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Cinéma Pine : 70 ans au coeur de la communauté

Par Rédaction

Dans les coulisses du Cinéma Pine!

 

Sandra Mathieu – Visiter le Cinéma Pine en compagnie de Tom et Perry Fermanian, c’est littéralement avoir la chance de faire un plongeon dans l’univers de deux êtres passionnés et complices qu’on pourrait assurément écouter toute une journée. Découvrez les petits et grands secrets de cette véritable institution des Laurentides!

 

Un brin d’histoire

Bien avant l’ouverture du cinéma, le père de Tom, Philippe, se promenait de village en village dans les années 30 pour offrir du cinéma dans les sous-sols des églises et des salles paroissiales, tout en gérant avec son frère et son beau-frère leurs commerces de fruits et légumes et de juke box.

Lors de son ouverture en 1948, le Théâtre Pine partageait un bâtiment avec la Pharmacie Laurentienne. La salle 2 se trouve d’ailleurs dans l’ancienne pharmacie! Et la cabine de projection de la salle numéro 3 est située dans l’ancienne voûte de la banque. 300 millions de pieds linéaires de pellicule sont passés par les projecteurs pendant plus de 60 ans jusqu’à l’avènement du cinéma numérique. M. Fermanian se rappelle toujours comment le projecteur fonctionne! Tom se souvient des entractes pour permettre de changer la bobine. Les gens en profitaient pour aller fumer dans le lobby!

La phase 2 sur la rue Valiquette a ouvert ses portes en 1995. Selon M. Fermanian, elle est là pour rester. Avec tous les films qui sortent chaque mois, il est déjà difficile de faire des choix et de jongler avec les horaires pour offrir une programmation en anglais et en français, pour les adultes et les enfants.

Au départ et pendant plusieurs années, la billetterie donnait directement sur la rue et il n’était pas rare de voir des files d’attente sur plusieurs centaines de mètres!

 

De la grande visite !

Saviez-vous que Tom est en contact avec plusieurs de ses anciens employés et que ces derniers passent le voir quand ils sont de passage dans la région.

Un nombre incalculable de cinéphiles ont rencontré l’âme sœur au Cinéma Pine. Tom se souvient clairement d’une demande en mariage qui avait été orchestrée avant une projection. Toute l’équipe était dans le coup! La dame a dit oui!

Le Cinéma Pine a été le lieu test de projection des scènes du film québécois Après-ski (tournée dans les Laurentides) au début des années 70.
Quand il habitait à Saint-Sauveur, Mulroney venait régulièrement au Cinéma Pine. Deux armoires à glace s’assuraient de la sécurité, et l’entrée et la sortie se passaient par la sortie de secours.

Dans les années 80, le Grand Antonio est venu tirer un autobus avec ses cheveux devant le cinéma, un arrêt obligé lors de son passage dans les Laurentides!

Lorsque Viggo Mortensen tournait « A walk on the moon » à Saint-Adolphe en 99, il logeait au Chantecler et était un client régulier. Comme il jouait un hippie, il voulait rester dans son personnage et venait nu pied! Le film « G.I Jane » dans lequel il jouait sortait à ce moment-là et le Cinéma Pine peut se vanter d’être le premier à l’avoir projeté, une projection privée avec Viggo et la famille Fermanian!

 

Le futur du cinéma

Quand on lui demande sa vision du futur de l’industrie du cinéma dans cette ère où Netfilx prend de plus en plus de place, Tom Fermanian me demande du tac au tac : As-tu une cuisine chez toi Sandra ? Oui. Vas-tu au resto parfois ? Oui. Pour le cinéma c’est pareil, on se déplace pour vivre une expérience, les émotions en salle sont multipliées par mille si on compare aux autres plateformes. Par exemple, à la fin du film Schindler’s list, on pouvait entendre les sanglots à la fin du film et souvent, les gens applaudissaient au générique.

Le Cinéma Pine est l’un des seuls qui a encore les imposants rideaux qui lui donnent son cachet d’époque. Ils sont là pour rester, pour M. Fermanian, ça fait partie du fun, de l’anticipation.

Il n’est pas rare que des clients dévoilent à M. Fermanian qu’ils ont choisi de s’établir à Sainte-Adèle parce qu’il y a un cinéma. Des commentaires qui lui font chaud au cœur et qui lui confirment l’importance de sa présence et qu’il a sa place à Sainte-Adèle.

M. Fermanian est heureux que Perry soit intéressé à prendre la relève, il raconte à la blague que l’implication de son fils lui permettra de réduire la cadence à 80 h par semaine!

Réputé et reconnu

La réputation du Cinéma Pine n’est plus à faire ici et ailleurs et au fil des ans, il a été reconnu à plusieurs reprises au sein de la communauté et dans l’industrie du cinéma. L’entreprise familiale a reçu à plusieurs reprises le prix de l’entreprise de l’année de la Chambre de commerce de Sainte-Adèle. En 2012, le cinéma a obtenu le Coup de chapeau lors de l’événement Ciné-Québec, reconnaissant la qualité du travail de la famille Fermanian et son équipe. En 2006, le Pine a reçu un Jutras pour le meilleur exploitant de salle de cinéma au Québec. Une belle récompense pour tous les efforts mis à faire reconnaître le cinéma québécois à travers des événements comme les avant-premières en collaboration avec le restaurant Spago.

70 ans de cinéma de père en fils !

Seul sur son territoire des Pays-d’en-Haut, le Cinéma Pine de Sainte-Adèle trône depuis 70 ans. De Philippe Fermanian en 1948 à son fils Tom qui y entraîne aujourd’hui son fils Perry, le cinéma passe de génération en génération. Toujours à l’affût des tendances et des nouveautés, on y trouve chaque semaine le meilleur des films récents et indépendants.

 

De 1948 à 1970 Philippe Fermanian a établi et assuré les fondements de son cinéma. Depuis 1970, son fils Tom qui a grandi en haut du cinéma, a fait les transformations nécessaires, qui offrent aujourd’hui huit salles dans deux complexes et plus de 1000 sièges. Depuis qu’il a 13 ans, Perry qui en a 25 aujourd’hui, représente la troisième génération qui prend place pour assurer la pérennité du lieu créé par son grand-père.

Quel sont tes souvenirs d’enfance relié à ce milieu auquel tu avais accès de façon illimitée?

D’avoir la chance de voir des films quand je veux et le nombre de fois que je le désirais était bien sûr excitant! Mais de voir les photos de mon père avec des célébrités lorsqu’il allait à des congrès de l’industrie à Los Angeles et de réaliser qu’il faisait partie de ce monde fascinant, m’impressionnait. Ensuite, tous les changements qui sont survenus alors qu’on passait des projecteurs 35 mm au numérique, les salles qui se multipliaient et se bonifiaient. Et puis toutes les intrigues du lieu comme la salle 3 qui est une ancienne banque dans laquelle la voûte existe encore au sous-sol, le passage de grands acteurs et grandes actrices passés ici pour une première. Le cinéma est riche d’histoires et de souvenirs. C’est fascinant pour un enfant!

Qu’est-ce qui caractérise le cinéma Pine de Sainte-Adèle ?

Dans le Nord, le Pine est le seul à projeter les films en version originale anglaise. Saint-Jérôme et Saint-Eustache n’ont pas le marché pour. Il faut aller jusqu’à Laval pour ce faire. On offre également des films répertoire.

Bien qu’on garde les salles à jour et confortables malgré les 70 ans du cinéma, ce qui distingue le Pine c’est son look vintage. Dans la phase 2, les bancs viennent d’une salle d’opéra en France. Aussi, le fait d’avoir gardé les rideaux devant l’écran qui s’ouvrent en début de représentation tel un spectacle qui commence ajoute une petite touche particulière alors que partout ailleurs ils ont été éliminés.

Quelle est ton implication dans le Cinéma Pine?

J’ai commencé à travailler au cinéma de mon père quand j’avais 13 ans. Je déchirais les billets d’entrée. En grandissant, on m’a montré les rudiments de l’industrie, et lorsque notre directeur a pris sa retraite il y a quelques années, j’ai été formé pour prendre éventuellement sa place.
Je suis aujourd’hui le bras droit de mon père. Je gère le cinéma, les employés, les inventaires, le roulement au jour le jour.

Tom fait le booking hebdomadaire des films, un travail qui demande réflexion et planification : quel film joue quand, à quelle heure, dans quelle langue, en plus de la relation avec les distributeurs de films. On en parle souvent ensemble car c’est tout un apprentissage qui demande de connaître son marché, ses tendances, sa clientèle, ses goûts, ses habitudes. Il faut bien sûr regarder les films pour pouvoir en parler avec les spectateurs et recueillir leurs commentaires.

C’est comme ça que s’apprend cet aspect du métier auquel je m’apprivoise présentement, maintenant que je viens de terminer mon bac universitaire en gestion des affaires. Tom qui travaille encore très fort me l’enseigne afin que je puisse prendre la relève prochainement. Je l’encourage à me faire confiance et il me tient la main dans mon apprentissage. On travaille très bien ensemble, on a une belle entente et je suis heureux de ça.

Vous vous faites un point d’honneur d’organiser et de présenter les premières du cinéma québécois chez vous. Ça représente quoi pour vous de faire la promotion de notre industrie ?

Le cinéma québécois touche la même clientèle qui aime son cinéma répertoire et il démontre un grand potentiel de réussite. On l’a vu et mesuré avec des films comme «Bon cop. Bad cop», « De père en flic », «Louis Cyr», « La Bolduc » et bien d’autres.

Des succès cinématographique on n’en manque pas et certaines de nos productions relatent notre histoire et marque notre présent.

L’été, les plus grands succès du Cinéma Pine proviennent de nos films québécois. On fait du bon cinéma. On a d’excellents comédiens et réalisateurs et on en est fiers.

 

Jean et Michel Lessard nous racontent

Françoise Le Guen

Tom Fermanian, Christian Lasalle, Michel Lessard et Perry Fermanian, le frère de Tom, décédé il y a 25 ans.

Le cinéma Pine fête son 70e anniversaire. Les frères Jean et Michel Lessard, deux employés de longue date, témoignent.

 

Michel Lessard

Michel Lessard est entré au Pine comme projectionniste en 1975, il avait alors 14 ans. « J’étudiais au secondaire et je donnais un coup de main de temps en temps. À l’époque, il n’y avait qu’une seule salle. Quand je suis arrivé il y avait deux projecteurs, et pour le son, qu’un seul haut-parleur. » Il aura vécu le passage de la pellicule 35 mm au numérique. Aujourd’hui ambulancier, il continue à dépanner comme projectionniste ou s’il y a un problème technique avec l’équipement, étant donné qu’il a également une formation en électronique.

« On vivait dans un village, tout le monde se connaissait. Mon père, Jacques, a travaillé pour le père de Tom Fermanian. Mes tantes aussi y ont travaillé dans les années 48/49. » C’est au Pine que Michel a rencontré sa femme, Gina Frost, qui travaillait au casse-croûte et à la billetterie.
Il évoque l’époque où les jeunes jouaient à la cachette dans le cinéma, entre les bancs. « Dans les années 70 on avait tellement peu d’activités sociales et pas d’ordinateur, il fallait se trouver des jeux ! » Il se souvient du plaisir qu’ils ont eu à démolir les anciens bancs et vider la salle.

En ce temps-là, il n’y avait que des représentations le soir, une seule. « Quand il n’y avait que trois clients, Tom Fermanian les remboursait et nous on allait jouer au bowling à Saint-Jérôme. Après les séances de cinéma, on allait souvent manger une pizza ensemble. Et Tom pouvait aussi décider : aujourd’hui on va au parc Belmont! »

Tom Fermanian à la caisse du cinéma.

Jean Lessard

Son frère Jean Lessard, également ambulancier, a aussi travaillé au cinéma lorsqu’il était étudiant. « Les Fermanian sont des amis de la famille. Ça fait 38 ans que je fréquente Tom et le cinéma de façon occasionnelle. J’y travaille encore, je remplace Tom quand il n’est pas là. »

« Il y a plusieurs années, le cinéma était un lieu de rassemblement. Les amis des deux frères, dans la vingtaine, se retrouvaient là les soirs de cinéma », raconte-t-il. La famille Fermanian habitait alors au-dessus du cinéma. « Elle était super accueillante. Je me souviens quand, le midi, la mère de Tom disait : quand il y en a pour cinq il y a en a pour six, et s’il y en a pour six, il y en a pour dix. Il y avait toujours à manger pour tout le monde. »

Des beaux moments ? « Quand le cinéma a pris de l’expansion et que Tom a agrandi ses salles et aussi toutes les premières de films auxquelles on assistait, on y rencontrait les vedettes. Particulièrement celle de Séraphin, un homme et son péché en 2002. Une grosse première avec de grands faisceaux lumineux dans le ciel. »

Et de ces bonnes années, de 95 à 2000, où, dans la saison estivale, il se souvient d’avoir vu tellement de monde qui attendait pour acheter des billets que la file tournait le coin de la rue vers la 117.

Sortie des employés au parc Belmont.

Automne1948

Philippe et Aurore Fermanian n’ont pas imaginé ou réalisé le fait que 70 années plus tard, leur investissement culturel au centre-ville maintiendrait ses opérations en continu, que leur fils et son épouse prendraient relève en 1977 et plus tard, qu’une 3ème génération assurerait la pérennité et la continuité de la plus ancienne et vénérable institution cinématographique au Québec, n’ayant jamais fermé, toujours à la même adresse, conduite par la même famille.

Nos nombreux employé(e)s se sont succédés et ont toujours été considérés comme faisant partie intégrante de la famille. Plusieurs nous avouent encore avoir du mal à quitter lorsqu’ils prennent une autre direction.

Les défis n’ont pas manqué à travers les décennies. Ils ont été menés de front, toujours avec cet objectif de rendre des œuvres monumentales et de tous genres, accessibles aux résidents et touristes dans nos belles montagnes.

Beau temps, mauvais temps, « LES ÉTOILES BRILLENT AU CENTRE-VILLE DE SAINTE-ADÈLE ».

Hommage à vous Papa, Maman, Grand-Papa, Grand-Maman.

Merci aux assidus cinéphiles qui ont permis cette belle aventure!

Tom

Témoignage d’un fan

Le cinéma Pine est pour moi un lieu d’enfance, de regroupement d’amis et de nombreuses soirées avec mes parents. Mes premiers souvenirs de vues sont les « Goonies » et « Willow ».

Je devais tout juste avoir 6 ou 7 ans. C’était parti pour de bon! J’en ai 39 et je continue d’aller voir des films avec des yeux d’enfant émerveillé.

Ça n’a toujours pas changé puisque notre sympathique ami Tom Fermanian avec son fils Perry continuent de nous accueillir à la porte de leur bijou de cinéma. Quelle chance de les avoir à Sainte-Adèle!

Un autre grand moment, le film « Fugitif » avec Harrison Ford. Je crois que toutes Les Laurentides voulait le voir le soir de sa sortie, un peu comme « le Revenant » plus récemment… et ça continue! Et ça continuera j’espère, pour nous, pour notre culture et notre patelin!

Merci Tom et bravo pour tout ce que tu fais pour les Laurentides.

Joyeux anniversaire au Pine!

Ton ami Jérôme Charlebois

 

Coups de cœur du père et du fils !

Nous avons demandé au père et au fils de nous dévoiler leurs films préférés, ceux qui ont fait le plus d’entrées, ainsi que ceux qu’ils attendent avec impatience et qu’ils recommandent! Découvrez leurs réponses !

Les films préférés de Tom
  • Le Parrain 1 et 2
  • L.A. Confidential
  • Les Parapluies de Cherbourg
  • Les Colombes (film québecois)
  • Marty 1955, de Delbert Mann
Les films préférés de Perry :
  • Forrest Gump
  • Saving Private Ryan (j’adore Tom Hanks!)

Les films que vous attendez avec impatience et que vous recommandez en 2019

Tom :

  • Avatar 2
  • Spider-Man : Far From Home
  • The Lion King, remake live
  • Once Upon a Time in Hollywood, de Quentin Tarantino
  • It : Chapter Two
  • Joker (un film unique du Joker de Batman)
  • Edmond (Edmond Rostang)
  • Frozen 2
  • Star Wars : Episode IX
  • Qu’est ce qu’on a ENCORE fait au Bon Dieu 2 ?
  • Menteur (film québécois)

Perry :

  • Avengers
  • Wonder woman
  • Aladdin
  • On the basis of sex
  • John Wick 3
  • Le Roi lion
  • Zootopia 2
  • Toy story 4
  • How to train your dragon 3

Les films qui ont fait le plus d’entrées au Cinéma Pine

  • Titanic
  • Avatar
  • E.T.
  • Dr. Zhivago
  • La cage aux folles
  • Life of Pi
  • Séraphin

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1 Comment

  1. Johanne Sanche

    Bonjour, je suis curieuse de connaître l’origine du nom du Cinéma Pine…

    Reply

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