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La prostitution mise à nu

Par Éric-Olivier Dallard


L’Imposture, un film de Ève Lamont

Depuis son lancement aux Rencontres internationales du documentaire (RIDM) à Montréal et à Québec en novembre 2010, L’Imposture a fait une sortie en salle remarquée.

Il a touché, ému, ébranlé, marqué et continue de le faire. Tout au long des semaines où il a tenu l’affiche à Québec (3 semaines au Cartier), à Montréal (4 semaines au Parallèle), en plus d’être présenté dans 8 régions du Québec, les spectateurs ont affirmé que d’entendre la voix de celles qui «dévoilent la face cachée de ce prétendu travail du sexe» a changé leur perception de la prostitution et de celles qui s’y adonnent. Des professionnels et intervenants ont validé les propos tenus dans le film sur l’ampleur des séquelles que laisse cette pratique qui n’a rien d’anodin, malgré sa trop fréquente banalisation dans l’espace publique. Autant les un-e-s que les autres disent que ce film leur a révélé que le choix d’entrer dans la prostitution n’est rien d’autre qu’une absence de choix pour ces femmes.

Le Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale organisé par la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) en mars dernier à l’UQAM se concluait sur un appel criant, lancé par des femmes qui sont sorties de l’industrie du sexe, réclamant pour toutes les femmes « la liberté d’avoir le choix de ne pas être exploitée sexuellement».

«Il y a des mythes persistants dans notre société, comme celui-ci : la prostitution est le plus vieux métier du monde… alors pourquoi ne pas le rendre légal? En effet, bien des gens pensent que la prostitution est un métier comme un autre et en parlent en termes de travail du sexe. Les défenseurs de la prostitution vont même jusqu’à invoquer la richesse, le plaisir sexuel et la liberté pour les femmes. Voilà L’IMPOSTURE», expose Ève Lamont.

Le documentaire L’Imposture tombe à point nommé pour alimenter la réflexion de la population au moment où un débat juridique a cours au Canada (jugement Himel en Ontario) et dans plusieurs pays sur la prostitution, notamment autour de l’idée de sa décriminalisation ou de sa légalisation. Pour une foule d’organismes qui viennent en aide aux femmes et pour qui l’exploitation sexuelle est une des formes de violence envers les femmes qu’ils dénoncent et travaillent à prévenir, le film devient aussi un formidable outil de médiation permettant de rejoindre le public et les acteurs sociaux.

Le film entre donc dans une nouvelle phase de diffusion où une série de projections, présentées surtout dans des cinéclubs, s’intègrent dans les campagnes de mobilisation et de sensibilisation contre la violence faite aux femmes d’une vingtaine de Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), centres de femmes et maisons d’hébergement dans différentes régions du Québec. À la suite des projections, les groupes de femmes animeront des discussions invitant le public et les intervenants de leurs milieux à aborder ensemble la réalité de la prostitution dans toutes ses dimensions.

À Val-Morin, le 8 décembre – Ciné-Marais, en présence de la réalisatrice (Centre des femmes La Colombe).

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