Film : Une dernière cicatrice
Ce film poignant raconte le courageux parcours d’Yvon Rioux qui, après avoir assisté à une fusillade à Sainte-Adèle, a souffert d’un trouble de stress post-traumatique (PTSD).
En janvier 2014, Yvon Rioux, enseignant en adaptation scolaire à l’école Augustin-Norbert-Morin de Sainte-Adèle, assiste à la mort brutale d’un de ses anciens élèves, abattu sous ses yeux par un policier. D’abord en état de choc, il souffre par la suite d’un trouble de stress post-traumatique qui bouleverse sa vie et ravive en lui des blessures anciennes.
Après avoir consulté des psychologues et pris des médicaments, ses symptômes – anxiété, cauchemars, dépression – n’ont pas complètement disparu. Il cherche alors une autre façon de sortir de son marasme en s’accrochant au souvenir de son grand-père adoré, un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale. Il décide de partir sur ses traces à travers l’Europe pour confronter ses peurs, comprendre son passé et amorcer sa reconstruction.
Une dernière cicatrice est le portrait intime d’un homme en quête de paix intérieure, entre mémoire, transmission et résilience. Ce film documentaire réalisé par Philippe Gagnon sera présenté au cinéma Pine, le 21 septembre à 16 h 15, en présence d’Yvon Rioux.
Comme un « shutdown »
Avant d’être enseignant, Yvon Rioux était auteur-compositeur-interprète. Finaliste au Festival de la chanson de Granby en 1992, il se fait remarquer grâce à des textes touchants et des mélodies accrocheuses. Sa vie bascule à la suite de cette fusillade à laquelle il assiste et qui le marquera à tout jamais.
Sur le coup, il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il est submergé par un flot incessant de pensées, il revoit les images en boucle, et éprouve aussi de la honte à ne pas avoir réussi à maîtriser la situation. Quelques jours plus tard, il commence à faire de l’anxiété, ne dort plus, puis tombe en dépression.
Incapable de travailler ni même de fonctionner normalement, il lui faudra du temps pour arriver à faire reconnaître son état par les organismes censés lui venir en aide. Alors qu’il est couché la plupart de temps, c’est grâce à son syndicat qu’il arrive à obtenir gain de cause. « Je ne me reconnaissais pas, dit-il. J’ai toujours eu un instinct de survie et fait preuve de résilience. Mais cette-fois-ci, j’étais effondré. »
Liens transgénérationnels
Yvon Rioux a toujours été fasciné par son grand-père, un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale. Intrigué par cette période de l’histoire, il lui pose des questions sur les causes et les conséquences de ce conflit. Le petit garçon sent que son grand-père ne lui révèle pas tout de ses aventures outre-Atlantique. Il comprendra plus tard que lui aussi souffrait certainement d’un trouble de stress post-traumatique.
Afin de mieux comprendre le vécu de son grand-papa et de continuer son propre processus de guérison, Yvon décide de partir sur ses traces à travers l’Europe, tout d’abord en Pologne puis sur les côtes anglaises. Il obtient des services d’Archives Canada l’itinéraire de l’ancien militaire et décide d’emprunter le même chemin. Tout au long de son « pèlerinage », Yvon aura l’impression que son grand-père l’accompagne. En imaginant tout ce à quoi ces jeunes hommes étaient confrontés à cette époque, il désirait aussi lui rendre hommage.
Conscient des charges transgénérationnelles transmises par ses parents et ses grands-parents dans son enfance, Yvon veille aujourd’hui à ne pas « alourdir » ses enfants avec ses propres bagages.
Comprendre la souffrance
Lors de son voyage, Yvon Rioux décide de visiter le camp de concentration de Auschwitz-Birkenau et demande une autorisation de filmer les lieux pour intégrer quelques images dans le documentaire Une dernière cicatrice qui retrace son parcours. Une démarche qui peut sembler surprenante de prime abord. « J’avais besoin de savoir si j’étais encore vivant, si mon cœur battait encore dans cette poitrine-là. C’est comme si je cherchais à comprendre et à être compris, confie-t-il. En fait, je ne me suis jamais senti accueilli dans mon propre milieu. Au lieu de me demander comment j’allais, on me disait qu’il était temps de me remettre de mon traumatisme… »
Guérison progressive
Est-ce qu’Yvon Rioux considère être guéri de son traumatisme aujourd’hui ? « Non, parce que j’ai perdu un emploi que j’aimais et surtout la motivation de l’exercer. J’ai tenté à plusieurs reprises de reprendre mes fonctions d’enseignant ou d’animer des ateliers, mais lorsque j’entre dans un établissement scolaire, j’éprouve de l’anxiété. »
Cet ancien enseignant trouve dans ce documentaire une façon de transmettre de l’espoir aux personnes qui vivent avec un trouble de stress post-traumatique (PTSD). « J’aimerais leur dire qu’elles ne sont pas seules et qu’il est à nouveau possible de vivre des moments de bonheur et de prendre soin de soi et des autres. »
À mettre à l’agenda
Quoi : le film documentaire Une dernière cicatrice
Où : cinéma Pine de Sainte-Adèle
Quand : le 21 septembre à 16 h 15