2 février 2021 à 16 heure 19 min |

L’année 2021 sera … blues ?

J’ai de la musique pour toi

Salut Marie-Catherine,

J’ai fait une liste de lecture avec les morceaux que tu m’as recommandés juste avant le temps des fêtes. Je n’avais jamais écouté ni Neil Young, ni Grateful Dead (honte sur moi!), et malgré mes meilleurs efforts, je ne suis jamais parvenu à apprécier Bob Dylan. À part Blowin’ in the Wind. Confession: même Like a Rolling Stone me laisse indifférent.

Quant à The Velvet Underground, j’ai l’impression qu’ils ne font du sens à mon oreille que durant ces soirées sombres teintées d’ivresse, qui se font rares depuis que les bars sont fermés et que les soirées intimes entre amis sont interdites. Et je ne suis jamais parvenu à vraiment aimer The Velvet Underground & Nico (1967), l’album avec la banane d’Andy Warhol dessus.

Mais je dois t’avouer que cette nouvelle liste de lecture est exactement ce dont j’ai besoin pour commencer 2021.

J’adore On the Beach, son rythme lent, sa guitare langoureuse, la voix intime de Neil Young, qui passe de la confidence au cri du coeur. Le rythme d’Althea est faussement débonnaire, mais cache une certaine amertume. C’est un parfait mélange de folk, de blues et de nostalgie.

Les morceaux de Velvet Underground que tu m’as recommandés ne sont guère plus joyeux. Le doux-amer Pale Blue Eyes contient une douceur romantique, mais qui révèle un certain chagrin. Et c’est peut-être, justement, cette mélancolie rassurante qui me plait tant. Oh! Sweet Nuthin’ a un certain désespoir, une vulnérabilité, qui pourrait être l’hymne de tout 2020.

Je ne suis toujours pas sûr si j’aime Bob Dylan. Mais Knockin’ On Heaven’s Door est la finale parfaite pour cette liste de lecture. Courte, simple, sentie. Oh, Sister, qui ouvre la liste, n’est pas mal non plus. C’est une rare occasion où la voix éraillée de Dylan, plutôt qu’être désagréable, rend le morceau plus puissant, plus déchirant, aux côtés de l’harmonica et de la voix d’Emmylou Harris.

L’ensemble a une forte teinte blues, qui est juste à point pour ce mois de janvier sombre, humide, où on ne peut même pas profiter des étoiles à cause du couvre-feu. Idéal pour ce début d’année 2021, qui ressemble déjà trop à une reprise de 2020.

Est-ce que 2021 sera blues? Durant les premiers mois, du moins. Je ne sais pas toi, mais malgré la nouvelle année, je suis habité de mélancolie, de solitude, et d’un sentiment d’impuissance et de vulnérabilité. De nostalgie, aussi. Peut-être cette même nostalgie étrange qu’on a après une rupture douloureuse, nécessaire mais non moins difficile. Après, il ne reste qu’à avancer. Même si le sentier semble sombre, ce n’est qu’en le marchant qu’on peut espérer y trouver de la lumière.

Je te relance avec ma propre liste de lecture. Si les débuts de 2021 seront blues, j’espère personnellement que les mois à venir seront empreints de new wave et de synth pop. Après la déprime de Joy Division, espérons l’énergie électrique de New Order.

Ou peut-être que l’année sera aussi bizarre que Soft Cell? (J’ai vraiment hésité à mettre Sex Dwarf dans la liste. Mais j’ai toujours eu un faible pour ce morceau osé, provocateur, déjanté. Et surtout, j’ai toujours trouvé amusant qu’il apparaisse sur le même album que l’emblématique Tainted Love!)

Je crois aussi, ou plutôt j’espère, que 2021 aura un peu de la frivolité du glam rock, ou de la défiance adolescente du post-punk. C’est pourquoi j’aime tant Roxy Music.

Peut-être, enfin, que du chaos naîtra une certaine harmonie, comme Happiness Is Easy de Talk Talk, qui me rend plus serein à chaque écoute.

Dans tout ça, la mélancolie est encore là. Mais, au moins, elle est teintée d’enthousiasme et de naïveté. On sait à quoi s’attendre, oui, mais raison de plus pour s’amuser sans gêne.