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Interdit aux hommes

Par Josée Pilotte

Cette chronique est donc pour vous mesdames. J’ai besoin de jaser juste entre nous.

Je ne sais pas pour vous, mais je m’ennuie de nos soupers de filles qui, malheureusement, se font de plus en plus rarement. Nos horaires de fous à courir comme des poules-pas-d’tête, à gérer l’agenda présidentiel de nos enfants, sans compter la job, le chum, la belle-mère, le gym, le chien, l’épicerie, font qu’on se voit moins souvent, ne trouvez-vous pas?!

 

Je vous le dis tout de suite, je ne suis ni en panne de désir ni dans une quelconque crise identitaire/quarantaine, ni en quête de mon-moi-supérieur, ni même de mon poing G…

Non, rien de cela; je dois simplement vous avouer quelque chose.

 

Remarquez que je ne suis pas la seule sur cette terre à qui cela est arrivé, nous sommes en fait plus de 65 millions de femmes (sans compter celles qui ne l’ont pas avoué) à avoir osé. OSÉ!!! Déjà rien que le mot est excitant, ne trouvez-vous pas?! Mais je m’égare un peu là…

Je disais donc que nous sommes plus de 65 millions de femmes à avoir osé. J’admets sans trop de pudeur être sur le cul par l’ampleur du phénomène, mais tout comme vous (je suppose), j’ai participé à cette orgie collective de mon plein gré. Remarquez que ça en dit long sur notre époque et sur nous, les femmes. Mais je me demande encore pourquoi ai-je tourné l’une après l’autre ces 599 pages comme une adolescente en chaleur?

 

Bon. Je vais le dire enfin.

J’ai lu Fifty Shades of Grey. Cet Harlequin 3X, ce Cendrillon sado-maso, le Harry Potter pour Moms en manque de fantasmes. Voilà je l’ai dit.

Je ne veux pas verser dans la psycho-pop ou bien encore dresser là un portrait sociologique, ni même juger l’monde (et je m’inclus) mais on va se dire les vraies affaires: Ce n’est pas une grande œuvre littéraire et ça ne gagnera pas non plus le prix Goncourt 2013. Je dirais même que c’est de la littérature-poubelle. Même si la littérature érotique existe depuis des siècles, nous sommes très loin du Marquis de Sade ou d’Anaïs Nin qui, par leurs mots, ont marqué l’imaginaire collectif. Alors pourquoi? Cela doit bien avoir une valeur dans notre société moderne et débridée, puisque ce livre (bon ou mauvais) s’est vendu à plus de 65 millions d’exemplaires dans 70 pays.

 

Oui pourquoi?

Est-ce qu’il manque tant que ça de piquant dans nos chambres à coucher? Ou bien au-delà de la sexualité, n’y a-t-il pas dans ce livre le symbole de la femme «prise en charge» par son Jules qu’on savoure en cachette?  Non mais pensez-y mesdames, on a voulu se libérer, prendre en charge notre vie et, avouons-le, notre «vagin»; mais secrètement ne rêvons-nous pas toutes encore du prince charmant?

 

Nous avons castré nos hommes avec le féminisme-extrême, jeté le bébé avec l’eau du bain… Résultat? Aujourd’hui, en 2013, on fantasme en lisant un livre cul-cul, comme des jeunes collégiennes se jetant sur un jeune riche, fêlé sur les bord et en plus sado-maso!

Qu’on se le dise une fois pour toute mesdames, la libération sexuelle c’est un mythe!!! Nous, ce qu’on veut, c’est l’amour avec un grand A, toujours, et qu’il nous fasse jouir à en perdre connaissance comme la jeune Anastasia.

 

Oui!, la vérité c’est qu’on est tannée de gérer comme des vraies Germaine la vie de tout le monde pis toute pis toute. On aimerait ça, enfin, l’instant d’une passion, être la «soumise» d’un Christian Grey sans se sentir coupable.

 

Mais peut-être suis-je complètement à côté d’la track et qu’en fait, le fait que ce soit un best-seller planétaire n’est pas le reflet d’une misère sexuelle chez les femmes de notre époque. Mais simplement le besoin d’assouvir une p’tite-vite-littéraire une fois de temps en temps sans trop se casser la tête!!!

 

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Pour rire: Allez donc visionner le vidéo suivant sur Youtube: tapez «amazon mother’s day commercial».

 

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