Mara Tremblay : Vibrer au diapason de la poésie !
Par Martine Laval
Cela fait 30 ans que Mara Tremblay est dans le métier. Elle s’épanouit de façon magnifique au cœur de sa musique et des mots de son cœur. Le 27 mai, au Patriote de Sainte-Agathe, en compagnie de ses acolytes avec lesquels elle s’est littéralement enfermée pendant sept jours pour mieux s’ouvrir, elle présentera ce spectacle inusité qu’ils ont créé et enregistré ensemble en mariant leurs talents de création. En attendant d’assister à cet événement d’exception, profitons d’un entretien cœur à cœur avec celle qui vibre à la poésie de la vie.
Mara Tremblay, entre musicienne et auteure, qu’est-ce qui t’inspire le plus, les notes ou les mots?
C’est la poésie, la poésie de la vie, une image poétique, un sentiment de poésie. De là part mon inspiration! Je m’installe au piano ou à la guitare et c’est ce qui alimente tout ce que je vais jouer. Je suis très attachée visuellement, olfactivement et émotivement à la poésie. Le déclenchement est l’étincelle qui me donne envie de créer de la musique. Les mots qui surgissent se marient d’eux-mêmes. Surprenante, la poésie!
Multi-instrumentiste (NDR: guitares, mandoline, clavier, violon), quel est le nouvel instrument qui te fait vibrer?
La guitare électrique! C’est le dernier instrument que j’ai apprivoisé. Six cordes à intervalles différents du violon, de la basse et de la mandoline que je joue depuis 40 ans, j’avais un peu peur d’elle à cause de ça. Maintenant, je fais des solos de guitare électrique pis j’ai ben du fun!
Qu’est-ce que François Sunny Duval (NDR: son conjoint depuis cinq ans) a apporté dans ta vie de musicienne et de compositrice?
La musique! Un homme extrêmement riche musicalement. Depuis que je suis avec lui, je découvre des styles de musique : soul, R&B, tout ce qui vient de la Nouvelle-Orléans. Il a aussi une grande connaissance du country québécois. Il est quelqu’un de très profondément musical et très nourrissant.
J’ai beaucoup participé à son dernier album. Chanter, faire de la musique et de la tournée ensemble, c’est magique. On s’entend si bien! C’est la première fois qu’il y a quelque chose de si harmonieux dans ma vie, et je le bénis.
Ton fils Victor, 20 ans, joue de la batterie sur ton album. La maman se sent comment ?
La maman se sent complètement en communion. C’est quelqu’un qui m’a sentie vivre, qui m’a habitée pendant neuf mois. Il a entendu mes battements de cœur, mes angoisses, mes joies. Je trouve les battements du cœur très symboliques pour un enfant. Qu’il ait choisi la batterie et qu’il soit capable de rendre le battement de mes chansons, de mes émotions, je trouve ça capoté! C’est un batteur très mélodique, dansant, fluide. Il est vraiment la meilleure personne pour rendre ma musique aux autres.
Parlons de 7 jours en mai (7 auteurs- compositeurs, et non les moindres, s’enferment ensemble pendant 7 jours pour composer et enregistrer le résultat de leurs créations. À lire en Culture.) En quoi ce projet a résonné en toi d’abord et avant tout?
Le défi! Comme un test à l’école! Au début, je me suis demandé si j’allais être capable! Suis-je assez bonne? Surtout avec Michel Rivard, une des personnes que j’admire le plus au Québec pour ses compositions! Est-ce que je serai capable de composer quelque chose qui arrive à la cheville de l’idole que j’ai depuis toute petite. J’avoue que Michel a été pour moi le plus gros intimidateur, mais en même temps, j’étais également avec d’autres artistes que j’admire et je ne pouvais pas dire non à ce défi qu’on me proposait! Une porte s’est donc ouverte et ne s’est pas refermée pendant sept jours!
Et en conclusion, qu’est-ce que l’expérience a provoqué?
De la grosse confiance! Quand Michel Rivard te lance : « Toi, t’es née avec la chip de la poésie dans le cerveau! », ça donne confiance! Le premier jour de mon exercice a débuté avec Éric Goulet que je connais depuis très longtemps et avec qui j’ai déjà travaillé. Ça m’a sécurisée. Ensuite, entre l’émotion de faire écouter la première chanson aux autres, l’acceptation, le partage… constater que tout le monde est effectivement fébrile, insécure, qu’on était tous dans le même bateau, aide à avancer.
Dirais-tu que c’est un exercice à vivre dans une carrière?
Certainement! Ça amène beaucoup d’ouverture, de tolérance. Une ouverture que je n’avais pas avant. J’étais très sévère envers moi-même et là, j’ai appris à l’être moins. À m’accepter plus. À accepter les mots et les mélodies qui émanaient et d’être ouverte aux autres. C’est comme une psychothérapie (rires).
C’est comment de composer autrement qu’avec sa propre tête, son propre cœur, son propre instrument?
C’est de l’urgence puisqu’on a seulement trois heures pour créer! Il faut être présent, efficace, ouvert, poétique. Tu te maries de façon pacifique avec quelqu’un pendant trois heures!
Qu’espérez-vous de cette tournée tous ensemble, maintenant que vous avez vécu enfermés à créer?
C’est de faire partie d’un groupe. De bâtir la famille faite de sept têtes vraiment fortes, mais sept personnes avec des capacités d’ouverture exceptionnelles. Je ne suis pas sûre que ça aurait fonctionné avec d’autres auteurs-compositeurs. On est vraiment un beau mélange. J’espère que ça va provoquer une traînée de poudre d’ouverture. Que les gens dans la salle vont sentir cette dynamique de partage de laquelle ils feront aussi partie à ce moment-là. J’espère que c’est un spectacle qui entraînera un mouvement humain qui prouvera à quel point les gens peuvent s’unir et faire de belles choses ensemble, malgré leurs différences.
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