(Photo : Félix Benfort - Facebook)

Les veillées des Benfort : Cercle de chansons, d’humanité et de mémoire vivante

Par Alexane Taillon-Thiffeault

En recréant l’esprit des veillées d’antan, Félix Benfort a donné naissance à un espace vivant et chaleureux, où les voix se répondent, se dévoilent, et tissent des liens : les veillées des Benfort, un rendez-vous mensuel à Sainte-Adèle qui est devenu incontournable pour les amateurs de culture, de tradition et d’humanité.

Tout a commencé en 2008, dans le salon de M. Benfort, après avoir constaté un manque d’événements rassembleurs centrés sur le chant traditionnel dans sa région. Il lance alors une invitation à toute sa liste de contacts pour une toute première veillée des Benfort. « On ne savait pas trop dans quoi on s’embarquait », affirme-t-il. Très vite, il voit que l’intérêt dépasse les espérances, et une salle est donc nécessaire pour accueillir tout le monde. Les soirées se déroulent depuis au Musée Zénon-Alary, dans le quartier Mont-Rolland. Jusqu’en 2012, les veillées prennent racine et grandissent. Puis, une pause s’impose, pour s’occuper des jeunes enfants.

C’est justement sa fille aînée qui rallume l’étincelle en 2023. « Elle disait que ça lui manquait. Elle me disait, « papa, est-ce qu’on pourrait des fois refaire des veillées comme quand j’étais petite? » », raconte-t-il. Ce qui devait être un événement unique devient donc récurrent. Portées par l’enthousiasme collectif, les veillées reviennent au rythme d’une par mois, tous les deuxièmes samedis du mois.

Chant, partage et communauté

Le déroulement est simple, mais puissant. Les portes ouvrent dès 16 h, ensuite on chante jusqu’à 18 h 30, puis on partage un grand repas convivial, formule potluck. Vers 19 h 30, on replonge dans le chant, sans heure de fin. Tout se passe en cercle. L’idée du cercle repose sur le fait que chacun peut prendre la parole à son tour, sans avoir à s’imposer. On n’est jamais forcé de s’exprimer, mais si l’envie est là, on a le temps de s’y préparer, en sachant que son moment viendra, selon M. Benfort.

Le répertoire de chansons se veut enraciné dans la tradition, mais reste très ouvert. On y chante des chansons à répondre, des complaintes, des chansons de métier, mais aussi des chants en bulgare, en chinois, en italien. « Et si quelqu’un veut aller voir de la chanson populaire, on va l’accueillir à bras ouverts, parce que ce qui est le plus important, c’est le plaisir de chanter ensemble », souligne Félix Benfort. Cette inclusivité se manifeste aussi dans la diversité du public : des personnes de tous âges, des familles, des personnes queers, des personnes neurodivergentes, tous réunis par la musique et l’écoute.

Les veillées ne sont pas un spectacle, insiste-t-il. « Ce qui est intéressant, c’est de donner un espace où la culture n’est pas consommée. On ne vient pas s’asseoir et juste recevoir un spectacle pour consommer la culture. C’est un lieu où tout le monde devient créateur. »

Et que souhaite M. Benfort pour l’avenir? « Simplement que ça continue d’exister. Peut-être un des rêves fous, ce serait de voir des petits naître de ça, et de voir qu’à d’autres endroits, des espaces de liberté créative comme ça, autour de la tradition, puissent exister. […] Parce que la tradition se transmet, puis la tradition n’est pas figée dans le temps. Ça devient un patrimoine vivant. Donc c’est rempli d’espérance pour demain », conclut-il.

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