André Sauvé au Patriote

Par Marie-Catherine Goudreau

Le cerveau bien-pensant de l’humour!

Que s’est-il passé pour que, de la danse classique indienne que vous avez enseignée pendant dix ans, vous passiez à l’humour?

J’ai laissé la danse parce que j’étais attiré par les mots. Je ne pensais pas du tout écrire en humour ou même percer dans le milieu, mais c’est un ami qui participait à un concours, où il y avait un volet humour, qui m’a poussé à m’inscrire parce qu’il me trouvait drôle. J’étais réticent, mais j’y suis allé pour relever le défi et ne pas passer pour un gars pas game… J’ai gagné le premier prix! Judi Richards était marraine du concours, et son mari Yvon Deschamps était là. Il a beaucoup aimé ce que je faisais. Il m’a présenté à son agent et c’est comme ça que ça a démarré il y a dix ans. Tout s’est déroulé très vite par la suite. J’ai découvert par contre que je voulais écrire de façon plus sérieuse et que l’humour, c’est juste des lunettes. C’est comme ça que je me suis retrouvé à dire ce que je voulais dire, à travers les lunettes de l’humour.

Vous n’êtes pas un humoriste ordinaire! Votre cerveau tourne comme un hamster, part sur une chire, et revient au fil conducteur de façon subtile, sans jamais oublier ce que vous voulez vraiment dire. Êtes-vous conscient que vous avez un cerveau bien spécial?

Oui et non, parce que moi je suis avec moi-même, donc j’m’étonne plus! (éclat de rire) Mais je crois qu’on pense tous comme ça! Si on pouvait s’enregistrer dans notre tête pendant qu’on va acheter une pinte de lait au dépanneur… on passe peut-être vingt sujets! Moi, j’arrive, par l’écoute intérieure, à poigner ces p’tites affaires-là. Après ça, je les écris de la façon dont ça se passe dans notre tête. Visiblement, les gens se reconnaissent!

Vous êtes comme ça au naturel… ? Est-ce que c’est épuisant?

Oui! Mais je ne voudrais pas être autrement! C’est épuisant dans le sens qu’il y a une part de sensibilité qui ressent les choses, bonnes et moins bonnes, mais je préfère cette sensibilité-là qui parfois épuise, mais me fait gagner ma vie! Le personnage sur scène c’est moi-même… exacerbé, regardé à la loupe… Mais le fond est vrai! J’observe les choses comme ça, sauf que le personnage est beaucoup plus permissif. Il n’a pas de corset, lui. Il n’est pas muselé. Il est libre!

Qu’est-ce qui vous allume? Quel message essayez-vous de passer?

Je ne cherche pas à passer un message. Je pense à moi. À ce qui m’allume, à ce qui tourne dans ma tête en ce moment. C’est de ça que je parle. De toute façon, je préfère que les gens partent avec des questions plutôt que des réponses. Les questions sont beaucoup plus fertiles. Et je m’demande qui suis-je, pour donner des réponses au monde! Par contre, je peux les laisser avec des questions, et ils trouveront leurs propres réponses! Ça, je trouve ça beaucoup plus intéressant.

Ça démontre de la sagesse de votre part!

De la prudence, peut-être? (rires). Lorsque j’écoute les gens qui m’ont inspiré, philosophes ou autres, je préfère moi-même être laissé sur une question, car une réponse parfois ça nous endoctrine, ça nous ferme… peut-être.

Votre écriture doit libérer beaucoup de votre effervescence mentale!

Oui! Ça m’allège! Je suis beaucoup moins congestionné depuis que j’écris. Quand on est poigné avec tout ça et que ça sort nulle part, c’est un désavantage! Mais quand on construit avec cette effervescence, ça devient une mine d’or! Ce que j’aurais voulu me départir de moi-même, me fait me réaliser aujourd’hui, et me fait gagner ma vie! Rien que ça pour moi, c’est un grand enseignement.

Sur le plan mode de vie, discipline, alimentation, vous êtes comment?

Côté alimentation, plutôt clean! Je mange bien, mais ce n’est pas une vertu parce que quand je mange mal, j’me sens vraiment pas bien. Donc, je fais attention à ça. Je pratique beaucoup la méditation, une hygiène mentale qui est entrée dans ma vie il y a une dizaine d’années et que je maintiens. C’est vraiment un équilibre. Elle permet d’entendre les p’tits rouages incessants dans notre tête. Les gens associent beaucoup ce genre de « folie » à des « substances », mais moi c’est sur un p’tit coussin les pattes croisées que je puise dans mon mécanisme mental. Pas dans les substances. De toute façon, les substances qu’on prend déclenchent des choses qu’on a déjà en dedans de nous! Après, c’est d’aller les chercher de façon naturelle, et l’avantage de ça, c’est qu’le lendemain, on s’en rappelle! (éclat de rire spontané)

Les projets?

La tournée se poursuit jusqu’en janvier et après on attaque la France! J’y suis allé quelques fois, mais là, ce sera de façon plus significative. À part ça, toujours de l’écriture, que je destinerai plus précisément au fur et à mesure que ça émergera.

Être d’André Sauvé au théâtre Le Patriote de Sainte-Agathe les 21 et 22 août.

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