Talia Chevassus a amélioré ses chronos aux longues épreuves d’ultra-marathon. Photos : Alister Gardner

Talia Chevassus : première femme à courir tout le P’tit Train du Nord sans s’arrêter

Par Luc Robert

L’ultra-marathonienne Talia Chevassus a inscrit son nom dans l’Histoire en devenant la première femme à parcourir d’un seul trait les 202 kilomètres du Parc linéaire du P’tit Train du Nord. Elle a réalisé ce défi en 34 h 53min.

Ce parcours emblématique, reliant Mont-Laurier à Saint-Jérôme sur le tracé de l’ancienne voie ferrée transformée en piste multifonctionnelle, traverse les paysages variés des Laurentides et est fréquenté par les cyclistes et les randonneurs. Mais jamais une femme n’avait encore fait le parcours en continu. Seuls deux hommes avaient déjà réussi l’exploit avec des temps enregistrés officiellement auprès des autorités.

Arriver, coûte que coûte

Photo : Alister Gardner

« Voilà maintenant 4 ans que je cours et deux ans que j’effectue des ultra-marathons. Je suis partie de Mont-Laurier le samedi 28 juin à 9 h 15, pour terminer mon épopée le dimanche 29 juin à 20 h, au km 0 de Saint-Jérôme. En 34 h 53, il y a eu des hauts, des bas, et beaucoup d’incertitude. On ne sait jamais si toute l’énergie investie va porter fruit, jusqu’à la ligne d’arrivée », a confié l’athlète de 32 ans.

Ce défi a revêtu une portée personnelle incroyable pour Talia.

« Je suis toujours à la recherche de mes limites physiques, mais surtout mentales. Ce qui me fascine, c’est de constater à quel point on peut continuer longtemps, après que tout en nous te dit d’arrêter. Dans ma tête, il était certain que je me rendais à l’arrivée coûte que coûte, à moins d’une blessure. C’était le plus gros défi de ma carrière, mais je le savais réalisable : la fatigue n’avait aucune chance de m’empêcher d’atteindre le but », a évalué celle qui a grandit dans les Pays-d’en-Haut

« Après une vie marquée par des migraines chroniques de 5 à 27 ans, des troubles alimentaires et différentes formes d’abus qui ont ébranlé mon estime de moi, l’ultra-trail est devenu un moyen de canaliser la douleur, autant physique que mentale. Maintenant que je guéris, je découvre ce que mon corps et mon esprit sont réellement capables d’accomplir », a évoqué la lucide coureuse.

Originaire des Laurentides, Talia a parcouru des lieux profondément liés à son histoire personnelle : de Sainte-Agathe-des-Monts, où elle a fréquenté le secondaire, à Val-David, où elle passait ses étés, à Sainte-Marguerite et à Saint-Sauveur, sa ville d’enfance.

« Ça fait un an que l’idée de ce projet solo me trottait en tête. Et le sentier évident pour réaliser mon rêve, c’était naturellement le Parc linéaire du P’tit Train du Nord de mon enfance. »

Endurance

Talia Chevassus est une athlète d’endurance passionnée par les défis de longue distance, le contact avec la nature et le dépassement de soi. Formée en biochimie, acuponctrice et coach de course, elle s’intéresse au fonctionnement du corps et de l’esprit.

« J’ai notamment étudier la nutrition sportive. Je savais dans quoi je m’embarquais, même si un mal de cœur survenait. Ma mère et mon copain me ravitaillaient aux 10 km en eau et nourriture. C’est le seul temps que je m’arrêtais un peu, pour mettre mes jambes en l’air et récupérer un brin. Je mangeais des grilled cheese véganes (c’est important pour moi, car je suis végétalienne), de la compote et d’autres liquides pour m’hydrater. »

Talia a puisé l’énergie au plus profond de son être pour poursuivre son idéal. « J’ai canalisé tout le négatif en positif : la douleur, je l’ai choisie et je me l’inflige. Alors, je pouvais aussi courir avec elle. J’ai focalisé sur ma démarche et atteint l’objectif. J’ai pris cette énergie et je m’en suis servie à bon escient. Ça m’a servi de camp d’entraînement pour mon épreuve ultime de l’été. »

Mme Chevassus mettra en effet le cap sous peu en direction du sud de la France. « Ça m’a servi de préparation à l’ultra-marathon de 160 km de Nice, qui se tiendra en septembre prochain, avec un dénivelé de 8 000 m. Je me trouve actuellement en pause de deux semaines, avant de participer à cette épreuve du circuit mondial de courses UTMB. J’effectue de la marche et des étirements seulement. Dès la semaine prochaine, je recommencerai des courses d’une heure. J’ai toujours aimé les épreuves de longues distances. J’améliore mon endurance, pour qu’elle soit à son mieux lors de courses à venir. »

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