à un projet avant de dire non !
  • Vérifiez les dimensions. Prenez les mesures avant de partir pour éviter les mauvaises surprises à la maison. Pensez aussi au transport : le meuble doit passer par vos escaliers et portes !

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