(Photo : Courtoisie)
Camp de Base s’inspire de l’échelle de difficulté utilisée en escalade pour indiquer la force de ses bières, comme V5 pour sa Pilsen.

Seul pour tenir le camp

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Sèches, amères, faciles à boire : les bières de Camp de Base, à Saint-Adolphe-d’Howard, se distinguent par leur simplicité et leur équilibre. Pourtant, depuis sa création en 2017, la modeste microbrasserie n’existe que grâce au dévouement d’un seul homme.

Avant de démarrer Camp de Base avec sa conjointe, Lucie Boulanger, le maître-brasseur Alexandre Sirois a travaillé pendant 10 ans dans un broue pub où la production était plus grosse et industrielle. « J’aimais moins ça. Je voulais quelque chose de plus petit, de plus créatif et artisanal », raconte-il.

Alexandre a donc loué un petit local au cœur de Saint-Adolphe pour brasser ses propres bières. Mais aujourd’hui, il est victime de son succès. « On manque d’espace. C’est un enjeu réel, qui commence à être un peu compliqué. » Par exemple, il doit louer un entrepôt à Sainte-Agathe pour recevoir son grain et ses canettes. Il est aussi limité dans le nombre de bières qu’il peut brasser.

« La production se fait à un seul homme. Je suis tout seul. Lorsque je remplis les canettes, on est deux : Julie me donne un coup de main. » Malgré son petit local et uniquement ses deux bras, le maître-brasseur distribue ses produits dans environ 80 endroits. « Là-dedans, il y en a qui commandent ponctuellement ou seulement les produits spéciaux. On fait la distribution nous-mêmes. Il y en a peut-être 60-70 qui sont dans les Laurentides : des magasins spécialisés, des épiceries, des restaurants… […] Les restos sont environ 40 % de nos clients. »

Prendre rendez-vous

Il n’est pas possible de goûter les bières de Camp de Base sur place, faute d’espace. Mais le contact avec les clients commence à manquer à Alexandre, avoue-t-il. « Tu as leurs commentaires directement. Et si les bières sont bien présentées, elles sont plus appréciées. Notre bail de 5 ans arrive à échéance, donc on est en réflexion intense, à savoir qu’est-ce qu’on va faire pour les années à venir. » Un salon de dégustation s’ajoutera peut-être à la microbrasserie, laisse entendre le maître-brasseur.

On peut néanmoins se procurer les bières au local, mais il faut d’abord prendre rendez-vous. « À deux, on ne se fixe pas d’horaire. Mais moi, finalement, je suis tout le temps ici. Je suis accommodant : je viens à l’heure où les gens prennent rendez-vous. »

Le renouveau du village

S’il est possible que Camp de Base déménage, l’entrepreneur compte rester dans le village qu’il a choisi. « J’habite à Val-David. […] On voulait s’installer dans les Laurentides, le plus près de chez nous, idéalement dans un village où il n’y avait pas de microbrasserie. Saint-Adolphe-d’Howard répondait au critère. C’est un pari, mais on veut participer au renouveau du village, mettre de l’avant le plein air. En face il y a l’école d’escalade [Attitude Montage], et le mont Avalanche pas loin. Il y a un beau réseau de vélo de montage 3 saisons, et on a commandité le développement des pistes. […] Il y a de quoi qui se passe. »

Équilibre et buvabilité

Alexandre affectionne les bières d’inspiration allemande. « Mes mots d’ordre sont équilibre et buvabilité. » Sa préférée est sa Pilsen : sèche, amère et facile à boire. Par contre, comme elle est fermentée à froid, elle prend un mois à brasser, et Alexandre peine à répondre à la demande. Sa IPA des Laurentides est aussi très populaire. « Elle est inspirée de la première vague des IPA : grosse amertume, peu de sucre résiduel, un nez fruité et résineux. Elle n’est pas sucrée ni lourde. Les New England IPA sont trop sucrées à mon goût. »

Alexandre Sirois est seul à brasser ses bières, qui sont disponibles dans environ 80 endroits au Québec. Photo : Courtoisie

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