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Madame Chartier prend sa retraiteà regret… à 83 ans!

Par Martine Laval


FEMME DU MOIS

Huguette et Réal se sont rencontrés à Joliette à l’âge de 16 ans alors qu’elle était de ce village et qu’il venait y travailler et logeait chez sa tante. Réal Chartier venait de Saint-Sauveur.

 

Les amoureux se marièrent à 20 ans, achetèrent la petite épicerie en face de la maison de la famille Chartier sur la rue Principale en 1952, en firent ce qu’elle est aujourd’hui, tout en fondant leur famille de six enfants, trois garçons, trois filles.

 

L’expérience Chartier, un air de famille

Le Marché Tradition de la Famille Chartier, ou Chez Chartier pour les habitués depuis 60 ans que le magasin existe, est l’épicerie familiale du village de Saint-Sauveur. Venir y faire son marché est un moment bien agréable. Y’a comme un air de famille, tant l’accueil et les rencontres sont amicales. Sauf un qui a choisi de travailler dans un autre domaine, tous les enfants Chartier y sont. Même que les petits-enfants, en âge de travailler, se mettent de la partie. Une a repris la boulangerie et les mets cuisinés, l’autre fait son apprentissage. Et puis, devant le vaste choix de repas cuisinés, de pâtés, de tartes, de desserts selon les recettes de Madame Chartier elle-même, on a une impression d’intimité, comme si on ouvrait la porte du frigo pour voir ce que Maman a cuisiné de bon!

 

«C’est ma vie!»

Depuis 60 ans que l’épicerie est dans la famille, le couple Chartier, dont Monsieur est décédé il y a 11 ans, n’a pas vraiment eu le temps pour autre chose. «Je ne connais pas bien mon village. Je ne sortais pas. Je n’avais qu’à descendre l’escalier pour aller travailler et je remontais pour vivre ma vie de famille. Je n’avais pas le temps vraiment pour autre chose, entre mes six enfants et le magasin.

«Heureusement, tous les enfants ont travaillé au magasin.

 

C’était une bonne façon de savoir où ils étaient et ce qu’ils faisaient!», explique la maman qui tout en gardant un œil sur sa couvée, travaillait à plein temps dans son commerce avec son mari. «C’est ma vie!» répétera-t-elle plusieurs fois au cours de la conversation.

 

Madame Chartier qui travaille encore, emballant les courses, replaçant les choses, avoue toutefois que: «Maintenant que les enfants vont reprendre le nouveau marché d’alimentation qui va ouvrir prochainement, ça va être trop grand! Là je ne me reconnaîtrais pas. Ce sera trop pour moi!», raconte avec un pointe de regret dans la voix Madame Chartier qui a voué sa vie au service des gens

 

Ne pas arrêter

Cette Dame bien mise au regard encore vif et à la pensée claire, trouve que la modernité n’est pas toujours bonne. Celle qui dîne tous les midis avec l’un ou l’autre ou plusieurs de ses enfants et petits-enfants pour lesquels elle cuisine, demeurant depuis toujours et encore à ce jour, juste au-dessus du magasin, trouve que la nouvelle technologie où tout le monde est ensemble sans se parler, trop occupé à prendre ses messages ou texter, n’est pas bien. «Les gens ne se parlent plus» remarque-t-elle. L’ouverture des magasins le dimanche n’a pas été une bonne décision non plus, d’après elle… «Ça a changé la vie de famille.»

 

«En tout cas, l’appartement a peut-être changé depuis que les enfants sont partis et que mon mari est décédé, mais le bruit le soir dans la cuisine est resté le même: celui de la machine à laver, toujours à la même place depuis tout ce temps! Avec 6 enfants, la machine tournait tous les soirs, pensez donc! Maintenant, avec la cuisine du magasin à l’étage, y’a toujours de quoi à laver à la fin de la journée! Ça continue. Y’a des choses qui ne changent pas!»

 

Pas de projet à long terme

«L’important c’est que tout le monde soit en santé. C’est ça le plus beau cadeau», exprime l’arrière-grand-mère de bientôt 14 enfants, la grand-mère de 12 et la mère de six.

Bien qu’elle croit que la longévité vienne du fait de ne jamais arrêter et de toujours avoir des projets, Madame Chartier ne suivra pas dans l’aventure du nouvel IGA avec ses enfants. Maintenant que sa fille a acheté une maison multi-générationnelle où elle aura sa place, éloignée de l’action du travail, la belle petite dame va faire différemment.

 

En attendant, pour la première fois de sa vie, elle prend trois semaines de vacances pour aller aux Îles-de-la-Madeleine. C’est un bon début.

 

 

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