(Photo : HAL, Fonds de la Compagnie Rolland, P001)
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La petite histoire de la Rolland | Partie 1

Par Simon Cordeau

Le nom des Rolland est aussi indissociable de l’histoire des Laurentides, ou presque, que celui du curé Labelle. Petite histoire d’une famille de bâtisseurs, écrite avec l’aide de Mario Fauteux, retraité de la Rolland.

Notre histoire commence en 1842, lorsque Jean-Baptiste Rolland, âgé de 27 ans, fonde à Montréal la première librairie de la province. Il deviendra un personnage influent du Québec de l’époque, siégeant au Conseil municipal de Montréal, nommé sénateur à la Chambre Haute en 1887 pour représenter la division des Milles-Îles, dont Saint-Jérôme faisait partie. Avec deux associés, il fonde aussi la Banque d’Hochelaga en 1874, qui deviendra la Banque Nationale.

Mais s’il nous intéresse ici, c’est qu’à partir de 1872, il cherche une façon de produire du papier lui-même, ici en Amérique, au lieu de l’importer d’Europe au prix fort. Cela mènera à la fondation de La Compagnie de papier Rolland limitée en 1882, avec ses fils Damien et Stanislas-Jean-Baptiste Rolland.

L’influence d’un certain curé

Pour faire fonctionner leur usine, les Rolland ont besoin d’un fort courant d’eau, qui animera toute la machinerie. (À l’époque, il n’y a pas encore d’électricité!) Ils regardent d’abord du côté de Valleyfield, mais une crise économique retarde le projet.

En 1881, un certain curé entend parler des Rolland et de leurs ambitions. Le curé Labelle s’empresse de les visiter à Montréal, pour vanter les mérites de Saint-Jérôme comme site pour établir leur papeterie. La ville est même dotée d’un chemin de fer, depuis 1876!

Convaincus, les Rolland décident d’aller visiter les lieux eux-mêmes quelques jours plus tard. La rivière du Nord est idéale pour leurs besoins. Le curé Labelle négocie avec les propriétaires locaux pour céder les terrains nécessaires à un prix avantageux. Le Conseil municipal, avec Godefroy Laviolette comme maire, offre même une exemption de taxes pendant 25 ans!

La décision est prise. Stanislas-Jean-Baptiste, à 31 ans, occupera la direction de l’usine de Saint-Jérôme. En 1883, la machinerie est installée, et la première feuille de papier fin du Canada est produite.

Saint-Jérôme et S.J.B.

Si vous êtes plus familier avec le père, Jean-Baptiste Rolland, c’est plutôt son fils, Stanislas-Jean-Baptiste (ou S.J.B. pour les intimes) qui aura la plus grande influence sur l’histoire de Saint-Jérôme.

Il siégera d’abord au Conseil municipal avant de devenir maire, de 1893 à 1901. Sous sa gouverne, la ville traverse une époque charnière. La Charte de la ville est écrite en 1895. La gare est construite en 1897. La Chambre de commerce est fondée en 1899 (S.J.B. fera même partie du conseil). Le premier aqueduc en fer est mis en service en 1899. Et la cathédrale est inaugurée en 1900.

Sainte-Adèle et l’expansion

En 1900 toutefois, la North River Lumber & Pulp Cie songe à installer une usine de pâte mécanique en amont de la rivière du Nord, près de Sainte-Adèle. Cela inquiète S.J.B.: le courant de la rivière pourrait être affaibli, ce qui compromettrait son usine.

Que fera-t-il? La suite la semaine prochaine.

Le saviez-vous?

La papeterie de Saint-Jérôme n’utilisait pas de la pulpe de bois pour faire son papier, mais plutôt du coton! Ce seront d’abord des retailles de chemises, produites par les usines de textile de la région, qui alimenteront l’usine. Lorsque les jeans gagneront en popularité durant le 20e siècle, leurs retailles composeront la majorité de la matière brute utilisée pour faire le papier.

Le papier de coton est de meilleure qualité, et plus durable, que le papier fait de pulpe de bois. Jusqu’aux années 1990, la Rolland de Saint-Jérôme produira surtout du papier de prestige, utilisé pour les documents légaux et notariés, entre autres. Dès 1885, son Superfine Linen Record remporte la Médaille d’or à l’Exposition universelle d’Anvers en Belgique.

 

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