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MYTHE ou EXEMPLE? (Partie 2)

Par Éric-Olivier Dallard


Stowe, Vermont

Voici la seconde partie de l’exploration inspirante de Stowe… Alors que la MRC des Pays-d’en-Haut entend mettre la région sur les rails du plein air et du sport, et que certains de ses maires souhaitent s’inspirer de se qui ce fait ailleurs au Québec et même aux États-Unis, Michel Kieffer, ancien photographe-reporter pour Accès, a accepté de livrer ce témoignage sur son «expérience américaine» à Stow, une ville du Vermont qui s’est forgé une identité qui pourrait bien tenter nos élus laurentiens…

Eric-Olivier Dallard

Accès: La vie à Stowe et celle de ses habitants, c’est quoi quotidiennement?

MK: Rarement un touriste s’intéresse à la vie de ses habitants. Histoire de me faire une tête, j’ai rencontré quelques-uns de ses habitants récemment, pour qui le Mythe de Stowe est bien réel et de vérifier si sa réputation n’est pas surfaite. Même si à première vue c’est toujours plus beau chez le voisin, j’ai finalement vu bien des similitudes entre Stowe et Saint-Sauveur. Pour y voir clair, je m’y suis rendu à deux occasions l’automne dernier; en fin de semaine et en milieu de semaine. Par exemple la fin de semaine de notre Action de grâce et de leur Columbus Day, la circulation automobile était monstrueuse, les rues de Stowe étaient aussi congestionnées qu’à Saint-Sauveur-Piedmont. Un copier-coller et je dirais même pire. Mais les activités aux alentours faisaient en sorte que j’étais en mesure d’y trouver un réel plaisir. J’ai été refoulé malgré moi à Waterbury dans une foire d’automne et j’ai dîné dans un restaurant de type familial. Agréable journée. Comme tous les hôtels, motels et B&B étaient depuis plusieurs semaines déjà complets et sans possibilité de trouver une seule chambre dans la région, j’ai du cette fin de semaine coucher à North Hero sur Grand Isle. Une autre découverte et que du plaisir et encore du plaisir. Trois semaines plus tard, à mon deuxième séjour d’automne, j’ai rencontré à Stowe, des travailleurs municipaux, la directrice du marketing Jasmine McLean de la Chambre de commerce, quelques commerçants, des villageois et des touristes. Étant voisin de leur nord, je constate que leur rythme de vie me semble relaxe et leur approche très informelle, à l’américaine quoi! Bref, j’ai eu une très bonne impression de nos voisins immédiats.

Accès:  Avez-vous rencontré le Maire de Stowe?

MK: Comme vous le savez déjà, je m’intéresse à la vie municipale de Saint-Sauveur et ce, depuis plusieurs années à titre de résident permanent. Je souhaitais donc rencontrer le maire de Stowe. À la mairie pas de bureau de maire. Étrange me dis je. Alors je me rabats au bureau du directeur général de la ville de Stowe que je souhaitais aussi rencontrer. Même sans rendez-vous, j’y suis bien accueilli et invité à son bureau. Son nom: Charles Stafford, c’est le town manager. Alors ce maire comment se nomme-t-il? Réponse troublante: Il n’y en a pas! S’il n’y a pas de maire, comment la ville est-elle gérée? J’ai rapidement su que celui-ci administre la ville avec une équipe de 60 employés. Notons que Stowe, possède en plus des services habituels d’une ville, son propre service de distribution électrique avec 15 employés, son service de police avec 11 agents et, de prévention des incendies avec 40 pompiers volontaires. Cette ville possède aussi son aqueduc, son usine d’épuration des eaux usées, ses écoles. Du côté des élus, il n’y en a que 5 et ceux-ci forment ce que l’on peut qualifier de Conseil d’administration nommé The Selectedboard. Ils sont élus à tour de rôle pour un mandat de 3 ans. Un chairman et un vice-chairman sont désignés parmi eux. Tous sont partie prenante d’un gouvernement municipal.

Le town manager rencontre publiquement, aux deux semaines, les élus de son CA. et annuellement, en mars, se déroule une réunion des citoyens. La participation dépasse les 300 personnes. À cette réunion tenue le samedi, l’ordre du jour est le moment dédié pour faire adopter par les citoyens à main levée, plusieurs résolutions et plusieurs projets d’envergure. Le droit de parole de l’assistance est possible à tout moment lors de ces délibérations, et les photographes ont toute liberté d’immortaliser l’événement. La télévision locale couvre cette réunion annuelle. Un projet enviable s’est vu accepté et voté favorablement les crédits pour la construction d’un aréna de 6 500 000$. Stowe ne fait pas exception, car ce mode d’opération se retrouve dans d’autres états, villes et villages aux États-Unis. D’autres projets importants ont été votés aussi très positivement.

 

Accès: Pouvez-vous nous donner un autre exemple de projets qui peuvent être votés par les citoyens?

MK: Donc en mars 2012 un groupe à but non lucratif de citoyens; The Stowe Land and Trust, a demandé à la ville de Stowe de contribuer à l’acquisition d’un terrain d’une valeur de 1 525 500$ dans le Cady Hill Forest. La ville et ses citoyens ont voté favorablement à cette merveilleuse idée. Ce projet très important favorisera l’agrandissement de terrains déjà réservés à la population pour permettre à tous d’exercer des activités de plein air. Ce projet combine tout ce que nous aimons de la conservation des terres, de son habitat, de la protection environnementale et cela tout près du cœur village de Stowe. L’accès, « sans jeux de mots », y est déjà gratuit. De plus, cette fondation veille au grain et travaille aussi à la mise en valeur de fermes, afin de maintenir les activités de production laitière et autres. Ces projets sont financés par plusieurs sources, la ville et sa population y mettent aussi l’épaule à la roue. Voilà un très bel exemple de vie dans un état et une ville qui ont une vision à long terme.

Accès: C’est donc un état écolo! Avez-vous un exemple hors du commun?

MK: Aux abords de l’entrée de Stowe, je suis arrivé dans un espace étrange. Je suis demeuré surpris pour ne pas dire ébahi. Collé sur la route, non pas des éoliennes mais six très grands capteurs solaires. J’ai pris le temps de visiter cette installation et aussi de me renseigner. Un

opticien d’ordonnance, le Dr.</p>

Robert Bauman avec ses associés ont décidé de prendre le virage de l’électricité solaire. L’expérience semble concluante puisque l’été 60% de leur approvisionnement en électricité est issu de leur propre installation et 80% en hiver. Un choix écolo et prometteur pour eux et 7 autres sites privés dans la région. À cela s’ajoute une ferme laitière qui tente d’innover en la matière et nomme sa production électrique Cow Power.

 

Accès: Diriez-vous que la région de Stowe est un exemple pour tous?

MK: Je dirais que oui! Mais une chose demeure, trouver sa place dans son milieu de vie donne parfois de grandes joies. Et ce qui compte c’est de réussir nos objectifs et d’avoir un environnement qui nous rend heureux. Améliorer notre environnement, notre qualité de vie et apprendre à vivre ensemble est toujours le même défi au Vermont comme au Québec. Seuls les moyens peuvent différer. Mais comme l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, et qu’en plus cette ville est située dans La Forêt nationale des Montagnes-Vertes, nous avons beaucoup de travail qui nous attend afin de nous projeter dans une vision qui arrime les meilleurs intérêts de la population.

 

 

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