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Naturalisation des berges101: Les murets!

Par Éric-Olivier Dallard

De près ou de loin, l’apparition des algues bleues au Québec aura touché tout le monde. Les lacs, l’eau douce sont une grande richesse naturelle pour nous, et comme le reste, si on n’y fait pas attention…

Je ne suis pas une biologiste, ni une spécialiste en environnement, mais j’aime l’eau… et la nature. Je me suis donc intéressée à cette problématique pour en connaître un peu plus et aussi pour savoir comment agir et réagir. Sans me lancer dans de grandes explications scientifiques qui, de toute façon, dépasseraient certainement mes connaissances, laissez-moi partager avec vous ce que j’y comprends.

Un lac au départ, c’est règle générale un point bas. Logique. Donc tout ce qui se trouve autour, soit de la propriété qui se trouve directement sur le bord du lac, à celle qui peut se trouver quelques kilomètres plus loin, tout ce qui est plus haut se déverse dans un lac ou un cours d’eau qui finit éventuellement son chemin dans un lac… Et donc ce territoire, on l’appellera le bassin versant du lac; voyez-le comme un entonnoir si on veut. Le lac est donc le réservoir qui canalise toutes les eaux environnantes, d’un secteur donné. Un lac est donc affecté par l’ensemble de son bassin versant, et non pas seulement par les propriétés qui sont directement sur ses rives. Il ne faut pas oublier non plus que nos lacs sont reliés les uns aux autres… Évidemment, nos habitudes de vie et de consommation ont quelque peu changé aux cours des cent dernières années. D’abord nous sommes beaucoup plus nombreux au Québec, mais aussi beaucoup plus nombreux sur le bord des cours d’eau, et des lacs. Et, soyons honnêtes, on a un peu pris notre eau pour acquis! Je n’entends pas par là que nous l’avons fait intentionnellement, mais nous avons adopté certains comportements sans trop se préoccuper des conséquences sur nos lacs, sur notre eau. Si on s’attarde aux lacs et à l’aménagement des propriétés qui sont directement sur le bord du lac, la mode des années 50, laquelle s’est malheureusement poursuivie…, nous aura apporté deux styles d’aménagement qui ne sont pas extraordinaires pour protéger nos lacs pour ne pas dire carrément nuisibles: le terrain plat bordé d’un muret de pierres ou de béton dans le lac, et aussi évidemment le terrain gazonné jusque carrément dans le lac! Pourquoi le muret de pierres est-il nuisible? Il y a plusieurs raisons mais l’une d’entre elles est le fait que ces murets sont des masses thermiques, qui absorbent la chaleur du soleil le jour et la redistribue la nuit à l’eau, contribuant ainsi au réchauffement de l’eau du lac… ce qui est néfaste. Je vous l’ai dit plus haut je ne suis pas une spécialiste, mais je comprends par contre qu’il y a de la vie dans un lac, et qu’en modifiant entre autres la température de l’eau, on vient modifier le milieu, et ses habitants, soit la flore et la faune, et ce n’est pas souhaitable. Doit-on défaire son muret? Non ce n’est pas la meilleure solution, et en fait c’est interdit, sauf avec l’accord du Ministère de l’environnement du Québec. Cette permission est extrêmement difficile à avoir. D’abord parce qu’on ne veut pas de machinerie qui travaille dans le lac, mais aussi parce qu’une vie aquatique s’est généralement installée sur le bord du muret, avec des frayères etc, et qu’on perturberait cette vie encore plus si on venait défaire les murets. Et ça c’est sans parler de la terre qui risquerait de se retrouver dans le lac. Ces murets ont été construits de manière générale pour niveler le terrain, et donc du remplissage aura été nécessaire plus souvent qu’autrement. Si on enlève le muret… tout se retrouve à l’eau. Il y a des techniques qui existent pour faire ce genre de travaux, mais encore une fois idéalement on ne s’embarque pas là-dedans. Qu’en est-il si le muret se défait par endroit? On le laisse comme ça et on plante dans les trous créés. Les racines des plantes serviront à retenir la terre, et le restant du muret. Et il y a des plantes qui vont autant dans l’eau que sur le bord. Pas de problème de ce côté-là. Alors à court terme, si vous avez un muret chez vous, la première chose à faire est de lui créer un «parasol» donc de planter des végétaux qui vont le protéger des rayons du soleil. La vigne vierge (parthenocissus engelmanii) ou la vigne des marais (vitis riapria) par exemple sont des excellents choix. Elles recouvriront éventuellement complètement votre muret de pierre et lui fourniront de l’ombre. D’autres végétaux peuvent également être utilisés. Ce qu’il faut savoir avant d’acheter des végétaux, d’abord c’est qu’il s’agit de naturalisation et donc on va choisir des végétaux rustiques, voire indigènes au Québec, et évidemment dans quelles conditions vous allez les planter. Est-ce un sol sec, humide ou même complètement inondé par période. Est-ce au soleil ou à l’ombre? Planter en avant du muret des végétaux comme le myrique baumier (myrica gale), qui pousse les pieds dans l’eau, ou encore notre iris versicolore, sera aussi très efficace. Le choix ne s’arrête pas là, évidemment. On peut naturaliser en planifiant légèrement, hauteur, couleur, fleurs ou fruits…

Chantal Rochette _Au Coin du Jardin

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