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Poésie

Par Reine Coté

L’art qui se décloisonne!

La poésie peut-elle se réinventer? Tirera-t-elle profit des voix multidisciplinaires dont on l’entoure de plus en plus? Depuis quelques années, l’Association des auteurs des Laurentides s’emploie à rendre accessible à tous, y compris à la génération Web, cet art que l’on dit vieillot. La créativité n’aura jamais été aussi séduisante.

Qu’on se le dise, une brochette d’activités est proposée du 2 au 9 avril dans les Pays-d‘en-Haut à l’occasion de la Semaine de la poésie des Laurentides. Le coup de départ : une belle soirée à la bibliothèque Claude-Henri-Grignon de Sainte-Adèle où s’exprimaient poètes amateurs et professionnels sur les notes évocatrices de l’accordéoniste Chantal Urbain.
Si certains ont profité du « micro ouvert » pour présenter haut et fort leur création, d’autres y ont à coup sûr charmé l’assistance avec leurs jeux de mots rafraîchissants après le bref hommage à Hélène Dorion, poétesse laurentienne reconnue pour l’élégance et la justesse de sa plume.
« On dit que la poésie est le parent oublié. Je pense que c’est peut-être le parent dont on a le plus besoin dans la société (bouleversée) actuelle. La poésie a ce pouvoir de donner de la beauté aux paysages intérieurs », a lancé la poétesse Dorion.
Parmi les poètes invités, retenons Patrick Dubé, l’universitaire Sara Marchand, mais surtout le marchand d’idées Marc Sauvageau, que l’on qualifie de fabuliste. Il fallait l’entendre manier astucieusement les calembours à répétition et inclure le conte à sa poésie, telle celle du « Dragon dragueur », que l’on retrouve dans son recueil Et Dieu créa les animaux à notre image.
« Depuis l’âge de la maturité, Brandon, dit le dragon dragueur, adorait charmer, voire allumer toutes les dragonnes en chaleur résidant dans la vallée. Peu importe leur corpulence, la longueur de leurs cheveux, la couleur de leurs yeux, le degré de leur intelligence. Conquérir des âmes fragiles, tel était son objectif peu subtil. »
Patrick Dubé y est allé de vers nettement plus coquins : « Je pense à toi et j’ai plus de peau… Ma langue se tatoue la route des épices dans ton dos. »

Influence du slam

Dans une courte entrevue en marge de l’événement, Marc Sauvageau affirmait que la poésie est en train de se dynamiser. « Au départ, la poésie était de la création, mais avec le temps, elle s’est cloisonnée. Dans les écoles où je vais, la plupart des élèves me répondent « non » lorsque je leur demande s’ils aiment la poésie. On leur apprend encore à l’écrire en sonnets. Lorsque je leur explique ce qu’est la poésie, ils s’ouvrent. »
Ce dernier considère d’ailleurs l’intérêt croissant pour le slam comme une bonne influence. « Le slam, c’est la poésie des jeunes et c’est un courant très fort en Europe. Il y a des événements autour du slam attirant parfois des milliers de personnes », note-t-il.
« Mais il y a encore du travail à faire pour changer l’image hermétique de la poésie », admet-il.
« Il y a beaucoup de jeunes qui s’intéressent à la poésie, surtout la poésie urbaine », indique pour sa part Sara Champagne, qui a 24 ans et étudie en Création littéraire à l’UQAM. Elle écrit de la poésie et du théâtre.

Activités

Au cours de la semaine, plusieurs activités se tiendront. Le 8 avril, de 14 h à 16 h, Hélène Dorion signera des autographes à l’occasion de la sortie récente de son recueil Le temps du paysage à la librairie L’Arlequin de Saint-Sauveur. Les 9 et 10 avril, elle animera un atelier de création littéraire à la gare de Piedmont, de 9 h à 16 h. L’événement annuel se clôturera avec la soirée Poésie Académie, au Café Carrousel de Saint-Jérôme.
Les rendez-vous poétiques se multiplient depuis quelques années. Certains poètes se rencontrent tous les deux mois au Café Carrouse de Saint-Jérôme, d’autres au café-bistro Le Mouton noir, à Val-David, ou encore aux Quinzaines de poésie de Saint-Eustache, sans parler des événements ponctuels comme la Nuit de la poésie, tenue à l’automne.

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