Santé psychologique des adolescents en période de confinement
Par Rédaction
Une chercheuse de l’UQO enquête
Soucieuse de la santé psychologique des adolescents dans le contexte de confinement, une chercheuse de l’UQO de Saint-Jérôme a entrepris une enquête auprès de cette population qu’elle connaît bien. Plus de 2000 jeunes québécois âgés de 12 à 17 ans ont déjà répondu au questionnaire.
Professeure au département de psycho-éducation et de psychologie de l’université, Kristel Tardif-Grenier s’intéresse depuis plusieurs années aux adolescents. Ses recherches ont notamment porté sur les événements qui bouleversent le quotidien des adolescents, comme l’immigration. Elle a donc vu le confinement comme un événement propice à bouleverser le bien-être de cette jeune population. « S’identifier à un groupe de pairs et se détacher des parents figurent parmi les principaux besoins fondamentaux des adolescents, explique-t-elle. Des besoins que le confine-ment empêche de combler, puisque les jeunes se retrouvent enfermés chez eux avec leurs parents. »
L’enquête menée dans tout le Québec, en collaboration avec ses collègues Isabelle Archambault et Véronique Dupéré de l’Université de Montréal, a permis de recueillir des informations sur le bien-être psychologique de jeunes de 12 à 17 ans issus de différents milieux socioéconomiques. « On va pouvoir sortir des résultats très bientôt, indique la chercheuse. On ressent une urgence de communiquer ces résultats parce qu’on veut sensibiliser les gouvernements à l’effet que nos jeunes sont dans une situation inconfortable actuellement. »
Une grande solitude
Deux semaines après le début du confinement, l’organisme Tel-Jeune enregistrait une hausse de 30% des appels. « Le gouvernement s’est assuré d’une certaine continuité pédagogique, mais le bien-être et la santé psychologique des adolescents n’ont pas été adressés, alors qu’ils ont lieu de l’être, croit Kristel Tardif-Grenier. Il faudra voir comment les soutenir et leur offrir des ressources autres que des ressources pédagogiques. »
La chercheuse de l’UQO croit que la fermeture des écoles secondaires jusqu’en septembre est préoccupante. « J’ai l’impression qu’on sous-estime l’importance de l’école dans la vie de nos jeunes, dit-elle. L’école n’a pas qu’un rôle académique; elle est importante pour le développement social des jeunes, pour leur permettre de relâcher la pression qu’ils peuvent vivre à la maison avec leurs parents. C’est normal, à l’adolescence, de vivre des tensions avec les parents! »
L’urgence d’agir a motivé la chercheuse et son équipe à redoubler d’efforts pour sortir des résultats plus rapidement que d’ordinaire. « Nos jeunes vivent beaucoup de solitude actuellement, déplore-t-elle. Ils se sentent très isolés malgré la présence de frères et sœurs à la maison. On commence à réfléchir à des recommandations qu’on pourra faire pour soutenir leur santé psychologique durant le confinement. »
Kristel Tardif-Grenier souhaite poursuivre sa recherche sur plusieurs mois auprès d’un groupe de participants ciblé pour évaluer l’impact à long terme du confinement. « Les adolescents sont la population pour laquelle le confinement va le plus à l’encontre des besoins, déplore-t-elle, étant donné qu’ils sont dans un moment charnière de leur vie où ils développent leur identité, leur personnalité et leur autonomie. C’est probablement le groupe le plus affecté par les circonstances et c’est ceux dont on parle le moins. »