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La consultation publique exigée par les «environnementeux» n’a jamais eu lieu

Par nathalie-deraspe

Saint-Jérôme dévoile un plan de gestion «révolutionnaire»

Nathalie DeraspeLa ville de Saint-Jérôme a dévoilé lundi les grandes lignes d’une entente tripartite visant la gestion des cours d’eau de son territoire. L’exercice est le résultat de trois ans de travail, effectué en catimini, à l’abri des médias et des «gérants d’estrade».

La capitale régionale est assez chatouilleuse quant aux critiques qui lui sont formulées vis-à-vis de la protection de l’environnement. En 2005, Johanne Cadotte, fondatrice du Regroupement environnemental jérômien, avait dénoncé dans les journaux le saccage de divers milieux humides par des développeurs. La ville avait répliqué par des mises de demeure et une plainte au Conseil de presse. À l’époque, le mutisme de la ville en avait froissé plus d’un. En conférence, le maire Marc Gascon n’a toutefois pas hésité à qualifier ses propres citoyens de «gérants d’estrade». «C’est pas parce qu’on lis un chapitre ou deux dans un livre d’environnement qu’on devient expert», a-t-il lancé au sortir de la conférence de presse à ses détracteurs qui depuis deux ans, le pressaient de questions et s’inquiétaient du développement fulgurant de la ville.

Dans le communiqué émis lundi, Saint-Jérôme affirme que «jamais une ville n’a adopté de normes aussi sévères pour protéger ses plans d’eau». Mais l’entente signée entre le Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs (MDDEP) et la MRC donne les coudées franches à la ville quant à son développement futur. Mieux, le document facilitera la tâche aux promoteurs, qui auront besoin d’un certificat d’autorisation par le MDDEP pour amorcer leurs projets. «Cela évitera le cas par cas», a concédé Jean Rivet, de la direction régionale et de l’expertise de Montréal, Laval, Lanaudière et Laurentides au MDDEP.

Le plan de gestion en question repose sur une étude des cours d’eau et milieux humides de la région effectués par la firme Sagie, un document jalousement gardé par la ville. Notre collègue Charles Côté, de La Presse, devait être entendu à ce sujet le 3 décembre prochain à la Commission d’accès à l’information.

Pas les premiers
«Je ne veux pas être chauvin, confie l’ardent défenseur des milieux humides Tommy Montpetit, mais Longueuil a adopté une politique de protection des rives et du littoral en 2005 qui frôle la perfection.» Selon lui, une dizaine de municipalités en Montérégie seraient sur le point de copier la ville voisine. «Mais il a fallu se battre, poursuit l’environnementaliste. On s’est fait traiter de défenseurs de trous d’eau et de grenouilleurs en plein conseil de ville. Mais on n’est pas des gérants d’estrade, on est des visionnaires.»

Marc-André Durand, porte-parole du Regroupement environnemental jérômien affirme que son mouvement est «plutôt sa-tisfait» de voir le document déposé, mais il rappelle que «le développement durable doit se faire dans une optique démocratique». «Est-ce encore les citoyens qui vont faire en sorte que l’environnement va être protégé ou si ce plan va être réellement suivi?», demande-t-il avec une pointe de scepticisme. Pour le reste, l’organisme préfère étudier à fond le document avant d’émettre tout autre commentaire. «Depuis 10 ou 15 ans, on a beaucoup plus canalisé nos cours d’eau qu’on les a valorisé», a déclaré le directeur de l’urbanisme de Saint-Jérôme, Pierre Ratté. Désormais, la ville entend mettre en valeur ses plans d’eau et milieux humides «lorsque c’est possible».

Et la MRC?

Le préfet de la MRC a invité les autres municipalités à emboîter le pas, promettant que Saint-Colomban allait suivre cette piste. Durant ce temps, des citoyens de Saint-Hippolyte se battent pour restaurer un étang qui a complètement été asséché. Au nord, un milieu humide de Sainte-Anne-des-Lacs a été dévasté par une niveleuse. Dans son plan régional de conservation, Canards Illimités affirme que 50 000 hectares de marécages, marais littoraux et tourbières no sont toujours pas répertoriés.

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