Lectures et rythmes d’été
Les recommandations estivales du rédac’chef d’Accès, livrées pour vous!
Lire…
John Grisham
L’Accusé
Robert Laffont
2007
Un «policier» – mieux: un John Grisham! – aux accents de critique socio-juridique du système états-unien: que demander de mieux pour ne pas «bronzer idiot» cet été? L’avocat, devenu le «maître»-ès-polar qui nous a livré, très sommairement résumé en vrac, La Firme, L’Affaire Pélican, Le Couloir de la mort, L’Associé, etc… Dix-huit romans, 18 best-sellers.
Avec L’Accusé, il démonte la machine infernale de l’erreur judiciaire et pose, en exergue, une question troublante: combien d’innocents dans les prisons états-uniennes, pour la condamnation desquels la police et la justice ont accumulé les faux témoignages, les mensonges, les pseudo-expertises?
Extrait:
«Depuis cette date, l’Oklahoma a exécuté plus de détenus par habitant que n’importe quel autre État. Les autres, y compris le Texas, arrivent loin derrière.
Les exécutions ont lieu à McAlester, une prison de haute sécurité située à un peu moins de deux cents kilomètres au sud-est de d’Oklahoma City. C’est là que se trouve le couloir de la mort, dans un bâtiment de sinistre réputation appelé Unité H.»
Jay McInerney
La belle vie
Éditions
de l’Olivier
2007
L’Amérique s’était réveillée un matin des années 1980, ayant accouché d’un auteur qui venait de «saisir» cette décennie comme nul autre, dans un roman qui laissait entrevoir une plume trempant dans l’encrier des plus Grands que les États-Unis aient portés: Bright Lights, Big City (Journal d’un oiseau de nuit) – dont on a d’ailleurs tiré un film assez minable, avec Michael J. Fox (Les Feux de la nuit)… Depuis, bien que les parutions suivantes de l’auteur n’aient pas été à la hauteur des promesses de cette première (sauf peut-être Trente ans et des poussières, qui reprenait un peu la formule de Bright Lights…), chaque nouveau titre reste, même plus de 20 ans plus tard, un événement, incluant cette Belle vie, dans laquelle l’on retrouve les personnages de Trente ans… la veille du 11 septembre. Vies éclatées (de golden boys maintenant quadragénaires) au cœur d’une ville éclatée…
Même si d’autres auteurs ont repris le flambeau allumé par McInerney (Bret Easton Ellis – American Psycho – et Tama Janowitz), McInerney demeurera dans l’imaginaire populaire cet «écrivain star de la jeunesse dorée et branchée des années 80, adepte des nuits blanches sulfureuses dopées à la coke…»
Extrait:
«Partout dans la ville, des familles se réunissent, comme nous aujourd’hui avec des chaises vides, autour de personnes aimées et disparues. Par là, dit-il avec un geste de la main en direction d’une fenêtre dans laquelle se découpait une vue en oblique des tours, il y a un trou dans le ciel. Et ici, en chacun de nous, il y a une blessure qui ne guérira jamais. Je suis heureux que nous soyons ensemble. Et je suis aussi fou de rage.»
Coup de cœur
pour… Coups de tête!
C’est un vrai coup de cœur que l’on a pour la nouvelle maison d’édition Coups de tête, qui publie trois romans (originaux) dans un format «poche», offert à petit prix (10,95$), agréable et léger, parfait pour l’été, au camping ou à la plage: Élise de Michel Vézina; La gifle de Roxane Bouchard; et L’odyssée de l’extase du très urbain Sylvain Houde.
Vraiment, une maison à surveiller… des auteurs à lire!
Extrait:
«S’y enfilent expositions d’œuvres de jeunes artistes, projections vidéo, performances, poésie, concerts pré-post-néo… L’Odyssée de l’extase incarne dans l’imaginaire populaire (et policier) le symbole de la dissidence, de la marginalité, de la subversion, avec sa faune bigarrée, ses spectacles de rock hors normes, ses soirées mémorables sur le dancefloor.»
Sylvain Houde,
L’Odyssée
de l’extase
Coups de tête
2007
Écouter…
Charlélie Couture
New YorCoeur
Pas tout à fait à la hauteur du talent immense du peintre-chanteur, ce New YorCoeur, mais un nouveau Charlélie Couture reste un toujours un incontournable. Le Français, qui a signé l’ineffable Comme un avion sans ailes il y a de ça quelques années, maintenant exilé dans la grouillante Grosse Pomme où son art pictural fait son chemin, livre ici un album résolument urbain, riffs rock (parfois «bluesés») bruts, guitares saturées et rythmes saccadés, sur lesquels il pose une voix qui a abandonné le côté volontairement nasillard qui avait été, depuis ses débuts, sa marque de commerce.
Ce retour à ses premières amours (le rock’n roll), bouclera-t-il la boucle? Cet album sera-t-il le testament du chanteur?
Pour prendre la mesure de l’Artiste: www.charlelie.com
On aime beaucoup les pièces:
Une certaine lenteur rebelle;
Même à Spielberg;
L’empire du pire;
Au cœur de Manhattan.
Extrait:
«Plus on est allumé
Plus on veut la lumière
On n’en a jamais assez
On n’en a jamais assez
Qu’on soit champion
Ou député
Plus on est star
Plus on veut briller
Économiste
Ou banquier
Plus on gagne
Plus on veut gagner
On n’en a jamais assez»
(Jamais assez (Never Enough))
Alfa Rococo
Lever l’ancre
Tout l’été est condensé dans cette galette ensoleillée du nouveau duo québécois Alfa Rococo, croisement entre Ariane Moffatt et Stefie Shock: textes légers, rimes accrocheuses, rythmes ludiques… Bref: des «chansons-velcro»!
On aime beaucoup les pièces:
Lever l’ancre;
Plus rien à faire;
Les jours de pluie.
Pink Martini
Hey Eugene!
Album après album, Pink Martini offre un mélange entre florilège polyglotte, musiques du monde et d’ambiance, et «lounge easy listening» – vous savez, cette «musak» d’ascenseur pour intellos branchés… Pop internationale, bossanova, musiques italiennes, latines, etc… Pink Martini, c’est un peu l’Onu de la musique conviée à une soirée Martini.
(textes: Éric-Olivier Dallard)