(Photo : Courtoisie)
Annie Pinet et ses deux filles, Lorie et Mia.
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« On met en péril la santé de gens qui, d’ordinaire, s’en sortent »

Par Rédaction

Des traitements inaccessibles

Lorsque la pandémie de la Covid-19 a gagné le Québec, Annie Pinet était loin de se douter qu’elle hypothéquerait son quotidien en faisant ressurgir des souffrances liées à l’arthrite. C’est pourtant ce qu’elle a appris, le 13 avril dernier, lorsque son pharmacien lui a annoncé qu’il ne pouvait plus lui remettre son traitement d’hydroxychoroquine (plaquenil).

 

La mère de famille des Laurentides a reçu le diagnostic d’arthrite psoriasique à l’âge de 35 ans. « Les épisodes de crises sont imprévisibles, mais souvent liés au stress, explique-t-elle. Plaquenil avait réussi à me maintenir dans une condition normale au cours des dernières années, me permettant notamment de poursuivre un Baccalauréat en enseignement. »

Aujourd’hui, Annie fait partie des nombreuses personnes qui doivent subir les terribles souffrances liées à l’arthrite, puisque l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a émis un avis selon lequel, sauf dans certaines conditions, l’hydroxychoroquine devait cesser d’être utilisé. Luc Bourassa, pharmacien propriétaire chez Uniprix à Saint-Sauveur a reçu des directives claires allant dans le même sens. « Ça a indéniablement des répercussions sur la qualité de vie des patients, d’autant plus qu’il n’existe aucune alternative à ce médicament », déplore-t-il.

Cette décision concerne la chloroquine et l’hydroxychoroquine. En effet, ces deux molécules font l’objet de plusieurs études dans le monde pour traiter la Covid-19 et les autorités sanitaires anticipent donc une pénurie, comme c’est actuellement le cas pour d’autres médicaments, comme les inhalateurs (Ventolin) utilisés pour traiter l’asthme. « Heureusement, on peut remplacer les inhalateurs par un autre médicament similaire, explique Luc Bourassa. Le danger c’est que l’on se retrouve sans alternative, si la pénurie se poursuit et qu’on vient à court de substituts. »

Mère d’une enfant handicapée

Avec une enfant handicapée à la maison, Annie Pinet ne peut concevoir sa vie sans son traitement. « Ma pharmacienne a tenté de joindre ma rhumatologue pour vérifier si ma situation pouvait être considérée comme une exception, compte tenu des soins que je dois prodiguer à ma cadette, ajoute-t-elle. Malheureusement, je ne fais pas partie des exceptions. »

Depuis le début du confinement, Annie Pinet doit assurer tous les soins pour sa fille : l’habiller, la laver, la faire manger, etc.

« Cela occupe toute la journée, avec l’usage d’un pied, d’une main ou d’un bras en moins. Les nuits sont courtes, à cause des douleurs inflammatoires dans tout mon corps. Parfois j’en pleure, mais le plus triste c’est que ma fille de 10 ans s’excuse de me faire subir ça et que ma grande de 12 ans s’efforce de jouer à la mère, quitte à se blesser, pour m’aider. »

Annie Pinet admet qu’elle se sent abandonnée. « J’ai l’impression que ma santé et celle de ma fille sont très peu considérées dans l’équation ministérielle, déplore-t-elle. À vouloir sauver des vies de la Covid-19, on met en péril la santé de gens qui, d’ordinaire, s’en sortent. »

La mère de famille pense à tous ceux qui, comme elle, voient leur équilibre familial bouleversé par les dommages collatéraux de la Covid-19. « Là, dans nos maisons, en confinement, on est laissés à nous-mêmes avec nos petites maladies pas assez importantes pour qu’on s’en inquiète. »

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