Succulent!

Par stephane-desjardins

Dialogue avec mon jardinier

Dialogue avec mon jardinier est un de ces films qui ne déçoit pas. Impossible de détester, en fait, l’œuvre de Jean Becker, inspiré du roman d’Henri Cueco, tellement on s’attache facilement à ce fameux dialogue entre les deux personnages principaux du film.

Le titre résume parfaitement de quoi il s’agit: un peintre qui a fait fortune à Paris décide de revenir s’installer dans la maison familiale, située dans un petit village de la campagne française. Notre homme (Daniel Auteuil) traverse une crise: ses infidélités et (on le devine) une propension à être centré sur lui-même ont poussé sa femme à demander le divorce. Mais le peintre est toujours en amour avec elle. Profondément. Et malgré sa manière un peu étriquée de considérer le sexe comme un élément souvent externe à sa vie conjugale.
À son arrivée à ses nouveaux quartiers, il découvre que le jardin est un véritable champ de bataille. La végétation s’y livre une lutte sans merci pour occuper le terrain. Il décide donc d’engager un jardinier (Jean-Pierre Darroussin). Ce dernier a, notamment, le mandat d’aménager un potager. Ça tombe bien, c’est sa passion. Mais, plus que le jardin, les deux hommes, des copains d’enfance, se découvriront une amitié immédiate, solide et durable. Pourtant, et c’est là que le film est intéressant, tout les oppose. Le peintre est un intellectuel riche, qui fricote avec les milieux branchés et dont la vie amoureuse est effrénée. Le jardinier est un homme du peuple, qui connaît parfaitement les limites de son statut de col bleu (c’est un ex-cheminot), qui mène une existence tranquille, faite de petits bonheurs simples, dans un HLM.

On l’aura compris: la force du film réside justement dans cette différence, qui rapprochera les deux hommes et permettra un dialogue truculent sur les réalités de la vie. Il s’agit d’un procédé narratif assez classique. Une telle amitié est tout à fait plausible et existe partout dans la vraie vie. Le film d’ailleurs ne pêche pas par son originalité. Mais il livre la marchandise avec une telle aisance, une telle adresse, un tel naturel, qu’on tombe immédiatement sous son charme. Becker a magnifiquement dirigé ses deux comédiens, qui en mettent plein la vue sans jamais tomber dans l’hyperbole. Un jeu subtil, humain. Messieurs Dupinceau et Dujardin nous offrent des dialogues absolument succulents. Impossible d’y résister. Voilà un des grands films de 2007. Un des meilleurs.

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