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Maudite jalousie

Par Josée Pilotte

Paraîtrait que je ne sais pas écrire. Paraît même que je n’écris pas mes chroniques à chaque semaine. «Josée L.», une lectrice de mes chroniques, est infiniment dé-çue. Prendra même congé de moi. Becau-se… trop désapointée. Trompée, non plutôt humiliée devant ses amis. La pauvre.

C’est à un souper entre amies qu’elle a appris la grande nouvelle. Ils parlaient journaux imaginez-vous donc. Elle disait à ses ti-z’amis comment elle aimait me lire. Un ti-n’ami alors de lui lancer: «C’est pas elle, c’est Dallard, le rédacteur en chef, qui écrit ses chroniques, je le sais d’un ami, d’une amie, d’une amie…»

Je vous emmerde mam’zelle «Josée L.», vous et vos copains. Mais. Puisqu’il le faut je vais vous donner encore de la viande à gruger lors de vos prochains soupers.

Dallard je l’adore, mais franchement l’avez-vous bien lu? l’avez-vous bien vu? Il «perle» quand il parle, il a un petit je-ne-sais-quoi à la française… un accent je suppose. Écrit des mots que je comprends à peine. Se gave de McDo, de livres, de films; préfère la cigarette au jus de carotte et la vodka au thé vert. La seule vue d’une paire de sneaks le fait vomir et la seule becane qu’il enfourche, sa moto, lui procure sûrement des sueurs de satisfactions mais n’améliore aucunement son cardio.

Dallard, le grand, Dallard l’enfant chéri. Dallard? Franchement. Pour lui un «dérailleur» c’est un gars qui dérape sur le party… Le jour où je le verrai rouler autre chose que ses cigarettes, je croirai qu’il peut tenir la distance de 10 chroniques sur le sport par année. Il est capable de beaucoup de chose, mais pas de ça! J’veux croire qu’il est bon, mais n’exagérez pas, Josée L.

Mais. Puisque vous êtes des emmerdeurs sans nom. Je vais vous dire la vérité: il est mon maître, mon coach, mon ami, mon fidèle admirateur, «ze» critique, mon «puscher» d’égo… Il a un don, celui de reconnaître chez l’Autre le talent qu’il peut développer, de voir ce que l’on a à offrir et de le révéler. Faut croire que je n’étais pas si conne que ça, (ne vous en déplaise, chère «Josée L…»). Il a vu quelque chose en moi, que moi-même je ne soupçonnais pas. Il m’a appris à manier les mots pour qu’aujourd’hui je puisse vous envoyer chier gentiment avec de belles métaphores et tout et tout…

Maudite jalousie.

Qui fait partie de nos valeurs québécoises.

Avoir du talent, réussir, faire de l’argent, être bien dans sa peau et dans sa tête: péchés mortels. Si le bon Dieu t’a incarné dans un corps de femme pis qu’en plus tu as le «malheur» d’être un ti-peu-un-brin-juste-un-ti-peu cute, tu es certaine qu’on va signer ton arrêt de mort. Drette-là. Vont même te crucifier sur la place publique:
«Tsé ben, elle a dû monter les échelons à l’horizontal ou à genoux, je l’ai su d’un ami, d’une amie, d’une amie qui a travaillé avec elle…»
«Elle doit être une carriériste, ambitieuse, frustrée, finie de la vie qui passe à côté de, l’essentiel, sa vie de famille…»
«C’est son chum qui fait de l’argent pas elle…»
«Elle? C’est certain qu’elle n’écrit pas ses chroniques…»

Ici plutôt que de donner des coups de burin aux statuts de nos héros, on préfère les déboulonner. Plutôt que de hisser leurs drapeaux, on fait brûler leurs effigies. À moins bien sûr qu’ils aient de grrrooos problèmes. Pis s’ils n’en ont pas, on leur en invente. On aime la vie des autres, on aime les gens qui font pitié, on aime la tragédie. Ça nous évite conséquemment de vivre la nôtre. L’envie est un sentiment souterrain qui rend les gens laids. Très laids.

Donc, très chère «Josée L., 39 ans», pour embellir votre style (qui en aurait grandement besoin) trouvez-vous un Dallard, mais malheureusement pour vous, je ne vous prêterai pas le mien. Il est à moi. Quand une athlète et un coach se sont trouvés, ils travaillent au profit de l’athlète pour arriver ensemble à respecter sa capacité à devenir et son espace.

Tous peuvent y arriver mais tous ne montent pas sur le podium.

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