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Le ménage de SA classe

Par Jean-Claude Tremblay

Chronique d’un X

jctremblayinc@gmail.com

J’ai été particulièrement touché par la fin des classes cette année, il y avait quelque chose de très émotif dans l’air. Des parents en larmes, car leur « bébé » terminait un important chapitre, des enseignantes tristes de quitter ceux et celles avec qui elles ont tissé de précieux liens toute l’année.

Cette époque, celle de la fin des classes, je m’en souviens comme si c’était hier – il y avait chaque année une sensation de fête et de mélancolie, difficile à expliquer. Ces moments forts marquants sont pour moi associés à une image et une odeur très précise : celle d’un seau d’eau avec un doux parfum de savon rose industriel. On commençait par vider et nettoyer notre bureau, pour ensuite migrer vers les tableaux verts que l’on devait faire reluire sans trop s’empoussiérer – j’adorais.   

Mais en entendant la cloche sonner cette année, je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour les enfants intimidés – heureux et soulagé que leurs souffrances soient pour un temps abrégées. Comme vous savez, lorsque j’ai lancé le Programme ESTIME, qui aide les jeunes à contrer l’intimidation, je ne pouvais me préparer à entendre les histoires d’horreur que me racontent enfants et parents de tout horizon.

L’intimidation, ça ne se limite pas à quelques gamins qui battent à coups de pieds un élève dans la cour d’école, elle est surtout psychologique, et elle est trop souvent cautionnée, voire promue par des figures d’autorités, censées l’enrayer. « Là, je suis écœuré, va t’asseoir tout seul dans ton coin et restes-y pendant… euh… trois semaines ». J’en discutais justement avec l’auteur et docteur en neuroscience, le réputé Joël Monzée. Vous savez le message que ça envoie aux autres quand vous faites ça ? L’élève, lui, on ne la protège pas et c’est OK de l’intimider. On vient de donner un permis l’ostraciser, et on l’humilie, jouant ainsi dangereusement avec ce que l’être humain à de plus précieux : l’estime de soi.

Des histoires comme celle-là, les parents de plusieurs écoles m’en racontent régulièrement. Un surveillant qui passe son temps à crier dans la cour d’école, une spécialiste qui renvoie des élèves dans une classe de niveau inférieur le temps d’un cours de façon humiliante, un remplaçant qui dit « t’écris dont bein mal » sans se renseigner de la dyslexie d’un enfant. Un éducateur spécialisé qui fait du chantage aux élèves ; des jeunes qui se sentent intimidés par ceux qui sont payés pour les protéger – c’est une triste réalité, même si elle est en minorité. Tout ça cautionné par une direction, qui donne le ton à son établissement.

En 2016, le Journal de Montréal nous apprenait par le biais d’une étude de l’Institut Économique du Québec, que seulement sept personnes en cinq ans avaient été congédiées pour incompétence dans le système scolaire. SEPT. Vous savez combien il y avait de personnes « permanentes » dans le système au moment de l’étude? 58 000. Heureux d’entendre que 57 993 sont totalement compétentes. L’ironie, vous l’aurez compris, c’est que les ressources en place sont indélogeables – c’est pour ça que les parents qui se confient à moi sont exaspérés de certains individus récalcitrants.

On m’a même rapporté que des directions d’école affirment que l’intimidation dans leur établissement n’existait pas. Il y en a qui aurait même des pratiques dignes de régimes totalitaires, ou la terreur est si grande que les parents sont muselés et les profs tout aussi bâillonnés.

Ouf… si c’est vrai tout ça, j’aurais juste envie de leur dire de faire attention, les dictatures ça finit toujours par tomber, surtout quand le peuple se rassemble et en a assez.   

Il s’agit peut-être d’une minorité, mais ce que j’ai envie dire c’est que vous avez la responsabilité de vous regarder dans le miroir et de vous demander : « suis-je toujours fait pour ce métier ? », et ce n’est pas vos 25 ans de « séniorité » qui devraient vous en empêcher. Regardez autour de vous et prenez exemple, des gens dédiés et toujours passionnés, ce n’est pas ce qui manque – une tonne de rayons de soleil, je peux vous présenter.

Je dis souvent que pour un acte de méchanceté, il y a 10 000 actes de bonté, sur lesquels on doit se concentrer. Puisse l’amour guider vos choix, et non la peur. Prenez seau d’eau, savon rose et guenilles, et faites un grand ménage intérieur, histoire de revenir en force et de pleinement réaliser le rôle premier pour lequel vous vous étiez jadis engagés. Je vous encourage et vous appuierai – mais quoi qu’il advienne, sachez qu’au grain et à la protection de nos enfants, toujours je veillerai.

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1 Comment

  1. Lise Marie Boudreau

    Merci de contribuer à l’éveil de la conscience…

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