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Réalité entrepreneuriale

Par Jean-Claude Tremblay

Chronique affaires et économie
Jean-Claude Tremblay, MBA Collaboration spéciale
jctremblay@cogitas.ca
 
La semaine passée, nous étions en pleine semaine mondiale de l’entrepreneuriat, événement qui chaque année prend de plus en plus d’ampleur autour du globe. Avec une panoplie d’initiatives et de festivités pour mousser le fait entrepreneurial, les Laurentides n’étaient pas en reste, alors que la SADC, les MRC, chambres de commerce et autres organismes ont tenu plusieurs activités et promotions. D’ailleurs, plusieurs initiatives se poursuivront jusqu’au 23 novembre.
Dans la foulée, l’organisme OSEntreprendre qui a pour but de faire rayonner les initiatives entrepreneuriales a le bonheur de compter sur Pascal Martel et Guillaume Laporte des Boutiques Griffon, comme coprésidents d’honneurs du volet jeune entrepreneur, section Laurentides.
Connaissant très bien le parcours des deux hommes, qui en plus de leurs magasins à Saint-Sauveur et Saint-Jérôme sont en pleine expansion ailleurs au Québec, je sais qu’ils sauront inspirer et transmettre leur passion à nos jeunes.

Le côté sombre

L’entrepreneuriat, c’est essentiel à la survie et au développement de toute nation. Cependant, l’entrepreneur est un peu devenu un animal de cirque, un terme fourre-tout à la mode. Ce faisant, on assiste à une glissade opportuniste qui risque d’envoyer le mauvais message à ceux désireux de se lancer en affaires : l’idée que c’est vite, rose, et facile. Le phénomène s’explique entre autres, par la prolifération des émissions de gratification instantanée de style « Dragon », où l’on mélange vedettariat et entrepreneuriat.
Depuis l’avènement de cette téléréalité, que dis-je, de cette lucrative franchise diffusée dans une trentaine de pays, plusieurs pensent que c’est ça, être entrepreneur.
Tu présentes ton projet, ça dure 60 secondes, on te pose quelques questions et tu reçois de l’argent (ou non), de gens devenus vedettes pour leur passage au petit écran, et beaucoup moins connus pour leurs accomplissements.
Certes, la plupart des « dragons » sont de réels entrepreneurs, mais le format compressé et tape-à-l’œil donne une fausse impression de la réalité des gens d’affaires, et ceux en devenir. Pour connaître Danièle Henkel, je peux vous assurer que l’émission ne représente pas un millième du travail colossal qu’abat quotidiennement (et depuis des années) cette résiliente femme d’affaires.

La vraie vie d’entrepreneur

Je connais une commerçante de Saint-Sauveur qui se bat toujours contre de puissantes bannières et qui a été 12 ans sans prendre de vacances. Elle a vécu longtemps sur la marge de crédit juste pour nourrir les siens. Je connais aussi un propriétaire de boulangerie de Saint-Jérôme qui a monté son entreprise de toute pièce, qui est au travail à trois heures chaque matin, au moins 14 heures par jour, six jours sur sept. Il n’y a rien de « glamour » là-dedans, même s’il adore son métier. Vous pensez que c’est différent chez les entrepreneurs multimillionnaires ?
Je peux aisément vous confirmer que la majorité des gens de ce statut dans mon réseau travaille plus fort aujourd’hui qu’à leurs débuts, car si le sommet comporte d’importants avantages, il vient aussi avec un prix.
L’entrepreneuriat n’a rien à voir avec aisance et pognon, et tout à voir avec travail et passion.
L’entrepreneuriat, ce n’est pas Aurore l’enfant martyre, mais dans une société où l’on prône la facilité et l’instantanéité, il est irresponsable de véhiculer des faussetés, en disant aux gens qu’ils n’ont qu’à « cliquer » pour prospérer.
L’entrepreneuriat, c’est une démarche qui se doit d’être toujours authentique, et souvent artistique. C’est la liberté, la coopération et la promesse d’un monde créatif et résolument meilleur, mais jamais plus facile.
L’avenir ne consistera pas à déterminer si oui ou non, une personne serait intéressée de « devenir » entrepreneur, car tout le monde l’est déjà, à sa façon, en cette ère du « moi incorporé ».
Sachant qu’il y a plusieurs modèles d’entrepreneuriat, l’important sera d’encourager les gens à découvrir leur passion et leur unique talent qu’ils voudront partager allégrement dans la formule qui servira le mieux leur désir de contribuer et de progresser, au grand bénéfice de la collectivité.

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