S’adapter : Les Sommets investissent dans l’équipement et l’enneigement artificiel
Les températures plus douces en début de saison et l’arrivée tardive de l’hiver obligent les stations de ski à s’adapter. Pour y parvenir, les Sommets investissent dans l’enneigement artificiel et dans l’équipement d’entretien.
Le directeur principal au Sommet Saint-Sauveur, Simon Pagé, remarque le même phénomène que le météorologue amateur, Éric Chatigny : les automnes sont plus chauds. La réponse à cette réalité? Les investissements. « On réussit à ouvrir aussi tôt qu’avant, dans la moyenne. Mais la prise d’expansion du terrain est parfois plus difficile », explique M. Pagé.
Enneigement automatisé
« Cette saison, on a eu un hiver incroyable », mentionne le directeur du Sommet Saint-Sauveur. Mais le début de saison a été
plus difficile, rappelle-t-il. Les températures étaient particulièrement douces et il n’y avait pas beaucoup de neige. La station a ouvert le 16 novembre.
C’est ici que l’enneigement artificiel devient primordial. Normalement, l’enneigement artificiel peut se faire à partir de -2 ou -3 °C. « Ça nous permet de démarrer et d’ouvrir rapidement la station, mais ce ne sont pas des températures de production idéales. À cette température en janvier, on ne produit pas de neige, parce que ce n’est pas logiquement rentable. Mais à l’automne oui, parce qu’on veut ouvrir », explique Simon Pagé. La meilleure fenêtre de production, c’est entre -10 et -15 °C, indique-t-il. Mais ces températures sont rares, surtout en début de saison. Il faut donc s’adapter.
En 2018, le Sommet Saint-Sauveur s’est doté d’un système d’enneigement automatisé pour sa piste débutante, la Red Bird. Ça fait toute une différence. L’enneigement artificiel comporte plusieurs étapes : il faut charger les lignes en eau, assurer le pompage, attendre que l’eau se rendre au sommet, etc. Ça peut prendre deux à trois heures uniquement pour démarrer le système, et le même temps pour le refermer. Le problème, c’est que les fenêtres d’opportunité, avec la hausse des températures à l’automne, sont de plus en plus petites. « Des nuits où on a cinq heures pour produire, normalement, on n’aurait jamais produit. Juste le temps d’ouvrir et de fermer le système et c’est terminé », explique Simon Pagé.
Équipement de fine pointe et adaptation des pratiques
Le système automatisé est toujours prêt à partir et nécessite aucune main d’œuvre. Ça se démarre à distance, par téléphone ou par ordinateur, et ça prend moins de 10 minutes. C’est une perspective très intéressante pour s’adapter aux hausses de températures et assurer l’enneigement de la surface skiable. « Cet été, on va compléter une deuxième piste avec un système automatisé », ajoute le directeur.
L’adaptation aux changements climatiques passe donc majoritairement par l’investissement dans de l’équipement de fine pointe. C’est vrai aussi pour l’entretien des pistes et les dameuses. Les pratiques sont également adaptées. Normalement, l’entretien des pistes se faisait à la clôture de la montagne, vers 22 h 30 ou 23 h. Maintenant, après une journée de redoux ou de pluie, on attend le regel et on commence vers 2 h ou 3 h du matin. « Le meilleur moment pour damner après un redoux, c’est juste quand ça commence à regeler. Si c’est trop tôt, ça fait de la glace et si c’est trop tard, ce sera très granuleux. L’équipe de damage s’est adaptée en fonction des températures plus extrêmes », souligne Simon Pagé.
Des coûts d’opération plus élevés
Bien sûr ces investissements comportent des coûts importants. L’automatisation du système d’enneigement dans la Red Bird, par exemple, a coûté 1,5 M$, précise M. Pagé. « Les coûts d’opération sont beaucoup plus élevés qu’avant », dit-il. Par ailleurs, lorsqu’il y a des périodes de pluie ou de regel, les machineries doivent passer plus d’une fois aux mêmes endroits. Également, le carburant coûte plus cher qu’avant. Tout ceci a des répercussions sur la rentabilité de la montagne. « Mais l’impact est beaucoup moins grand que si on n’investissait pas dans ces solutions », affirme Simon Pagé. L’engouement pour le ski est heureusement en croissance. Il y a un grand enthousiasme pour la pratique de ce sport, se réjouit le directeur. Et pour répondre à cette demande, des investissements sont nécessaires.
Une offre 4 saisons
La diversification de l’offre sur quatre saisons aide également à pallier les coûts d’opération plus élevés et à diversifier la clientèle des Sommets. En avril 2022, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, annonçait la mise sur pied du « Plan montagne », dont les investissements permettraient de renforcer la vitalité du tourisme de montagne et de développer une offre sur quatre saisons.
En la matière, le Sommet Saint-Sauveur a toujours été précurseur, souligne Simon Pagé. Dès 1986, l’idée est venue d’implanter un parc aquatique, qui s’est énormément développé depuis. Plus récemment, des investissements ont été réalisés dans des activités « sèches ». Le parc F.U.N comporte 6 manèges au sol, la montagne russe alpine le Vicking, la tyrolienne le Dragon et un parcours de mini-golf. Il y a également le parc de vélo au versant Avila, des parcours d’hébertisme aérien, ainsi que du camping, au Sommet Morin-Heights. « La porte n’est pratiquement jamais barrée », dit Simon Pagé. Il y a des activités à l’année longue. Cela permet également une meilleure rétention de la main-d’œuvre.
Historique des ouvertures et fermetures du Sommet Saint-Sauveur
- 2021-2022 : 19 novembre / 21 mai
- 2020-2021 : 30 octobre / 2 mai
- 2019-2020 : 8 novembre / 15 mars (Covid, saison écourtée)
- 2018-2019 : 26 octobre / 8 juin
- 2017-2018 : 11 novembre / 27 mai
- 2016-2017 : 22 novembre / 13 mai
- 2015-2016 : 19 octobre / 15 mai
- 2014-2015 : 3 novembre / 10 mai
- 2013-2014 : 31 octobre / 19 mai
- 2012-2013 : 7 novembre / 19 mai
- 2011-2012 : 30 octobre / 6 mai
- 2010-2011 : 20 novembre / 21 mai
- 2009-2010 : 18 octobre / 7 mai