(Photo : Courtoise)
Carole Laure.

Livre : la vraie nature de Carole Laure

Par Joëlle Currat

Figure marquante de la culture québécoise et francophone, Carole Laure vient d’écrire son premier roman « Je ne m’éloigne jamais trop de la maison Â». Un récit émouvant sur son enfance à Shawinigan.

On l’a entendue chanter sur disques et sur scène, danser avec Louise Lecavalier, jouer dans les Å“uvres de Gilles Carle et de Bertrand Blier, scénariser et réaliser elle-même des films. Depuis peu, Carole Laure s’essaie à l’écriture de romans, avec succès là aussi à en lire les premières critiques à propos de « Je ne m’éloigne jamais trop de la maison Â», publié chez vlb éditeur. On y découvre la femme et surtout l’enfant qu’elle a été en Mauricie, sa région natale. Par petites touches, comme sur un tableau impressionniste, elle remonte le cours tumultueux de la rivière Saint-Maurice jusqu’à ses origines et nous parle de sa mère adoptive, de son village et de ses premiers émois. Ce livre, qu’elle qualifie de roman d’apprentissage, traite essentiellement de la filiation, de l’attachement et du grand amour. Entre souvenirs et imaginaire.

Ma maison, mon ancrage

« Je ne m’éloigne jamais trop de la maison Â». Le titre intrigue. Quel sens lui donne Carole Laure ? « Cela signifie que, dans ma vie, je ne me suis jamais éloignée de mes origines, répond-elle. Comme j’ai vécu toute mon enfance dans la même maison, elle est très présente dans mes souvenirs. Â» Cette phrase elle l’entendait aussi prononcer par Blanche, sa mère adoptive, soucieuse de protéger ses enfants. « Comme on vivait au bord d’une rivière, nos parents veillaient à ce qu’on n’aille pas trop loin. Â» Ce premier roman est né d’un besoin naturel de se raconter, mais ce n’est pas une autobiographie, tient à préciser son auteure. « Plus on vieillit, plus on repense à son enfance. Mes souvenirs remontent à la surface et j’avais envie de les coucher sur papier Â», dit-elle. La comédienne et chanteuse avait déjà écrit des scénarios, un exercice qu’elle a trouvé assez contraignant à cause des budgets alloués à la création d’un film. « Dans un livre, on jouit d’une plus grande liberté. Je peux m’imaginer voler dans les airs ou plonger au fond de l’océan, il n’y a pas de limites et c’est très agréable ! Â» Elle est d’ailleurs déjà en train d’écrire un deuxième roman qui, cette fois-ci, sera une pure fiction.

La figure maternelle

Le personnage principal du roman de Carole Laure est la mère. Une mère biologique qu’elle n’a jamais connue, une mère adoptive qui l’a choyée et une grande sÅ“ur qui a également joué le rôle de mère dans son enfance. « J’ai été heureuse dans ma famille d’adoption, même si j’étais frustrée de ne pas avoir connu ma vraie mère. Mais je la fais vivre dans mon roman Â», confie-t-elle. Ce livre contient aussi en filigrane le thème de la résilience, si cher au neuropsychiatre et auteur Boris Cyrulnik qui a fait connaître ce terme au public francophone. Celui-ci a bien voulu écrire une postface dans le livre de Carole ajoutant ainsi des éléments qui permettent de mieux comprendre le destin des personnes orphelines. Est-ce que, comme pour beaucoup d’auteurs·trices, l’écriture de ce livre a eu une fonction de thérapie ? « Je dirais que tout processus de création est toujours un peu thérapeutique, surtout quand on parle de soi. Mais ce n’était pas mon intention première. Â» Carole Laure fait remarquer que beaucoup de livres qui sont sortis cet automne ont pour thème la mère et l’enfance, que ce soit ceux d’Amélie Nothomb ou d’Emmanuel Carrère, par exemple. « Je ne sais pas si c’est le climat mondial qui nous pousse à écrire sur des sujets réconfortants Â», dit-elle en riant.

Un milieu naturel

Étant donné sa carrière d’actrice, de scénariste et de réalisatrice, on pourrait se demander si Carole Laure a déjà pensé faire un film à partir de son roman. « Si ça arrive un jour, c’est sûr que ce n’est pas moi qui le tournerai Â», dit-elle avec conviction. Si on la suit sur les réseaux sociaux, on peut voir ses photos de chevreuils et de son boisé situés à Morin-Heights. Voilà une autre maison qu’elle chérit et qui est devenu un lieu de rendez-vous familiaux. Elle y passe au moins trois jours pas semaine. Comme celle de son enfance, cette maison est près d’une rivière et d’un lac, un paysage dont elle n’a jamais pu se passer.

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