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Chocolat: Oh!… laid!

Par yves-guezou

Avez-vous des souvenirs olfactifs ou gustatifs? De ces arômes et saveurs qui vous restent en mémoire et qui souvent remontent jusqu’à l’enfance. Je me souviens de la saveur et de la texture du sorbet à la framboise que préparait ma grand-mère, des effluves vanillées du riz au lait réduisant doucement sur la cuisinière à bois. J’ai encore sur la langue la saveur et l’onctuosité des chocolats de Pâques, apportés, selon les us, par les cloches ou le lapin mais qui ressemblaient, au ruban près, à ceux de la vitrine du pâtissier. Je ne lisais pas les étiquettes à l’époque mais la composition de mon œuf ou de mon lapin tenait dans: cacao, beurre de cacao, lait, sucre. Point!

Si, au lendemain des fêtes Pascales, je viens vous entretenir de mes souvenirs chocolatés de prime jeunesse, c’est pour mettre en valeur la précocité du développement du goût chez nous autres, humains. L’enfant que j’étais, était nourri des légumes et des fruits du jardin de grand-mère, du poisson pêché le jour même par un oncle ou du lait et de la viande des animaux nourris dans le pré du fermier voisin. Je me targue aujourd’hui d’apprécier la bonne chère et suis sincèrement convaincu que mon penchant en la matière est directement dû à mon éducation alimentaire.

Tout ça pour vous amener à nos bambins d’aujourd’hui. Je suis sûr qu’à leurs yeux, la Pâques 2007 fut aussi belle que celles de mes souvenirs. Ils ont sans doute fait moisson de petits œufs aux mille couleurs, ont reçu des belles grosses boites contenant Spiderman, Dora et autres personnages du panel culturel enfantin, le tout croquant sous la dent et fondant sur les doigts. Mais que dire de la composition du costume de l’homme araignée ou de la coquille de l’œuf? Il faut vraiment s’attarder sur l’étiquette pour y trouver inscrit le mot «cacao». J’ai eu l’occasion de prendre une bouchée de **Dora l’exploratrice** et, à part le sucre, il fallait vraiment se fier sur la couleur du produit pour savoir que c’était du chocolat.

Au début des années 2000, une décision européenne provoqua un tollé dans l’artisanat et l’industrie chocolatière du vieux continent mais surtout dans l’artisanat. La norme européenne permettait l’utilisation – dans une limite de 5% du produit final – de matières grasses végétales (MGV) autres que le beurre de cacao, dans la fabrication du chocolat. Horreur et indignation me direz-vous? Alors que dire de notre côté de l’Atlantique, quand, en matière de normes, il n’existe à peu près rien de suivi, sinon qu’en dessous d’un certain pourcentage de cacao dans le produit, l’on ne peut inscrire le terme «chocolat» mais seulement «friandise?»

Comment feront les adultes de demain pour différencier un bon produit d’un «moins bon» si leur éducation en terme de goût est nivelée par le bas dès leur jeune age? Qui perpétuera la tradition et continuera à faire un chocolat de qualité face aux grosses machines à sous que sont Nestlé, Cadbury et consorts? Peut-être ce boulanger pâtissier que j’ai rencontré voici deux ou trois ans: «Mon chocolat a le goût de chocolat pour que mes enfants apprennent ce qu’est le goût des vraies bonnes choses. Moi, je ne mets pas de paraffine dans mes préparations». Cela veut-il dire que d’autres en mettent de la paraffine? Non! Je ne croirais jamais ça… Quoique…

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