Photos : Nordy - Sébastien Fleurant.
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Atelier de l’île : Le retour aux techniques traditionnelles

Par Marie-Catherine Goudreau

À l’Atelier de l’île à Val-David, des artistes se retrouvent pour échanger, créer et découvrir les techniques de la gravure. Le Journal a visité en septembre ce centre unique dans les Laurentides, alors que l’artiste en arts visuels Catherine Fauteux y faisait sa résidence. 

« Un centre d’artistes dans les Laurentides, c’est extraordinaire. On peut produire à côté de notre milieu de vie ! », explique Michel Depatie, artiste visuelle et membre du centre, qui travaillait sur un de ses projets lorsque le Journal est passé. En plus d’être à proximité de la nature, « c’est un des ateliers les plus intéressants en termes de techniques disponibles et de façon de travailler », dit-il. « Ici, juste ce lavabo et cette presse, c’est inestimable ! »

De retour aux techniques traditionnelles.« Il y a vraiment un sentiment de communauté à l’atelier et de beaux échanges entre les artistes. C’est l’une des raisons pourquoi les gens deviennent membres du centre », rapporte Caroline Gagnon, coordonnatrice de l’Atelier de l’île.

L’artiste Catherine Fauteux est en résidence à l’atelier depuis le 15 août et jusqu’au 15 novembre. À la base, elle se spécialise surtout en art médiatique et en cinéma d’animation. « La gravure, l’impression, je ne connais pas ça ! Tout ça, c’est nouveau pour moi », explique-t-elle. Elle est venue à ce centre d’artistes pour découvrir ces différentes techniques de gravure qu’elle va intégrer à son oeuvre. Depuis un mois, l’artiste a donc pu essayer le monotype, la gravure au laser et la gravure au grattage. 

Catherine Fauteux est en résidence à l'Atelier de l'île jusqu'en novembre.

Catherine Fauteux est en résidence à l’Atelier de l’île jusqu’en novembre.

Réunis autour de la gravure

L’Atelier de l’île a été fondé en 1975 par Michel-Thomas Tremblay, alors que lui et d’autres artistes de Val-David souhaitaient avoir un lieu de travail commun. Au départ, l’atelier était littéralement sur une petite île sur la rivière du Nord. C’est depuis 1987 qu’ils sont dans le nouveau local sur la rue Jean-Baptiste Dufresne à Val-David. 

« Ce qui m’intéresse par-dessus tout, au fur et à mesure que la résidence avance, ce sont les principes mêmes de la gravure. – Catherine Fauteux

Le groupe de graveurs souhaitait se mettre ensemble pour partager l’équipement, qui est très couteux et assez imposant. « Pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui, les gens venaient ici pour les équipements, qu’ils ne pouvaient pas avoir à la maison », explique Hélène Brunet Neumann, adjointe à la programmation et aux communications de l’Atelier de l’île.

« La gravure, c’est très technique », souligne M. Depatie. « L’atelier est bien organisé pour permettre de travailler facilement. » Puis des techniciens aident les artistes à découvrir ces méthodes de travail. 

Le technicien Paul montre à Catherine des techniques de gravure.Garder le médium vivant

Le centre se spécialise principalement dans la gravure et l’impression numérique. « On essaie de garder vivantes les techniques traditionnelles, mais aussi d’être dans le numérique », souligne Mme Brunet Neumann. 

L’Atelier de l’île a aussi un programme de résidence d’artistes. « On invite des artistes qui ne connaissent pas les techniques de gravure. Accompagnés de nos techniciens, ils découvrent ces techniques à travers leur production. Ça devient vraiment intéressant, car ils ont un regard neuf sur celles-ci. De la façon qu’ils utilisent les matériaux, ils amènent le médium ailleurs », ajoute Mme Brunet Neumann. 

La plupart des artistes proviennent de la région des Laurentides. C’est ainsi que Catherine Fauteux a pu avoir accès au centre. 

Lorsque le Journal s’est rendu sur place, Paul, un des techniciens du centre, lui montrait la technique du monotype. « J’ai appris plein de choses aujourd’hui avec Paul qui travaille avec beaucoup de rigueur ! »

Intégrer les principes de la gravure

« Ce qui m’intéresse par-dessus tout, au fur et à mesure que la résidence avance, ce sont les principes mêmes de la gravure. Le fait de marquer ou d’entailler, le relief », dit Catherine Fauteux. Tous ces principes, elle les incorpore à sa pratique et les met « en mouvement circulaire ». « Mon projet se déploie autour du thème de la sphère. » Au final, tout ce processus va mener à un film d’animation expérimental. 

Au total, l’artiste va créer 13 sphères qui représentent les 13 premières années de sa vie. « Ce projet m’a ramené au moment où, enfant, j’ai eu une prise de conscience sur la vie, la mort, l’infini, l’immensité de l’univers. »

« Je suis encore à l’étape de l’exploration, mais ç’a influencé ma pratique puisque j’intègre tous ces principes », explique Catherine. Ce qu’elle aime particulièrement de la gravure, c’est la trace et la répétition. 

Le technicien Paul montre à Catherine des techniques de gravure.

Le technicien Paul montre à Catherine des techniques de gravure.

L’art de la gravure

Michel Depatie explique que beaucoup de jeunes artistes reviennent aux techniques de base, comme la photogravure – de la gravure à partir de la photographie. 

« On est dans la fabrication de l’image instantanée, rapide, avec le cellulaire et le numérique. Les artistes, on est souvent à contre-courant, alors on retourne vers les vieilles techniques », dit-il. Le centre favorise un mélange de ces techniques. 

« On se retrouve avec des artistes qui travaillent plusieurs médiums en même temps, et j’en fais partie. Je mélange à la fois les vieilles techniques que j’ai apprises ici, et des techniques très modernes », explique-il. Dans un de ses projets sur la Sapinière, il intègre à la fois de la photogravure, de la sérigraphie, de la gravure laser ainsi que de la réalité augmentée et virtuelle. 

De retour aux techniques traditionnelles.

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