(Photo : Courtoisie)
Bernard Anton réside dans les Laurentides. Il est enseignant et compte une cinquantaine d’oeuvres à son actif.

Une réflexion sur la violence par la poésie

Par Marie-Catherine Goudreau

Dans son plus récent recueil de poésie, Lauriers pour l’Ukraine, lancé le 12 juin dernier, Bernard Anton réfléchit sur la violence de la guerre en Ukraine.

« Ça s’est imposé tout seul », affirme l’auteur de Prévost d’entrée de jeu. Il ne pouvait pas rester indifférent à tout ce qu’il voyait dans les médias. « Je ne suis pas soldat, je n’irai pas faire la guerre. Avec ce recueil, j’ai eu une longue réflexion sur la violence. J’ai combattu avec mes mots. Pour moi, ne pas dénoncer, c’est approuver cette guerre », dit-il en entrevue avec le Journal.

« Dans le recueil, je fais la guerre à la guerre. Avec mes mots, mes images, je dénonce ces horreurs », soutient l’auteur. « J’invite le lecteur à réfléchir sur ces scènes pathétiques, émouvantes, cruelles. Est-ce qu’elles sont acceptables ? Chaque fois que le lecteur tourne une page, c’est la question qui est posée. »

Selon lui, les artistes, peu importe leur discipline, sont des « éveilleurs de conscience ». « Je m’engage pour l’humain, pour la justice, pour ceux qui souffrent », affirmet- il. Il s’est retrouvé malgré lui à faire de la poésie « engagée humainement ». « Ça devient de l’art social. C’est très profond. Ça prend une autre dimension. » L’écriture de ce recueil a aussi été pour lui comme un exutoire pour sa colère, son indignation, face aux injustices de cette guerre.

Bernard Anton participera à la rencontre culturelle en soutien à l’Ukraine. Celle-ci aura lieu du 17 au 19 juin à la Galerie ROD à Saint-Sauveur. Il y lira des extraits de Lauriers pour l’Ukraine. Vous pouvez vous procurer le recueil en ligne chez tous les libraires marchands.

La guerre n’est pas un thème que Bernard Anton traite généralement dans ses oeuvres. Il choisit plutôt d’aborder l’amour et la paix.

« On est loin de la douceur avec la violence de cette guerre. »

Quant au titre, l’auteur a changé plusieurs fois d’idée. Il s’est finalement arrêté sur le mot « lauriers ». « C’est comme de donner un laurier pour chaque soldat, chaque Ukrainien, mort dans des circonstances épouvantables. Dans les lauriers, il y a la compassion, l’admiration, l’amour », explique-t-il.

Les haïkus pour dénoncer

Le recueil de poèmes est composé de haïkus. Ceux-ci sont de brefs poèmes « lapidaires » d’origine japonaise. Bernard Anton a toujours aimé cette forme de poésie, très concise, composée de 17 temps en japonais, en trois vers.

« Ça ne trompe pas. Ça cible d’une façon très forte l’émotion, une scène, un tableau, un évènement. C’est très précis, comme un coup de fusil. PAF! Il ne faut pas rater son coup », lance-t-il.

Selon lui, des poèmes de 30 vers ou plus auraient été « insoutenables », en raison des « horreurs, les unes après les autres ». « Les haïkus sont comme des petites chandelles. Comme des lampions qu’on allume devant ce film horrible qui se déroule devant nous. »

Derrière eux l’horreur

Soleil et lune témoins

Terres éventrées

Deux coups de canon

L’auto est pulvérisée

Vieux carbonisés

La boue protectrice

Enlise les ennemis

Ah! Mère nature!

Villes à genoux

Mort des aurores blessées

L’esprit tient debout

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