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Quelle époque formidable

Par patrice-g-liavador

Bon, j’ai été patient, et je n’ai pas voulu réagir tout de suite à la corruption étalée minute après minute depuis plusieurs semaines. L’unanimité de la lutte anti-corruption est évidente, une fois de plus, nous aimons tous la tarte aux fraises. Seulement voilà, la corruption, c’est comme la prostitution, c’est un des plus vieux métiers du monde. Et si quelqu’un depuis cinq mille ans, ou quelque part sur la planète ou dans l’univers avait eu LA bonne idée pour arrêter la corruption, je pense que ça se saurait.

Mais ce qui rend cette corruption encore plus déroutante, c’est qu’elle est véritablement entre les mains de gens à qui le citoyen a délégué sa confiance. Que quelque part, un gars reçoive des sous au noir pour quelques services rendus, dans un contexte qui nous est étranger, c’est déjà sordide quoique sans conséquence directe pour nous.

 

Mais que ce soient des maires, des élus, qui ont reçu un mandat en toute confiance, notre mandat, pour gérer les affaires en notre nom, et qu’ils trahissent cette confiance, alors ça c’est absolument ignoble. Qu’en plus, ils ne soient pas les seuls à bénéficier de ces largesses, qui ne sont que du vol, que des mafias se gavent aussi sur notre dos, c’est encore plus invraisemblable, plus immoral. En fait, c’est un mille feuilles de sommes prélevées sur les fonds publics des subventions de l’État, et sur les taxes payées par le contribuable, qui se voit donc ponctionné à tous les étages. Car les fonds de l’État comme des municipalités proviennent tous de la même poche. La nôtre. Et corrompre ce lien de confiance est intolérable.

 

Mais voilà, comme je le disais plus haut, la corruption fait partie de notre civilisation, et on ne s’en débarrasse pas comme ça. En fait, je crois qu’on ne s’en débarrasse jamais. La première loi de la première session du premier gouvernement Marois c’est de se jeter sur cette affaire, et édicter la Loi 1 contre la corruption. Posture de marketing pure.

 

Donnez-moi cette loi, donnez-moi un architecte, un ingénieur, un appel d’offres, et je vous réorganise une jolie collusion-corruption, vous n’y verrez que du feu jusqu’au prochain scandale, jusqu’à la prochaine loi. Alors je ne sais pas, je n’ai aucune recommandation.

 

Est-ce qu’on doit réfléchir à combattre le feu par le feu ? Est-ce qu’on doit déjà réformer ces principes légaux stupides, qui nous conduisent à entendre un connard au toupet coloré et laqué, à la moustache ringarde nous dire le sourire aux lèvres, qu’il offrait un service cinq étoiles à ses «clients»? Pour ensuite revenir impuni dans la maison de sa fille, aller se couper une tranche de jambon de San Daniele, tremper ses lèvres dans un vieux bordeaux et se dire que, mince alors!, la vie est bien faite! Qu’il a droit à sa pleine retraite sur les sous durement gagnés par tous les résidents de la ville qu’il vient de spolier?! Oui, ça déjà, ça doit être réformé. Peut-être que moins d’individus se lanceraient dans ce commerce, s’ils savaient à coup sûr qu’ils iraient au criminel et finiraient à l’eau et au jambon Kraft.

 

Mais jamais cela n’empêchera les mafias et autres malfaiteurs de se jeter sur la manne des travaux et investissements des villes et collectivités locales. Je me gratte la tête, et vais proférer une énormité, mais je suis convaincu qu’il faut y réfléchir: de la même manière qu’on interdit la prostitution, mais qu’on tolère qu’elle se déroule, là où tout le monde sait qu’elle se déroule, est-ce que la corruption ne doit pas être envisagée comme un mal qu’on doit contrôler et restreindre à sa plus simple expression?

 

Imaginez, si on ne tolérait pas une certaine souplesse sur la prostitution, comme elle s’exprimerait de manière occulte, cachée et incommensurable? Est-ce qu’on ne devrait pas intéresser les ingénieurs des villes à des performances économiques? Moins c’est cher, plus tu gagnes? Ouvrir les appels d’offres comme en Suisse, moyenne du plus haut, et du plus bas, et on prend l’entrepreneur le plus près de la moyenne? Il y a probablement plusieurs filières. Mais est-on sûr qu’on les désire bien?

 

 

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